T-Vice VS Djakout #1, de plus en plus minable
La grille de programmation de certaines stations de radio et de télévision connaît quelques légères modifications. Petite trêve de chansons d’amour et de « Kompa love ». Les ondes haïtiennes sont plutôt actuellement aux airs carnavalesques.
Plusieurs dizaines de titres sont déjà en rotation. Musiciens, fanatiques, membres de la presse culturelle, sponsors, c’est toute une industrie musicale haïtienne qui est en branle. « Topiteur » de nature, mon ami Nelson a déjà présenté son top 5 des meilleures méringues du moment.
Cette année, contrairement aux saisons précédentes, pour une raison ou une autre, je ne suis pas trop branché carnaval. Pour preuve, jusqu’à date, je n’ai pas encore auditionné une dizaine de morceaux. Ça ne me tente pas trop.
Depuis la nuit des temps, la polémique (entre les groupes) a toujours été une spécificité de la musique haïtienne. Au début, on a eu droit à une polémique musicale productive. La créativité était dans l’ensemble, la principale arme d’attaque et de défense. Les protagonistes cultivaient entre autres le sens du respect mutuel. Malgré quelques petits passages regrettables, DP VS Scorpio est une belle référence à ce niveau.
T-Vice VS Djakout Mizik
À tort ou à raison, depuis quelques années, on considère T-Vice et Djakout Mizik (aujourd’hui Djakout #1) comme les deux principaux compétiteurs du carnaval haïtien. Notamment pour le secteur Kompa Direct. Pas de carnaval sans eux ? Ils ont le secret du macadam ? Cependant, à force d’être adulés, les musiciens des deux bandes se versent depuis quelques temps dans une inertie musicale qui scandalise. Aujourd’hui, dans ce vide artistique, ils se croient pouvoir tout permettre, tout faire, tout produire comme chanson carnavalesque.
De carnaval en carnaval, cette compétition entre les deux groupes perd en créativité et en qualité. En panne d’inspiration, les compositeurs deviennent débiles dans leurs œuvres. Désormais, le challenge laisse le côté musical pour traverser brutalement les frontières intimes des uns et des autres. Les amants des « insolites » ne redemandent que ça. Mais, ces incartades offusquent au plus point les puristes de la bonne musique, les nostalgiques des bons moments du carnaval haïtien.
Et, à qui veut l’entendre, cette chute aux abîmes de la médiocrité que connaissent les deux groupes durant la période du carnaval n’est pas en effet sans la complicité d’une bonne partie de la presse culturelle locale, souvent trop clémente. Peu, sont les quelques animateurs de radio, critiques d’art, osant critiquer objectivement ou censurer les musiquettes de ces deux géants de la musique haïtienne.
T-Vice et Djakout #1 sont-ils les deux groupes Kompa à produire durant ces dernières années les meilleurs tubes carnavalesques ? Ont-ils toujours les meilleures prestations des trois jours gras ? Les fanatiques vous diront OUI. Certains membres de la presse en manque d’analyse contribuent à ériger cette perception au tour des deux groupes. Faveur dont ils ne méritent plus depuis quelques temps, si l’on se réfère évidemment à la qualité de la marchandise.
Entre-temps, d’autres jeunes formations musicales, étiquetées de « petits groupes » font valoir leurs potentialités musicales. Mais hélas, elles ne peuvent pas bénéficier d’une promotion considérable. Car ce privilège médiatique est plutôt fait pour les grosses cylindrées que sont Djakout #1, T-Vice et autres.
« Avili yo » VS « Skandal » : un bel hommage au ridicule
Comme le veut la tradition, vieille de plus d’une décennie, cette année encore, les meringues de T-Vice et de Djakout #1 étaient des plus attendues. Sincèrement, une autre fois, l’attente ne valait point la peine. Du moins de mon point de vue personnel.
« Avili yo» de la bande à Roro et « Skandal » des frères Martino ; deux textes pauvrement inspirés, dénués de toute beauté artistique. Pour ce que représentent les deux groupes sur l’échiquier musical haïtien, encore plus pour le carnaval, c’est du gros n’importe quoi donc. Véritable insulte à la créativité.
L’art est créatif. Et la créativité est une preuve d’intelligence. À ce niveau, pour une énième fois, Djakout #1 et T-Vice « bwè pwa ». La productivité est crucifiée sur l’autel de la facilité. Refrains plats, solos prévisibles, les deux titres ne font pas de poids. Carence aigüe d’imagination à tous les niveaux. Débilité totale.
Avec leur statut honorifique de « mèt beton » et de « djaz peyi », T-Vice et Djakout #1 pensent donc pouvoir offrir n’importe quoi au public. Désormais, opinent certains observateurs, le souci musical n’est plus la priorité des musiciens. Tout le monde s’envole audacieusement sur les ailes de la facilité. Monotonie insupportable.
S’ils se sentent impuissants, qu’ils (T-Vice et Djakout #1) renoncent publiquement à cette vaine polémique, qui caresse de plus en plus les contours de la nullité en termes d’invention. Très minable à mon goût.
Cette année encore, tout ce qu’on peut dire; la bataille musicale entre Djakout #1 et T-Vice est un véritable flop. Allez revoir vos notes les gars, rendez-vous à l’année prochaine 🙂
Osman Jérôme
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