Démocra-tweet

Besoin de communiquer. Rapprocher virtuellement les quatre bouts du monde. Madame, monsieur, comme par enchantement, les réseaux sociaux sur Internet envahissent l’intimité des gens. Et non comme par le fruit du hasard, ils s’imposent dans notre quotidienneté. Pour une raison ou un autre, chacun en fait usage. Bon ou mauvais. Mais l’essentiel c’est d’être sur le réseautage social du monde.
Outils par excellence de communication, véritables lieux de rencontre et de divertissement, pour le meilleur et pour le pire, les réseaux sociaux façonnent la vie des internautes. Sur ces espaces virtuels, tout se dit, tout se passe, tout se fait. Ici, on s’informe, on se forme. On se transforme, on se déforme. On se défoule, et on règle aussi ses comptes avec ses adversaires. Bref.
Actuellement en Haïti, certains animateurs de radio se prennent souvent pour des superstars. Des petits dieux en personne. Si ce n’est pas la société elle-même qui les ont fabriqués ?
En effet, aujourd’hui à Port-au-Prince, rares sont les quelques hommes de micro qui ne sont pas en polémique avec d’autres confrères. La polémique, peu importe la nullité, voilà ce qui fait parfois la popularité de certains hommes de média en Haïti. Par conséquent, les ondes des radios se transforment en des terrains de guerres verbales pour certains.
Désormais, mis à part les antennes des stations de radio, les animateurs challengeurs se ruent sur les réseaux sociaux, dont Facebook et Twitter notamment pour se lancer des flèches. Des flèches à pique, des flèches venimeuses. C’est ainsi que la semaine dernière, je suis tombé sur des tweets, ô combien provocants. Deux animateurs de radio très connus à Port-au-Prince se sont donnés dans un clash très musclé.
Peu de temps avant, les deux étaient de bons amis. D’ailleurs ils se sont abonnés sur Twitter. Mais leur métier d’hommes de micro les a transformés en des ennemies. Vedettariat oblige.
Identifions nos deux hommes par A et B. A est un pédent au seuil de l’hystérie, dirait un spécialiste du comportement. En quelques mots, il n’a pas manqué de faire usage de toute la vantardise qu’on le reconnait pour tirer à boulets de cannon sur son compétiteur du moment identifié comme B dans ce billet. « Pour avoir fréquenté l’établissement Z, je ne serais pas compté parmi cette bande de médiocres qui pollue la FM à Port-au-Prince« . J’espère avoir été à la hauteur de vous permettre d’avoir au moins une idée du contenu de ce premier message tweeté par A. Le message parait un peu vague, mais il a son destinataire.
Chers lecteurs, comme dans un bon clasico Real-Barca, l’autre camp n’a pas tardé à réagir. Egalement sur son compte Twitter, B ne va pas avec le dos de la cuillère pour répondre à A. « Si vraiment tu as été à tel établissement qui, effectivement, a produit de belles têtes dans le milieu, c’est que tu as été sous les bancs. Tu n’as pas fait honneur à ton école« . Comme pour reprendre l’essentiel de ce tweet qui se veut une réponse au premier. Telle lettre, telle réponse, dirait-on.
En effet, avec des verbes ronflants, des expressions obscènes, des mots pleins de grivoiserie et d’injures, les tweets se sont échangés avec cruauté entre les deux taureaux. Ce, sans aucun respect pour les abonnés. Donc, c’est la liberté d’expression, la démocratie sur Twitter.
Dans la foulée, il parait que quelqu’un a bien voulu calmer le jeu. Mais sans trop grand succès au dernier regard. Car l’un d’eux était bien clair : « son compte lui est perso. Par conséquent, il y publie ce qu’il veut, comme bon lui semble. Donc, si le contenu de ses publications dérangent un abonné, que ce dernier fasse l’essentiel ». A bon entendeur, à vos clics.
Personnellement, sans être incrédule, j’étais bien loin d’imaginer de telles pratiques sur Twitter. Voire qu’il s’agit de deux personnages qui devraient être de bons modèles d’exemple. En tout cas, sans vouloir crier aberration, je pense que, les réseaux sociaux sur internet pourraient bien servir à d’autres fins plus utiles. Mais que faire, c’est la démocra-tweet.
Osman Jérôme
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