Osman Jérôme

Vers une dépréciation de la radio en Haïti

Crédit photo : Lens Vital pour Music509 online radio
Crédit photo : Lens Vital pour Music509 online radio

La radio est un média important. Je ne vous l’apprends pas. Malgré la grande influence de l’Internet dans le partage et de la consommation de l’information, elle n’a pas pourtant tout perdu de sa valeur en termes d’écoute.

La radio a toujours été un canal de communication très apprécié en Haïti. Il fut un temps, tout ce qui y était dit, était souvent pris comme l’évangile pour les plus naïfs. On faisait du crédit aux travailleurs de la presse.  L’homme de radio était une voix autorisée. Il y avait alors un souci de qualité et d’éthique dans le métier de journaliste.

Néanmoins, depuis quelque temps, une bonne partie de la bande FM haïtienne patauge entre amateurisme et médiocrité. La dégringolade est flagrante. Au point même aujourd’hui, certains se questionnent sur le rôle de la radio dans la société haïtienne.

Faire de la radio en tant que journaliste, chroniqueur, analyste ou animateur, est-ce un simple désir à satisfaire ou une activité professionnelle dont il faut respecter les principes ? Faire de la radio, exige le respect de la déontologie de la profession. Sinon, tout le monde deviendrait journaliste ou animateur de radio, comme c’est presque le cas malheureusement en Haïti aujourd’hui.

Hier, la rue répétait ce qui était dit à la radio. Aujourd’hui les choses ont changé. C’est plutôt la radio qui répète ce qui est dit dans la rue. Aberration !

Disons-le tout net, le souci professionnel paraît-il n’est plus une priorité dans le fonctionnement de beaucoup de stations de radio en Haïti. Et je me permets même d’insister ; faire de la radio, ce n’est pas de l’imaginaire où tout est permis. Il y a une rigueur professionnelle à respecter.

Plus de médiocrité, moins de crédibilité !

D’un temps à l’autre, il faut s’attendre à une anomalie qui vient entraver le fonctionnement professionnel de la radio haïtienne. Quand ce n’est pas l’incompétence de certains journalistes qui abordent des dossiers qu’ils ne maîtrisent pas, ce sont des animateurs d’émissions musicales qui commercent leur crédibilité avec des groupes musicaux, toujours friands de popularité.

Cette problématique est plus récurrente dans le secteur culturel, où on a comme l’impression que chaque animateur de radio défend son propre intérêt ou celui de son groupe favori. Où est l’éthique dans tout ça ?

Autre phénomène inquiétant : le rappeur-animateur. Oui, aujourd’hui en Haïti, le rap est un phénomène de société, un mode de vie. On en reparlera peut-être dans un prochain billet. Des soi-disant rappeurs, en panne d’éducation, envahissent désormais les ondes haïtiennes. Et ils s’autoproclament le titre honorifique d’animateur de radio. Pour dire quoi ?

Pour faire la promotion de leurs débilités artistiques, censurées par certains médias rigoureux, aujourd’hui, nombreux sont les adeptes du rap à se faire passer pour travailleurs de la presse. Quelle presse ? Où ont-ils été formés ? Par où sont-ils  passés pour arriver là ? Demandez-le aux patrons des médias qui leur accordent des heures d’antenne pour venir débiter n’importe quoi aux oreilles des auditeurs.

Journalistes « achetés », animateurs incompétents, informations manipulées, médias partisans, indiscipline professionnelle des uns, extravagance des autres, la liste des reproches faits aujourd’hui aux travailleurs de la presse et ceux de la radiodiffusion en particulier est longue.

Dans la foulée, de nombreuses voix se sont déjà élevées pour dénoncer cette médiocrité qui se propage sur nos ondes. Mais les remarques sont comme tombées dans des oreilles de sourds. Et d’ailleurs comment amener à la raison celui qui ne veut pas entendre.

Des journalistes qui imposent leurs lois

Il y a quelques années un journaliste très célèbre à Port-au-Prince, a voulu « impressionner » un conseil électoral, qui retardait dans la publication des résultats de certains scrutins. Dans son « auguste pouvoir », un  jour, l’homme a pris rendez-vous avec son large auditoire. Il a promis de divulguer les résultats si l’instance électorale ne le faisait pas à telle ou telle date. D’ailleurs, il a laissé croire avoir déjà les résultats en main.

Madame, monsieur, toute une République est en alerte. Vous pouvez imaginer. L’organisme électoral semble ignorer la « menace ». Et, à la surprise générale de tout le monde, l’homme arriva à sa populaire émission sans publier les résultats comme promis.

Dans l’interaction avec le public, face au mécontentement de certains auditeurs, le journaliste s’est tout simplement contenté de dire qu’il avait écouté les conseils de certains amis.

Parfois on se demande, de quel droit ou de quelle couverture, on ne sait pas, certains journalistes haïtiens pensent pouvoir dire n’importe quoi sur n’importe qui, n’importe comment. Récemment à Saint-Marc, j’ai écouté avec peine un journaliste senior connu pour son arrogance provocatrice, mettant en défi les autorités municipales  sur un dossier on ne peut plus brûlant . Le « micro », rendrait-il parfois trop « chef ? ».

De surcroît, actuellement; le sens du professionnalisme, les valeurs radiophoniques se perdent graduellement dans le « superstarisme » de nos journalistes, de nos animateurs d’émissions, vedettes jusqu’au seuil de la provocation.

En dépit de toutes ces observations « négatives », je peux vous garantir que, comme hier, aujourd’hui encore il y a sur les ondes haïtiennes des hommes de micro compétents. Des gens formés pour leur boulot de journaliste.

Alors mes chers amis, pensez à ce que serait le secteur radiophonique haïtien, sans cette minorité de patrons de médias, de journalistes, d’animateurs, de chroniqueurs, d’analystes qui, dans leur travail, se battent pour une presse parlée digne de sa mission.

Osman Jérôme


Champ-de-Mars : le trottoir a son charme

Champ-De-Mars, Port-au-Prince(Haïti) : Crédit photo © Osman Jérôme
Champ-De-Mars, Port-au-Prince(Haïti) : Crédit photo © Osman Jérôme

Nouveau titre, nouvelle destination. Pour ce nouveau billet, je vous emmène avec moi au Champ-de-Mars, quelque part  au cœur de Port-au-Prince. Ici, la vie a son sens. La chaleur humaine est contagieuse. Le divertissement est à revendre. Le charme y est. Tout simplement.

On est samedi. Il est presque 18h. Un groupe de nuage épais défile lentement sous un ciel déjà menaçant. Dans les environs, des petits marchands détaillants s’empressent à vider les lieux, pendant que d’autres s’arrangent à y faire une place. D’ailleurs, Champ-de-Mars doit un peu de sa popularité à cette cadence « san pran souf » (sans arrêt).

À quelque part du commissariat de Port-au-Prince, des petits marchands de tafia prennent position. L’odeur des poulets rôtis embaume l’environnement. Des usagers du transport en commun font des petits groupes. Tout le monde est en alerte d’un klaxon. Destination de Delmas ou de Pétion-Ville, chacun dégage son énergie. Pas de question de manquer une occasion. Un véritable va-et-vient. Mais on dirait bien synchronisé.

Place de Pétion, en face de la Faculté d’Ethnologie. Sac au dos, des jeunes des deux sexes, apparemment étudiants pour la majorité, forment un groupe. Un débat philosophique parait interminable. L’avortement est au centre des échanges. Entre Utilitaristes et Moralistes, les arguments s’affrontent avec parfois une pertinence pointilleuse. Les discussions intellectuelles comme je les aime.

Maintenant, nous sommes à l’angle des rues Magny et Capois. Avec toute la quiétude du roi, un marchand de CD et de DVD piratés, étale ses produits illicites au ras le sol. Sans gêne, le jeune homme à la mine dure, distribue les produits de nos artistes à des prix rabattus.

Tout juste à côté, un sexagénaire, vendeur de diverses sortes de grog local, décore sa table claudicante. Entre-temps,  dans des slogans très à la mode (Resan, Real, Zoe…) deux jeunes aux tenus branchés, encensent le barbu pour la bonne qualité de son « asowosi ».

Entre deux gorgées d’alcool, les deux hommes beuglent et piaffent au rythme endiablé de « Ti Mamoun ». Le dernier tube controversé du moment, diffusé à hauts décibels dans les parages. Satisfaction garantie.

En effet, malgré certains soucis, une étincelle d’espoir se lit sur chaque visage. Une envie de vivre dans chaque conversation. La vie a une autre couleur au Cham-de-Mars.

À la rue Capois, les marchands de produits artisanaux font les dernières ventes. Dans la même zone, avec air insatisfait, un bouquiniste ramasse ses bagages. Peu importe la recette du jour, le rendez-vous est pour demain.

La nuit va bientôt disparaître. Champ-de-Mars connaît une allure pressante. Les ombres du soir attirent au tant de visiteurs que les rayons du soleil.  Cette grande place publique située au cœur de la capitale a donc la particularité d’être toujours en mouvement.

À mesure que les minutes s’égrènent, le ciel devient de plus en plus gris. Mais ça n’inquiète point les visiteurs. Marchandes de fritures, cireurs de bottes, laveurs d’auto, mendiants, à chacun son activité. Comme par nature, j’étais plutôt observateur.

Il est déjà la nuit. J’ai failli de ne pas m’en rendre compte. Petit à petit, toute la place est éclairée. On dirait 10h du matin, tant que le rythme de la vie est bouillonnant ici. Si tout le pays serait ainsi !, soupirai-je.

Il est bientôt 20h. La pluie crache ses premières gouttelettes.  Rue Capois, tout juste en face du Rex Théâtre, sous le lampadaire du coin, j’espère un taxi pour rentre chez moi.

Dans les parages, il se donne un spectacle, digne de la provocation. Tenues aguichantes, gestes séduisants, des jolies demoiselles, pour la plupart dans la vingtaine, étalent ce qu’elles ont de plus vendable pour attirer la clientèle sexuelle du trottoir. Exhibitionnisme, extravagance, excitation, une véritable scène hystérique. Mais en réalité, qui ne dérange point les amoureux du « corps-beau ».

Constatant que, je ne reste pas flegmatique face à leur parade séductrice, l’une d’entre elles décide de me rapprocher. Et sans méandre, elle me lance crûment : « Ou bezwen yon sèvis ?» (Avez-vous besoin d’un service ?).

L’odeur de son parfum, sa démarche assurée sur ses talons, ses boucles d’oreilles, son pendentif qui décore joliment le creux de ses seins, la fille ne porte rien de clinquant. Un véritable patrimoine esthétique qui promène son joli corps sur le trottoir du Champ-de-Mars.

Sous le charme, je n’étais pas prêt à refouler cette sensation de plaisir et de bien-être émotionnel que me procure la seule posture de la gazelle. Mais, malheureusement, le temps de lui répondre, plein comme un œuf, un minibus arrive avec comme destination Nazon-Delmas. Je cours monter à la hâte. Sinon, je risque de rentrer chez moi plus tard que prévu.

Madame, monsieur, amis lecteurs, ici que s’achève notre galante balade au Champ-de-Mars. Merci de m’avoir tenu compagnie. J’espère que ça vous a plu.

À bientôt.

Osman Jérôme 


Facebook, Twitter : quand l’impolitesse tue les réseaux sociaux

Réseaux sociaux (C) pixabay.com
Réseaux sociaux (C) pixabay.com

Le monde progresse. Les sociétés se transforment. Aujourd’hui, l’accès à la communication et à l’information connaît un essor sans précédent. Tout a été révolutionné. Même si ce n’est pas toujours dans le bon sens.

Dorénavant, nous sommes témoins de la puissance et de l’autorité de l’Internet dans le partage des infos. Des intox aussi.

Néanmoins, il faut tout de même reconnaître que, certains problèmes surgissent non à cause de la chose en soi, mais de la façon dont nous l’utilisons. D’ailleurs, le Web social même est une arme à double tranchant.

Les réseaux sociaux

Depuis leur apparition sur Internet, les réseaux sociaux deviennent de plus en plus à la mode. Les internautes en redemandent encore. Comme si l’homme ne sera jamais rassasié de rien.

Avant cette montée en puissance, la communication à distance n’a jamais été aussi gratuite, aussi facile entre les gens des quatre coins du monde. Que celui qui n’en a jamais profité fasse le premier, commentaire sous ce billet.

Pour le meilleur ou/et pour le pire, la révolution des réseaux sociaux n’est pas sans de grandes conséquences dans la vie des utilisateurs.

Pour certains, ces espaces virtuels offrent assez d’opportunités. Ils permettent entre autres de tisser des liens professionnels, rencontrer d’anciens et de nouveaux amis, vendre ses produits, promotionner ses marques… Cependant, d’autres préfèrent les utiliser à d’autres fins perfides, à emmerder la vie des gens. « Pèsekisyon vin tout jan wi» (le mal vient sous toutes formes).

Manifestement, pendant que ces espaces virtuels deviennent de plus en plus nombreux, les communautés en ligne deviennent parallèlement de plus en plus nuisibles, dirait-on. Ou du moins l’usage qu’on en fait. Et, on dirait que, c’est là que le bât blesse.

Facebook, Twitter, Google +, ce sont des réseaux sans classe sociale, sans barrière ethnique, politique, économique. Tout le monde est ami avec tout le monde. Tout le monde suit tout le monde. On se « LIKE », on se « RE-TWEETE », on se COMMENTE. Quoi de mieux que d’harmoniser les relations virtuelles entre gens du Sud et ceux du Nord,  riches et pauvres, Noirs et Blancs, chrétiens protestants et catholiques.

Mais, comme chaque avantage vient souvent avec son lot d’inconvénients, l’utilisation de ces réseaux laisse parfois un goût de regret sur les lèvres de certains. D’autres vont même jusqu’à désactiver leurs comptes.

Beaucoup d’usagers ont en effet profité de ces aubaines technologiques pour s’immiscer maladroitement dans l’intimité des autres. Fouiner dans les affaires de paisibles gens. Souvent, la notion de respect cède sous la pression de l’impudence.

Parfois, on prête à tort aux réseaux sociaux le concept du « Tout est permis ». Du partage de la photo la plus choquante jusqu’à la publication la plus obscène, tout se passe sur la Toile.

Autrefois en Haïti, quand il se produisait un accident de circulation, les premiers arrivés sur les lieux cherchaient tout d’abord à sauver des vies, aider les survivants. Mais aujourd’hui, les gens s’empressent de photographier des corps sans vie, des têtes sans corps pour partager sur Facebook. Un véritable manque d’humanité.

Tweet grivois. Publication banale. Nous sommes voici exposés à une forte dose d’impolitesse qui pollue sérieusement les géants des réseaux sociaux, dont  Facebook et Twitter où certains cherchent par tous les moyens à se faire un nom, une notoriété.

On veut tous faire bonne impression, mais beaucoup ne savent vraiment pas comment y arriver. Entre précipitation, maladresse et irrespect, parfois les individus n’ont plus de limites.

 « Moi, une chose que je déteste, c’est le manque d’éducation dont font preuve certains hommes rencontrés sur les réseaux sociaux. Sans aucune galanterie, dès la première communication avec le type, déjà il vous appelle ma chérie, mon cœur,  mon amour. Quelle familiarité hein ! », peste Anne Pierre. Cette jeune étudiante en médecine déjà victime de propos déplacés de certains individus,affirme avoir déjà retiré plusieurs noms dans sa liste d’amis sur Facebook.

« Récemment j’ai eu chaud avec ma fiancée. Sur Facebook, elle est tombée sur le compte d’une demoiselle ayant utilisé ma photo comme page de couverture. Certes, je connais l’amie en question dans la vraie vie, mais elle a agi sans que je le sache. Et d’ailleurs à quelle fin elle a dû faire ça ? Rien n’existe rien entre nous, se plaint amèrement James Étienne.

« Sans tenir compte de vos valeurs morales, de vos appartenances religieuses, sans votre avis, on vous met dans n’importe quel groupe. On vous identifie dans n’importe quelle cochonnerie »,  fulmine pour sa part Ricardo Jules. On m’envoie souvent des invitations pour « liker » certaines pages au contenu choquant et parfois carrément pornographique. Quelle indécence ! ». Ce futur psychologue estime que ces types de comportement nuisent à la santé mentale des gens.

Contrairement au réseau bleu de Facebook, les écarts semblent bien moins récurrents sur les ailes du petit oiseau de Twitter. N’empêche qu’à titre personnel, j’ai été  déjà victime à plusieurs reprises du manque d’intolérance de certains abonnés. Des internautes qui digèrent mal que votre opinion diffère de leur point de vue dans un échange.

Certes les réseaux sociaux favorisent la communication, mais si certains ont intelligemment profité de ces opportunités offertes gratuitement par ces communautés virtuelles d’autres préfèrent aller dans la mauvaise direction. Bon, il faut de tout pour faire un monde. Non, pardon, un réseau social.

Maintenant, à vous donc de choisir : avec qui échanger dans ce petit monde virtuel où nous sommes appelés à vivre. Cette communauté du bien et du mal, du laid et du beau.

Osman Jérôme


T-Vice VS Djakout #1, de plus en plus minable

Shabba de Djakout # 1 et Roberto de T-Vice/Crédit photo: https://ilovekonpa.com/?p=2402
Shabba de Djakout # 1 et Roberto de T-Vice/Crédit photo: https://ilovekonpa.com/?p=2402

La grille de programmation de certaines stations de radio et de télévision connaît quelques légères modifications. Petite trêve de chansons d’amour et de « Kompa love ». Les ondes haïtiennes sont plutôt actuellement aux airs carnavalesques.

Plusieurs dizaines de titres sont déjà en rotation. Musiciens, fanatiques, membres de la presse culturelle, sponsors, c’est toute une industrie musicale haïtienne qui est en branle. « Topiteur » de nature, mon ami Nelson a déjà présenté son top 5 des meilleures méringues du moment. 

Cette année, contrairement aux saisons précédentes, pour une raison ou une autre, je ne suis pas trop branché carnaval. Pour preuve, jusqu’à date, je n’ai pas encore auditionné une dizaine de morceaux. Ça ne me tente pas trop.

Depuis la nuit des temps, la polémique (entre les groupes) a toujours été une spécificité de la musique haïtienne. Au début, on a eu droit à une polémique musicale productive. La créativité était dans l’ensemble, la principale arme d’attaque et de défense. Les protagonistes cultivaient entre autres le sens du respect mutuel. Malgré quelques petits passages regrettables, DP VS Scorpio est une belle référence à ce niveau.

T-Vice VS Djakout Mizik 

À tort ou à raison, depuis quelques années, on considère T-Vice et Djakout Mizik (aujourd’hui Djakout #1) comme les deux principaux compétiteurs du carnaval haïtien. Notamment pour le secteur Kompa Direct. Pas de carnaval sans eux ? Ils ont le secret du macadam ? Cependant, à force d’être adulés, les musiciens des deux bandes se versent depuis quelques temps dans une inertie musicale qui scandalise. Aujourd’hui, dans ce vide artistique, ils se croient pouvoir tout permettre, tout faire, tout produire comme chanson carnavalesque.

De carnaval en carnaval, cette compétition entre les deux groupes perd en créativité et en qualité. En panne d’inspiration, les compositeurs deviennent débiles dans leurs œuvres. Désormais, le challenge laisse le côté musical pour traverser brutalement les frontières intimes des uns et des autres. Les amants des « insolites » ne redemandent que ça. Mais, ces incartades offusquent au plus point les puristes de la bonne musique, les nostalgiques des bons moments du carnaval haïtien.

Et, à qui veut l’entendre, cette chute aux abîmes de la médiocrité que connaissent les deux groupes durant la période du carnaval n’est pas en effet sans la complicité d’une bonne partie de la presse culturelle locale, souvent trop clémente. Peu, sont les quelques animateurs de radio, critiques d’art, osant critiquer objectivement ou censurer les musiquettes de ces deux géants de la musique haïtienne.

T-Vice et Djakout #1 sont-ils les deux groupes Kompa à produire durant ces dernières années les meilleurs tubes carnavalesques ? Ont-ils toujours les meilleures prestations des trois jours gras ? Les fanatiques vous diront OUI. Certains membres de la presse en manque d’analyse contribuent à ériger cette perception au tour des deux groupes. Faveur dont ils ne méritent plus depuis quelques temps, si l’on se réfère évidemment à la qualité de la marchandise.

Entre-temps, d’autres jeunes formations musicales, étiquetées de « petits groupes » font valoir leurs potentialités musicales. Mais hélas, elles ne peuvent pas bénéficier d’une promotion considérable. Car ce privilège médiatique est  plutôt fait pour les grosses cylindrées que sont Djakout #1, T-Vice et autres.

« Avili yo » VS « Skandal » : un bel hommage au ridicule 

Comme le veut la tradition, vieille de plus d’une décennie, cette année encore, les meringues de T-Vice et de Djakout #1 étaient des plus attendues. Sincèrement, une autre fois, l’attente ne valait point la peine. Du moins de mon point de vue personnel.

« Avili yo» de la bande à Roro et « Skandal » des frères Martino ; deux textes pauvrement inspirés, dénués de toute beauté artistique. Pour ce que représentent les deux groupes sur l’échiquier musical haïtien, encore plus pour le carnaval, c’est du gros n’importe quoi donc. Véritable insulte à la créativité.

L’art est créatif. Et la créativité est une preuve d’intelligence. À ce niveau, pour une énième fois, Djakout #1 et T-Vice « bwè pwa ». La productivité est crucifiée sur l’autel de la facilité. Refrains plats, solos prévisibles, les deux titres ne font pas de poids. Carence aigüe d’imagination à tous les niveaux. Débilité totale.

Avec leur statut honorifique de « mèt beton » et de « djaz peyi », T-Vice et Djakout #1 pensent donc pouvoir offrir n’importe quoi au public. Désormais, opinent certains observateurs, le souci musical n’est plus la priorité des musiciens. Tout le monde s’envole audacieusement sur les ailes de la facilité. Monotonie insupportable.

S’ils se sentent impuissants, qu’ils (T-Vice et Djakout #1) renoncent publiquement à cette vaine polémique, qui caresse de plus en plus les contours de la nullité en termes d’invention. Très minable à mon goût.

Cette année encore, tout ce qu’on peut dire; la bataille musicale entre Djakout #1 et T-Vice est un véritable flop. Allez revoir vos notes les gars, rendez-vous à l’année prochaine 🙂

Osman Jérôme 


Haïti : telle société, telle jeunesse (Suite et fin)

Le parlement Jeunesse d'Haïti. Crédit photo : https://espacinsular.org
Le parlement Jeunesse d’Haïti. Crédit photo : https://espacinsular.org

Une jeunesse éduquée, formée, encadrée, est comme une valeur suprême de toute société progressiste. Car elle assure non seulement la construction démocratique et participative de la société, mais aussi sa productivité et son bien-être collectif.

Dans la première partie de cette réflexion, nous avons évoqué la triste réalité d’une jeune haïtienne exclue, larguée par la société elle-même. Société  qui devrait plutôt la surveiller, dit-on. À ce manque d’encadrement, il est donc évident qu’on a des jeunes qui s’engouffrent dans des pratiques interdites par la morale.

Cependant,  en dépit de ce sombre tableau, il y a encore des jeunes sur qui le pays peut toujours car comme on le dit si bien : « La jeunesse est l’avenir du pays ». Maintenant, comment y parvenir ?

Les sociétés qui investissent dans la formation des jeunes sont appelées à connaître de grands progrès à tous les niveaux (technologique, économique, sociologique, politique…). Pour ainsi dire, le niveau socio-économique dont Haïti a  besoin, ne sera jamais effectif sans un investissement adéquat dans les capacités des jeunes.

La société haïtienne est face à de nombreux défis sociopolitiques. Les jeunes ont leur partition à jouer. Il suffit de les encadrer..

Education : la jeunesse est une force sociale importante et fondamentale pour contribuer au développement du monde. L’accomplissement de cette tâche ne sera pas possible sans une éducation adaptée. Une éducation qui répond, non seulement aux besoins des jeunes, sinon aussi aux nécessités de la société qu’ils appartiennent.

Désormais, le jeune Haïtien doit recevoir un enseignement de qualité. Celui qui lui permet de développer ses capacités. Avoir pleine conscience de ses droits et de ses devoirs. Ainsi, nous aurons une jeunesse qui prendra une part active dans la construction collective de cette société démocratique, productive, compétitive qui a longtemps manqué à Haïti.

Formation : en termes de formation des jeunes (en Haïti comme à l’étranger), l’État haïtien n’investit presque pas. Or dans toute société qui se respecte, la formation (académique) des jeunes est l’une des plus grandes priorités de l’État. Si ce n’est pas la première. Mais ici, on s’en moque royalement.

Dans le cadre de certains partenariats avec des ambassades et des organisations non gouvernementales (ONG) à Port-au-Prince, certains jeunes sont parfois bénéficiaires des bourses d’études à l’étranger. Souvent, quand il est question de trouver l’appui de l’État haïtien au cours de leurs études ou pour s’intégrer sur le marché local après leur formation, c’est vraiment la déception pour eux.

Des boursiers à Cuba peuvent donc en témoigner. Nos chefs n’assument pas leurs responsabilités en ce sens. Comme si les revenus de l’État sont là seulement pour garantir leur confort et celui de leurs familles.

En effet, former des citoyens socialement responsables et intégrés, voilà ce qui est une garantie d’un meilleur demain pour la société. Il n’est pas trop tard aux dirigeants haïtiens de s’en rendre compte et faire le nécessaire. Il suffit de faire la formation des jeunes une priorité. Et croyez-moi sur parole messieurs les politiciens, tôt ou tard, le pays récoltera les fruits de cet investissement intelligent.

Emploi : ce n’est pas un secret, le chômage s’installe confortablement dans le salon de la société haïtienne. Et les jeunes sont les plus touchés par ce manque de travail. Récemment, on a estimé qu’il y a environ « 150 000 jeunes qui font leur entrée chaque année sur le marché du travail dans le pays. Pourtant, il n’y a pas vraiment de perspectives d’emploi ».

Malgré certains efforts, la situation reste criante. Et selon certains observateurs, ce fléau qu’on appelle « chômage », serait à la base de beaucoup de scènes de violence et de délinquance enregistrées ces derniers temps dans le pays. Donc, une vraie politique d’emploi est urgente aujourd’hui en Haïti.

Loisir : « Quand on n’a pas ce qu’on aime, on aime ce qu’on a ». Les centres de recherche et de lecture, les lieux de loisirs « saints » se font de plus en rare. Notamment à Port-au-Prince. Depuis quelques temps, nous avons une capitale haïtienne sans cinéma. Bref ! Comme la nature a horreur du vide, en lieu et place des choses de l’esprit, les jeunes se « tuent moralement » dans les « After School », les « Ti sourit ». On est désolé de voir  avec quel engouement des sponsors investissent dans ces activités aux retombées négatives pour la société.

En vue de cette société éduquée, formée, « éclairée » qu’on espère pour Haïti, il est d’urgence de repenser ce qu’on doit offrir aux jeunes en termes de divertissement.

Je n’ai pas tout mentionné. Mais ces 4 éléments peuvent servir de base pour une intégration des jeunes dans la vie sociale du pays. L’éducation, la formation, l’emploi, loisir sont entre autres des facteurs importants à prendre en charge, si on veut offrir aux jeunes des moyens et des espaces adéquats pour développer leurs potentialités. Concrétiser leurs rêves. Et les permettre aussi de mener une vie digne de leur âge et assumer leurs responsabilités (citoyennes) avec un niveau d’étique sociale et morale. Et comme résultat, on aura une jeunesse forte, consciente, responsable de ses actes. Donc, une jeunesse productive, une société compétitive.

À qui veut l’entendre, pour le meilleur ou pour le pire, en plus de représenter plus de la moitié de la population active, la jeunesse représente une valeur sociale de cruciale importance en Haïti. Voilà  donc l’intérêt, l’urgence de l’encadrer, de l’intégrer le plus vite qu’il soit.

Osman Jérôme 


Haïti : telle société, telle jeunesse (Partie 1)

Crédit photo : https://www.ayitikaleje.org
Crédit photo : https://www.ayitikaleje.org

Tant vaut la jeunesse, tant vaut la société. À chaque société, sa jeunesse. Et à chaque jeunesse, ses modèles, ses styles, ses qualités, ses dérives aussi. Il doit être ainsi dans tous les pays du monde?

Qu’on le clame incessamment dans les médias. Qu’on le ronchonne entre amis, la spirale descendante que prend depuis quelques temps la jeunesse haïtienne, est alarmante.  Et, qui pis est, d’une manière ou d’une autre, la société aurait contribué activement à pousser les jeunes aux abysses de cette dépravation sans précédent.

Les années se suivent et malheureusement se ressemblent pour une jeunesse haïtienne, toujours en pleine crise d’identité. Au mépris de tout ce qui a rapport avec l’éducation et la formation, certains (les jeunes) se forgent un mode de vie, dont  la fumée des cigarettes, l’odeur de l’alcool, les beats des DJ, la marque et le prix des fringues sont les valeurs de noblesse. Hélas !

Aujourd’hui, l’immoralité au milieu de ces jeunes semble atteindre son niveau record. Pour ce qui est de la déviance sociale, c’est la hausse continue. Le phénomène « zokiki » et l’imbattable « rabòday » peuvent donc en témoigner.

Loin de tout encadrement adéquat, désormais, la jeunesse est perçue comme un danger social en Haïti. De gouvernement en gouvernement, cette tranche importante de la population, à ma connaissance, n’est jamais bénéficiaire d’aucun programme politique. Au contraire, elle est plutôt victime de politique d’exclusion et de discrimination. Honte !

La nature a horreur du vide. En panne de repères, de bons modèles d’exemple, nos jeunes s’accrochent à tout ce que la « société » leur offre.  Manipulée, exclue, larguée, laissée pour contre, nous avons désormais une jeunesse qui se cherche plutôt dans les lyrics malsains des rappeurs, dans les refrains obscènes de nos faiseurs de tubes dans les réalités fantasmagoriques des feuilletons télévisés.

Société irresponsable ?

Dans un dynamisme de socialisation continue, l’encadrement de l’individu doit être pris en charge par la société elle-même. À ce niveau, où en sommes-nous en Haïti ? « Gran moun yo echwe » (les adultes ont échoué), ont pesté les détracteurs.

La famille, l’école, l’église, l’État, les institutions responsables ont pratiquement failli à leur mission de socialiser, d’éduquer, de former, d’encadrer les jeunes.

En effet, reprocher à la jeunesse haïtienne d’être « dejwe » (déviante), sans mettre en cause l’implication de la société elle-même, serait illusoire. D’ailleurs, la triste réputation dont elle jouit aujourd’hui, traduit tout simplement l’expression d’une société moralement débile, bornée dans tous les sens, estiment certains observateurs. D’autres plus tranchants y voient aussi le profil d’une société cloisonnée par un système « anti-jeune ».

Mais en réalité, qu’est-ce qu’on offre à cette jeunesse pour lui conscientiser de ses potentialités, de ses responsabilités dans l’organisation de la société demain ? Préparer cet avenir qui lui appartient, et qu’elle est appelée à construire dès maintenant? Les tentatives de réponse peuvent être abondantes.

Aujourd’hui, nous avons une société haïtienne où les gens s’investissent plus dans les boîtes de nuit, dans le matraquage publicitaire pour l’alcool et la cigarette, au lieu de construire des bibliothèques, des librairies, des centres de recherches intellectuelles.

Sur les trottoirs, les « ti boutèy plat » (boissons alcoolisées) laissent peu de place aux bouquins. Et voilà les alternatives offertes à une jeunesse plutôt friande de la débauche.

À défaut d’une vraie politique d’encadrement et d’intégration, que doit-on espérer de positif de la jeunesse ? N’allons pas chercher l’odeur du café dans une tasse de chocolat. Quand la barque n’a pas de gouvernail, elle prend souvent la direction du vent qui l’emmène. Et très souvent, ça se termine par une catastrophe.

Que faire ?

En dépit de tout, il y a quand même une bougie d’espoir qui s’allume à l’horizon. L’exception confirmera toujours la règle. Il existe une minorité de cette jeunesse qui tente de faire la différence. Oui, une portion qui lutte toujours pour la réussite professionnelle en dépit des obstacles de toutes sortes. Des jeunes conscients, soucieux, opiniâtres, sachant qu’ils doivent travailler au profit de ce pays qui ne doit pas mourir. Maintenant, quel modèle de politique pour les encadrer ?

Et voilà un empêchement majeur ; les jeunes éduqués se heurtent souvent contre un système qui ne favorise pas leur pleine intégration dans les affaires du pays. Donc, nous sommes face à une plaie sociétale qu’il faut rapidement cicatriser.

Dans la suite de cette réflexion, nous allons essayer de proposer quelques points qui peuvent servir de facteurs d’intégration des jeunes dans cette société dont ils sont acteurs.

À bientôt !

Osman Jérôme 


Lettre à une Haïtienne qui veut étudier en République Dominicaine

Lettre écrite à la main (c) pixabay.com
Lettre écrite à la main (c) pixabay.com

Chère Pauline,

Je sais que la température de ta patience a grandement chuté. Cette lettre arrive avec un peu de retard. Ce n’était pas voulu en tout cas. Je me suis donné plutôt de la peine de trouver toutes les informations nécessaires relatives à tes démarches.

En effet, lors de mon récent séjour en Haïti, comme beaucoup d’autres amis, tu m’as parlé de ton ambition d’abandonner le pays pour aller étudier quelque part. Après l’échec de ton projet pour le Brésil, tu tournes vers la République dominicaine. Bon, vu que tu as déjà échoué à deux reprises aux concours de la Faculté de Médecine de l’Université d’État d’Haïti (UEH), dont la capacité d’accueil est loin, très loin de répondre à la demande, je pense que ce n’est pas du tout mal comme perspective.  Voir que certains racontars feraient croire que, les universités privées dominicaines payent moins chères que celles d’Haïti.

En fait, comme promis, malgré cette petite lenteur, je m’empresse de te faire parvenir cette missive, le temps de t’expliquer approximativement, ce qui t’attend ici en tant qu’étudiante étrangère.  Encore plus une Haïtienne. Car, être étudiant haïtien en République dominicaine a un prix.

Bon, puisque tu connais déjà les démarches préliminaires (une première légalisation de tes documents en Haïti, le processus pour l’obtention du visa…), maintenant, essayons de voir en bref la réalité une fois sur le sol voisin.

Tout d’abord, le prix des appartements ou d’une chambre dans une « pension » varie en fonction de la ville et de la zone de la ville où tu souhaites résider. Tu as jeté ton dévolu sur Santiago. Un choix intelligent. Puisqu’ici, c’est le bastion des étudiants haïtiens en RD. À Santiago, je dois te le dire, trouver une chambre unique n’est pas trop facile. Le montant des appartements va de 6000 pesos à x. Et, en payant le premier mois, certains propriétaires te réclameront aussi de l’argent pour un ou deux mois d’avance. Ici, ça s’appelle « deposito ». Une forme de garantie en cas où à la longue tu serais en difficulté d’acquitter un paiement. Mais, ne t’en fais pas trop, on te remboursera cette somme quand tu décides de laisser la maison.

Comme tous ceux qui ont fait leurs études classiques en Haïti, tu as passé au moins sept ans à apprendre l’espagnol. À apprendre quelques notions des règles de l’espagnol pour être plus précis. Sans vouloir dire que ce fut un temps gaspillé, désolé, ça ne te sera pas suffi pour assister aux cours. Tu vas devoir donc te faire inscrire à un cours d’espagnol, où on va t’inculquer certaines notions de base. Mais, je te préviens que, le mieux sera de pratiquer avec de nouveaux amis (haïtiens et/ou dominicains), que tu vas avoir sans doute. Je te connais de cette sympathie contagieuse.

Quand tu te sens plus ou moins apte avec la langue, la prochaine étape sera de te faire inscrire au centre universitaire de ton choix. Mais avant d’y arriver, tu dois légaliser à nouveau tes documents (diplômes et relevés de notes des BAC I et II et acte de naissance). Moi, je me rappelle avoir payé US $ 250 pour ce processus. Mais maintenant, le prix est élevé. Et selon les dernières infos dont je dispose, cela coûte environ US $ 350. Je te promets de te référer à une bonne agence, car les « racketeurs » sont dans la ville. Une femme avertie, en vaut deux 🙂

À UTESA (Université Technologique de Santiago) que tu as convoitée pour tes études, le Dominicain paie environ 2000/2500 pesos pour sa première inscription, suivant la carrière. Toi, tu débourseras US $ 200. Et à chaque nouveau cycle, tu dois payer une nouvelle inscription. Cette fois-ci, c’est le même montant que tout le monde.

Comme je te l’ai déjà raconté, je ne peux pas trop te dire pour ce qui est du montant à verser par mois. Car c’est un système de crédit. Cela va dépendre donc de la quantité de cours que tu vas sélectionner par période.

À l’université : ta grande première remarque sera sans doute aux bâtiments où sont logées les salles de classe. C’est contrairement de chez nous où  n’importe chambre mal aérée sert d’école. Ici, y a au moins des structures qui sont mises en place. Ces genres de construction répondent à des normes. La capacité d’accueil de chaque salle est contrôlée. Certaines sont physiquement équipées pour des expositions, conférences entre autres.

Et sur le plan administratif, tout est informatisé. Pour le choix de tes cours, tu n’auras pas besoin de venir à l’école faire une longue file. Où que tu sois, désormais, tu seras capable à tous moments de vérifier tes notes, modifier la présélection de tes cours, entre autres.

D’un autre côté, des labos de chimie, de bio, tu en auras dès tes premières sessions à la Faculté de Médecine de UTESA.

Ce sont en effet un minimum pour toutes les universités qui se respectent. Mais cela reste encore un déficit de développement, pour le système éducatif haïtien qui semble jurer sa fidélité à l’archaïsme. Quel dommage !

La note moyenne requise dans la majorité des universités est 70/100. Connaissant tes capacités, je ne m’inquiète pas quant à tes résultats académiques. D’ailleurs le niveau n’est pas si élevé que ça ici.  Pour nous qui sommes habitués au dur système éducatif haïtien (bourrage de crâne), tu verras aux débuts que c’est du jeu. Par contre, prépare-toi à faire face à certains professeurs qui, pour masquer leurs défiances pédagogiques, se montreront exigeants. Quant au challenge avec les autres étudiants, tu t’en sortiras bien. J’en suis sûr hein.

Tu dois attendre à être la cible des comportements racistes de certains professeurs dominicains « anti-haïtiens ». Être ridiculisée même par tes collègues étudiants quand tu ne prononces pas bien certaines expressions espagnoles. Cependant, au milieu de tout ça, tes potentialités seront des atouts pour attirer la compagnie de quelques étudiants et profs.

Une session de classe dure au moins 4 mois ici.  Mais l’immigration dominicaine semble n’en tenir pas compte. Car, depuis quelques temps, tout étranger, non pardon ; tout Haïtien, passant plus d’un mois en République dominicaine est contraint de payer une somme au service de l’immigration dominicaine quand il rentre dans son pays. Plus d’un mois, 800 pesos, plus de 3 mois, 1000 pesos…Tant que le séjour est plus long, tant que le montant est élevé. Scandale ? Mesure discriminatoire ? À toi donc de savoir si tu vas rentrer chaque mois en Haïti ou payer les frais réclamés suivant la durée de ton séjour. « Dura lex, sed lex », diraient les hommes de lois.

Je ne veux pas terminer ce billet, sans te prévenir que, la République dominicaine est un beau pays « Open à la débauche ». La « cerveza » et la « Bachata » sont tout ce qui compte pour certaines personnes ici. D’ailleurs, le peuple même, est un fidèle abonné au plaisir mondain. Prends garde à toi de ne pas tomber dans ce piège. Car, je connais plusieurs compatriotes qui ont déjà troqué leurs livres au profit d’une maîtrise dans les boites de nuit ou dans les « cabañas ».

Comme tu es coquette, ta beauté va sans doute faire saliver beaucoup de Dominicains. Ces derniers qui adorent coucher avec les Haïtiennes, dit-on. Mais sois prudente, car ta beauté ne sera pas une interdiction pour que tu ne sois pas traitée de « Maldita Haitiana ». Et ce, même par celui avec qui tu es en relation amoureuse.

Tu es tatillonne. Je le sais. Je n’ai pas tout dit. Mais, j’espère t’avoir fourni les détails nécessaires. Que cette lettre puisse t’aider dans tes démarches. Qu’elle te soit aussi une psychoprophylaxie pour ton éventuelle adaptation en République dominicaine. Si tu as encore d’autres soucis, n’hésite surtout pas à me contacter.

À l’espoir de te voir ici sous peu, déjà je te dis : « Bienvenidos y hasta pronto» !

Osman Jérôme


Quand je marche dans la vallée de l’Artibonite

Savane désolée-Crédit photo: Osman Jérôme
Savane désolée-Crédit photo: Osman Jérôme

Haïti, géographiquement, c’est 27 750 km2 reparties en 10 départements. Chaque département a ses cotations et ses potentialités. En termes de superficie et de population, l’Artibonite, dont la production rizicole a fait la célébrité, est l’un des plus vastes. Si ce n’est pas le plus grand ?

Avec ces 5 arrondissements divisés en 15 communes, il représente l’une des plus importantes régions de la République sur le plan socio-historique. On y retrouve entre autres la ville des Gonaïves (Cité de l’Indépendance), la maison de Claire Heureuse et de Jean Jacques Dessalines à Marchand Dessalines, le Fort de la Crête à Pierrot et le Palais 365 portes à Petite Rivière de l’Artibonite…les vestiges historiques sont partout ici.

Cependant, depuis quelques temps, le département, à l’instar de certaines autres parties du pays, semble être victime du regard  « kite’l mache » (méprisant) des autorités, qui ne savent toujours pas de quoi faire leurs priorités.

Les réserves agricoles  de la plaine ne sont plus les mêmes.  Les potentialités touristiques sont laissées au mépris. Les ressources naturelles sont loin d’être exploitées. D’où me viennent certaines inquiétudes, quand je promène dans la vallée de l’Artibonite:

Quand je marche dans la vallée de l’Artibonite, de Saint-Marc aux Gonaïves, passagers et chauffeurs ne peuvent pas trop se plaindre pour le trajet. Le tronçon est de bonne qualité. Mais, il n’y a pas même un poste de police de circulation sur la route nationale #1. Route nationale #1, j’ai bien dit hein. Les conducteurs roulent au gré de leur urgence.

Quand je marche dans la vallée de l’Artibonite, je suis désolé de voir que la couverture végétale est considérablement réduite. Les sommets des montagnes perdent leur beauté verdoyante. Souffrant de calvitie, les montagnes ne servent presque plus à la production de cacao, du café…Elles sont livrées à la solitude. Donc, le paysage n’est plus reposé dans de verts pâturages.

Quand je marche dans la vallée de l’Artibonite, à quelques pas de la Cité de l’Indépendance, j’observe que la « Savane désolée » pleure encore.  Elle n’est jamais mise en valeur. Pourtant, ce vaste champ servirait bien à construire un stade de foot, un complexe sportif, un parc industriel…

Quand je marche dans la vallée de l’Artibonite, les rivières, les collines dressent devant moi l’esthétique de l’inélégance. Elles sont joliment remplies d’herbes et de déchets. Y a une nécessité d’irrigation. La plaine souffre souvent d’un déficit hydrique, notamment dans les saisons de sécheresse. Les paysans, les cultivateurs sont donc livrés à eux-mêmes. Ils s’adonnent désespérément à des terres qui ne produisent presque plus.

Quand je marche dans la vallée de l’Artibonite, je suis peiné de voir que les rues, les trottoirs servent désormais de marchés improvisés. A Pierre Peyen, à Saint-Marc, à l’Estère, aux Gonaïves, c’est le même constat : les commerçantes et commerçants étalent leurs marchandises à la poussière du sol. Insalubrité garantie !

Des marchandes sur les trottoirs aux Gonaives (Opoto)-Crédit photo: Osman Jérome
Des marchandes sur les trottoirs aux Gonaives (Opoto)-Crédit photo: Osman Jérome

Quand je marche dans la vallée de l’Artibonite, je trouve que les gens ne se divorcent jamais des pratiques de la magie. Les carrefours sont toujours décorés de cruches, de petites chaises en paille, de bougies, d’assiettes…L’Artibonitien (Haïtien), même s’il se dit être chrétien protestant ou catholique, est un abonné des péristyles des hougans. Pour gagner une partie de foot, un combat de coq, un prêtre vodou doit être consulté. L’Artibonitien authentique ne prend rien à la futilité. Même une douleur aux pieds 🙂

Quand je marche dans la vallée de l’Artibonite, j’ai appris que les vieux conflits terriens divisent encore la grande famille artibonitienne. À Marchand Dessalines ou à Petite Rivière de l’Artibonite, les hectares de terre mal distribués sont susceptibles à faire sauter des maisonnettes en fumée, ôter la vie à des gens de manière gratuite.

Quand je marche dans la vallée de l’Artibonite, je me rends compte que l’électricité reste toujours un produit de luxe pour la grande partie de la population. Ça ne dit rien aux responsables de l’ED’H que les abonnés continuent à payer un service dont ils ne perçoivent presque pas l’odeur.

Quand je marche dans la vallée de l’Artibonite, j’ai vu et même trop vu. Il manque au département, cette politique de redressement socio-économique qui, bien évidemment doit s’appuyer sur la mise en valeur des ressources agricoles, des potentialités touristiques et historiques disponibles. Malheureusement, tel n’est pas encore la priorité des représentants régionaux.

Osman Jérôme


La Caraïbe, à la mode de Noël

La Caraïbe, à la mode de Noël (C) pixabay.com
La Caraïbe, à la mode de Noël (C) pixabay.com

Entre mythes et traditions. De la Guadeloupe à Haïti, passant par la Martinique, et voilà comment le Père Noël est reçu dans la Grande Caraïbe.

AxelleKaulanjan

Début décembre, à mon arrivée en Haïti avec Bébé, sur la route de Bourdon, vers Pétion-Ville, seul signe que Noël approche, ces petits arbres secs, dépourvus de feuilles, peints en blanc, les pieds coulés dans un petit pot de « Ti Malice »* rempli de béton. L’année dernière déjà, j’avais remarqué cet arbre de Noël, symbolique, à mon sens, de la résilience typiquement haïtienne. Cette année donc, pas de sapin, mais cet « arbre-de-Noël-choléra », comme l’a surnommé un des amis de Monsieur, en voyant la photo de notre arbre décoré. Avec ce côté frêle, presque chétif, mais en même temps si bien décoré et apprêté avec tous les atours habituels d’un sapin européen, cet arbre à lui seul symbolise, à mes yeux, cette situation de bigidi**, toujours entre deux des pays caribéens. Seuls changent les fards.—

*Ti Malice est une marque de beurre haïtien reconnaissable à ses gros pots jaunes.

** Le bigidi est un concept mis en valeur par la chorégraphe guadeloupéenne Léna Blou qui, ayant observé les positions récurrentes des danseurs de gwo-ka, a observé que « (…)c’est comme si le corps était vrillé, fixé sur son ancrage personnel, repère infaillible de son identité intrinsèque et que d’emblée avec une apparente facilité, il pouvait exceller dans l’art du déséquilibre, grâce à ce verrou de sécurité qui le maintenait debout même si il était disparate. » https://fr.lenablou.fr/fr/Lenablou/le-bigidi.html

Berliniquais

Décembre à Paris, c’est le moment où la Ville-Lumière mérite plus que jamais son resplendissant surnom. Les illuminations de Noël, ce n’est certes pas ça qui manque ici. Mais alors où est la musique ? Où sont les cantiques ? En Martinique, à peine les bougies de la Toussaint se sont-elles consumées dans les cimetières que toute l’île entonne des cantiques pratiquement sans interruption jusqu’à la veillée de Noël, huit semaines plus tard. Mais pas ici.

Perdu dans mes pensées, je monte dans une rame de métro bruyante et brinquebalante à la station Bonne Nouvelle. Bonne Nouvelle, dites-vous ? Tiens donc… Le vacarme des freins, des portes et des voyageurs surmenés s’évanouit. J’entends le cri-cri lointain des grillons. La température monte. Les néons blafards laissent la place à une belle nuit étoilée. Battement de tambours, de chachas et de ti-bwa. Une fervente cacophonie de voix avinées se fait entendre, dans un unisson approximatif :

«Oh ! la BONNE NOUVELLE (bis) /Qu’on vient nous annoncer ! /Une mère est vierge (bis) /Un sauveur nous est né.» Le 20 Minutesque j’avais en mains à l’instant se métamorphose sous mes yeux en recueil de cantiques, l’indispensable Annou chanté Noël, compilé par Loulou Boislaville et ses acolytes il y a un bon demi-siècle. Lignes 5 et 6. Des ritournelles plus ou moins paillardes, en créole, s’intercalent sournoisement entre les cantiques sacrés au français châtié des contemporains de Molière. Ligne 7.

Je descends à Pont-Marie, et la faille spatio-temporelle se referme avec les portes de la rame derrière moi. Quand on le souhaite vraiment, même le métro parisien peut chanter Noël à la manière des Martiniquais.

Billy

Quand la Noël arrive en Haïti, on le sent. Notamment à Port-au-Prince. Oui ! A cette époque, on entreprend toutes sortes de décorations partout dans les villes et même dans des zones rurales. On sent venir l’odeur festive de fin d’année. Les médias et autres associations organisent des concours pour récompenser de nouveaux talents. De la musique, bref il y a de la festivité dans l’air. Les 24 et 25 décembre tout le monde est à la rue pour fêter notamment les jeunes et les ados. On va à l’église en famille pour célébrer la messe de minuit et on mange ensemble. C’est l’occasion aussi d’offrir de petits cadeaux aux enfants. Parfois on s’endette pour bien fêter et après le poids des dettes affole. En dépit de tout c’est la fête de la joie, de l’amour, du partage, d’un peu de liberté pour les jeunes et les enfants. Cela reste la fête de toutes les catégories et chacun la célèbre selon ses moyens. Un chaleureux joyeux Noël à tous !

La NaveDeambula

J’avoue que le thème m’a au début un peu déconcerté pour le mot « Caraïbes ». Je vis à Bogotá et je ne connais pas la côte. La capitale Colombienne a un climat « froid », cela influence beaucoup la culture et on pourrait dire que cela engendre comme plusieurs Colombies aux ambiances totalement différentes et où les influences socioculturelles diffèrent aussi.

Je pensais à ça au moment où je suis sortie dans la rue, aujourd’hui (7 décembre) et où c’était le jour de las « velitas » (des bougies), les rues s’éclairent avec des bougies qui se fraient un chemin entre les passants, elles se dessinent au milieu de la foule. Noël ici en Colombie(s) est une attraction. N’importe quelle décoration lumineuse attire les familles qui sont de sorties pour admirer des parcs qui débordent de décorations lumineuses jusqu’à nous en éblouir. Alors qu’en France, Noël est un moment casanier, toutes les familles s’enferment ensemble dans les maisons, ici noël c’est en famille sur le pas de la porte, chaque maison possède des enceintes pour animer les jambes et une marmite (dans laquelle je pourrais rentrer) pour nourrir tout le monde. Alors Noël est en famille mais avec la porte ouverte à l’inconnu, au voisin qui passe par là.

Mylène

Quand mes amis de la France hexagonale ou d’ailleurs me questionnent sur Noël en Guadeloupe, je m’amuse toujours à en rajouter un peu, voire beaucoup plus pour leur faire plaisir, car après tout, durant les fêtes, c’est le moment ou jamais d’être charitable.

Je leur raconte que nous participons TOUS aux fameux « chanté nwèl » ; que le jour du réveillon, nous mangeons TOUSdes mets traditionnels succulents – boudins, accras, riz, pois etviande de porc…; que nous buvons TOUSénormément de « ti punch » et encore plus de champagne; que nous dansons TOUS sur du Kassav et des musiques «spécialfêtes» ; que nous sommes TOUS heureux, suivant l’esprit de Noël. Leurs yeux brillent, BRILLENT !

Et ensuite, je leur dis la vérité : le Noël Caraïbe, bah, c’est (un peu) comme partout ailleurs, le soleil en plus.

Nelson Deshommes 

Comme dans de nombreux pays, les haïtiens commencent à préparer Noël dès le début du mois de décembre. Les chants de Noël occupent la première place à longueur de journée à la radio. Les artisans de fanal s’activent pour illuminer les rues de la capitale avec leurs maisonnettes en papier qui font le bonheur de plus d’un.

Si la tradition de la fête de Noël demeure encore vivante dans l’église, sur un plan purement social on ne prête plus d’attention à cette grande fête familiale.

Autrefois il était question qu’on envoie des cartes de vœux à ses amis et à sa famille. Aujourd’hui cela ne se fait plus. Rarement on trouve des gens qui vous envoient juste un texto ou un message en utilisant les réseaux sociaux. On apprend plus aux enfants à écrire des lettres au Tonton Noël et de garder espoir de se réveiller avec plein de cadeaux.

Osman

Fin novembre-début décembre, le décor est planté pour recevoir le personnage, même s’il y vient rarement. Les airs de noël envahissent les ondes des radios. Les magasins sont décorés à l’effigie du « tonton » aux barbes blanches. Les sapins prennent possession des maisons et des rues.

24 décembre en soirée, ne demandez pas à personne de rester à la maison. Les rues bondent des jeunes. Le Père de Noël est quelque part, donc il faut le rencontrer.

Aux alentours de minuit, toujours dans la nuit du 24 au 25, après la messe, place au « réveillon ». Le riz au pois et le bouillon traditionnel font sortir de grosses gouttes de sueurs. Des haut-parleurs vomissent des décibels. Une gorgée de tafia par-ci, un morceau de « griyo » par-là. Et ensemble on chante : « Joyeux Noël et bonne année » !

Tilou

En Ayiti, la Noël a changé depuis quelques temps. Les sapins se font plus rares, les rues se vident des marchandes de guirlandes. Nos quartiers ont perdu leurs couleurs et nos villes, leurs chaleurs.

Plus triste encore, c’est l’esprit de la fête qui s’effrite. Certains avouent ne plus célébrer la Noël parce qu’ils n’ont rien dans la poche, d’autres ne reconnaissent le père Noël qu’en celui qui peut les nourrir. Les souhaits ne s’entendent plus, les vœux ont disparus.

Beaucoup d’entre nous, nostalgiques, prions que les situations économiques et sociales du pays s’améliorent pour que revivent les couleurs de notre enfance. Mais peut-être que nous nous y prenons mal : Au lieu de chercher notre père Noël en autrui, pourquoi ne pas être le père Noël dont a besoin l’autre ? C’est mon vœu pour les fêtes qui s’amènent. Bon Noël à la Caraïbes et à la terre entière !

Zacharie Victor

L’arrivée de Noël en Haïti apporte de nouvelles conceptions et change le quotidien des gens. Surtout en milieu urbain, c’est un moment favorable pour tirer profit économiquement. Les magasins, les boutiques, les entreprises et quelques maisons sont décorés. A la tombée de la nuit, la ville se transforme en une vraie ville de lumière et d’esthéticité. Il y a rabais sur presque tous les produits. Des concours sont organisés, les publicités sont fréquentes sur tous les medias également dans les rues. Les offres sont abondantes, si vous achetez tels produits, vous aurez tels primes. Par ailleurs, on assiste à la multiplication des marchandes dans les rues, sur les places publiques avec des produits très convoités. A cet effet, ça crée une véritable tension ou concurrence au sein des vendeurs ou des consommateurs. Dans différents quartiers, des fêtes sont organisées, soit en famille, entre amis ou pour toute la communauté.


Un billet pour Dany Laferrière

Dany Laferrière-Crédit photo: https://parolenarchipel.com/
Dany Laferrière-Crédit photo: https://parolenarchipel.com/

La nouvelle est tombée depuis jeudi. Dorénavant, Dany Laferrière va siéger à l’Académie française.  L’auteur québécois d’origine haïtienne vient de remplacer Hector Bianciotti, décédé en juin 2012.

Il n’est pas donné à tous d’être académicien. Un fauteuil à l’Académie française est une consécration. Et ça se fête. Les Haïtiens l’ont bien compris. Ce jeudi, les réactions, notamment sur les réseaux sociaux, ont été à la hauteur de l’évènement. Du Président de la République jusqu’au simple citoyen de la rue, dans une conversation ou une autre, les mots pleuvent pour opiner sur le nouvel académicien. L’enthousiasme est unanime. Chaque Haïtien se voit en Dany qui, aujourd’hui, après une trentaine d’années d’écriture est devenu « immortel » avec cette honorable place sous la Coupole.

En effet,  ce 12 décembre, c’est avec une immense fierté que les Haïtiens du monde entier ont reçu cette information relayée en boucle dans les plus grands médias francophones.

Et comme on pouvait s’y attendre, la presse locale s’extasie. Des titres élogieux font la une des médias classiques pour saluer la rentrée de l’ancien présentateur du « Petit samedi soir » à la prestigieuse Académie française, dont la mission est de surveiller sur la langue française.

Pour sa part, comme un seul homme, l’élite intellectuelle haïtienne se tient debout pour applaudir dignement l’auteur du « Pays sans chapeau », qui vient de faire honneur à tout un pays.

Honneur et Mérite…

De « Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer » au « Journal d’un écrivain en pyjama », Dany n’a cessé de s’attirer des encensements. Non seulement pour la qualité de ses œuvres, mais également pour l’homme admirable qu’il est. Des prix, des distinctions, désormais, il peut faire une collection avec.

Aujourd’hui, à 60 ans, ce siège à l’Académie française lui place tout simplement au sommet de sa gloire. Une reconnaissance de plus ses prouesses intellectuelles.

Cette élection vient de donner raison à une réflexion publiée récemment sur cet espace, où l’écrivain en pyjama est classé sans surprise dans le « top 10 des plus grands auteurs haïtiens ».

Et voilà aujourd’hui, au de-là de sa célébrité en tant que figure de proue de la littérature francophone, désormais Windsor Klébert Laferrière  vient d’être immortalisé avec ce fauteuil à l’Académie française.

Que sa probité intellectuelle continue d’être au service de la communauté francophone dans son ensemble, la langue française en particulier.

Osman Jérôme