Osman Jérôme

Digne de mémoire

Vertières, Cap-Haïtien-© Osman Jérôme
Vertières, Cap-Haïtien-© Osman Jérôme

À l’entrée sud de la ville du Cap, sur une butte rocailleuse, se trouve Vertières. Lieu hautement célèbre dans la longue lutte anti-esclavagiste à Saint-Domingue. Ici, se tourna une page importante dans l’histoire de la liberté des Peuples Noirs du monde.

Le 18 novembre 1803, dans des affrontements aussi sanglants que mortels, l’armée napoléonienne fut incapable de résister aux assauts répétés de celle des Indigènes, déterminée à casser les chaines de la servitude.

Canons explosés, chevaux abattus, soldats décapités, la Métropole vaincue, la colonie gagna la guerre. Et depuis, le site est devenu mythique, symbolique dans la sociologie du peuple haïtien.

Silhouette de révolte, la place des héros de Vertières est d’une immense portée historique. Les monuments qui s’y trouvent, rappellent à l’humanité une insurrection d’esclaves sans précédent. Une mémorable victoire, ayant conduit à l’indépendance de la première République Noire du monde, Haïti.

Osman Jérôme


Haïti, vers la stabilité de l’instabilité

Des manifestant brandissant carton rouge à l'équipe gouvernementale-©Jean Marc Hervé Abélard (Le Nouvelliste)
Des manifestant brandissant carton rouge à l’équipe gouvernementale-© Jean Marc Hervé Abélard (Le Nouvelliste)

Agitations sociales, scandales judiciaires, Parlement dysfonctionnel, l’avenir politique d’Haïti sombre dans une profonde incertitude. La République se fourvoie dans une impasse inquiétante.

Depuis quelque temps, le pays est sous la menace d’un immense cyclone politique. Aujourd’hui, à bien observer la tendance, certains observateurs pensent que nous y sommes presque. À moins que les pronostics seraient déviés par une prise de conscience des acteurs impliqués dans la crise.

Durant 210 ans d’indépendance, l’histoire de la politique en Haïti est jalonnée par une instabilité chronique. Tel un patrimoine génétique, l’héritage de la politique conflictuelle se transmet de pouvoir en pouvoir. La nation, serait-elle victime de cette fatalité héréditaire ? À chaque régime, ses malversations, sa mauvaise gouvernance. Et les soulèvements populaires n’en finissent point.

En effet, au cours de ces trois dernières années, la chose devient de plus en plus corsée. D’un dossier à l’autre, les conflits s’amplifient entre pouvoir et opposition et autres parties prenantes de la vie nationale. Comme la nuit qui se tue pour donner naissance au jour, chaque crise entraine une autre. Quand ce n’est pas la crise électorale, c’est de l’insécurité. On vit donc dans une continuité de crise. Et l’instabilité s’installe.

Le désintéressement des autorités pour la bonne marche des institutions est sidérant. Président, parlementaires, tout le monde décline de leurs responsabilités. Personne n’est responsable. Sauf le peuple. Celui-ci qui n’est pas toujours lucide dans le choix de ses dirigeants.

Alors, comment comprenez-vous que depuis trois ans, les acteurs politiques haïtiens, ne peuvent pas s’entendre pour la réalisation des élections dans le pays ? Tandis que la non-tenue de ces scrutins cette année, risque d’empirer une situation politique déjà précaire.

En effet, d’après la Constitution en vigueur, la caducité du Parlement arrive au deuxième lundi de janvier 2015. Ainsi, le président Michel Martelly espère pouvoir gouverner par décret. Sinistre projet qualifié de poison pour la démocratie par plusieurs organismes de droits humains.

Également à ce sujet, l’opposition politique et autres secteurs de la vie nationale sont clairs : pas de question que le pays soit dirigé par décret. Au regard de ce qui se passe actuellement, l’inquiétude semble rationnelle.

Entre-temps, les manifestations contre le pouvoir montent en puissance. Le peuple sort son carton « rouge » à l’équipe « Tèt kale », jugée incapable de livrer la marchandise. Une bonne partie de l’opposition ne jure que par le départ précipité du chef de l’État. Plusieurs organismes de droits humains dénoncent ce qu’ils appellent des persécutions politiques. Surtout après les arrestations de plusieurs membres de l’opposition en pleine manifestation.

Gouvernement propagandiste. Opposition en manque d’idéologie. Population dangereusement manipulable, voilà le pays qui marche aveuglement sur un sentier politique comminatoire.

Osman Jérôme


Chronique des amours perdues

Crédit photo : pixabay.com
Crédit photo : pixabay.com

Malgré la vieillesse des saisons, beaucoup de souvenirs restent encore frais dans notre mémoire. Certains sont porteurs de joie, d’autres nous emportent sur les vagues mélancoliques du passé. En fait, ce qui est certain, ils sont témoins d’un temps fort de notre existence. Il s’agit, entre autres, d’un devoir de reconnaissance envers notre vie antérieure. Même si le tableau n’est pas toujours facile à regarder. Moment d’introspection, images blessantes, retour sur une nuit aux souvenirs accablants.

Telle une tortue en âge adulte, la nuit s’avance lentement. Elle s’accompagne d’un temps à la nébulosité menaçante. La ville s’expose à une forte averse. Mon cœur aussi.

Le ciel devient de plus en plus gris. Quelques étoiles sont à peine visibles. Il est 19h depuis longtemps. Les minutes semblent bloquées dans le compteur du temps. Entre-temps, le poids de mes souvenirs devient plus lourd.

Ma chambre en désordre, donne l’allure du Champ-de-Mars un mercredi des Cendres. Seule ma garde-robe se distingue des autres objets de la pièce.

Ce samedi, il est déjà 20h. Malgré les fatigues de la journée, mes paupières refusent de se plier. Entre le lit et mon corps, les notes ne s’accordent pas. La connexion tarde à se faire. La nuit est interdite au sommeil.

C’est le week-end. Entre la musique et l’alcool, dehors, les gens du quartier célèbrent la vie. Oui, ici c’est comme ça ; une vie sans le plaisir mondain ne mérite pas d’être vécue. Voilà tout ce qu’il faut pour la félicité des uns.

Sous ma fenêtre, il joue une musique. Les notes ne pénètrent pas mes sens. Pourtant c’est un morceau très familier. Âme harassée, mémoire lourde de provisions, pensées en désordre. J’ai l’esprit ailleurs.

Sur des instants de souvenirs nostalgiques, l’écran de ma mémoire est allumé. Un long métrage y est projeté. Les scènes se défilent l’une après l’autre. Certaines sont gaies, d’autres sont mélancoliques.

Figures vedettes, figurants, les acteurs me sont tous familiers. À chaque générique, la diffusion recommence. Encore et encore. Les scènes sont longues. Mais difficile de fermer les yeux sur les images. Quelle hantise ! Ça parle de mes amours perdues. Comme c’est pathétique.

Acte 1 

Dans cet inconfort émotionnel, je revis mon enfance sous les yeux vigilants de ma grand-mère. Une belle dame noire au regard étincelant. Elle avait les mains rigides et aimables à la fois. Les câlins et les raclées font parfois bonne éducation.

Elle ne savait ni lire ni écrire. Pourtant elle avait un souci obsessif pour mon instruction. Bizarrerie de la vie, c’est avec elle que j’ai vraiment appris les premières notions de calcul. Sa méthodologie empirique était simple. Le soir, elle me comptait souvent des petites histoires de la mythologie haïtienne (Tezen, Bouki ak Malis, Mèt dlo…). Parfois, elle en profitait de m’inculquer quelques idées basiques des mathématiques : « Si tu as 10 gourdes, tu en achètes deux bonbons pour 2 gourdes. Combien te reste-il ? Un lot de patates plus deux lots de patates, font trois lots de patates. Je m’en souviens encore comme si c’était hier.

Elle m’a élevé avec cette affection que beaucoup ne pouvaient pas comprendre. Car je ne suis pas l’unique petit-fils de la famille. Telles des lianes grimpantes qui s’accrochent, entre elle et moi, ce fut une grande complicité. Une belle histoire d’amour.

Malheureusement, les histoires d’amour ont aussi leur fin. Ainsi, une triste nuit de septembre, la mort m’a enlevé ce trésor humain. Et depuis, l’image de ma grand-mère paternelle ne veut plus quitter ma rétine.

Acte 2

Les heures passent. Mes raisonnements perdent la notion du temps et de l’espace. Dans un triste décor, le film se poursuit. Seul face à l’écran de ma mémoire. Immobile. Front en sueur, cœur haletant, entre remords et mélancolie, me voici dans un grand état d’introspection aussi angoissante qu’insupportable.

Ici, c’est ma mère (décédée) qui entre en scène. Je la revois avec ce même sourire inépuisable. Ce regard toujours jovial malgré les soucis de la vie.

Sensible à mes demandes, elle n’a jamais ménagé ses efforts pour  répondre à mes besoins, satisfaire mes caprices d’ainé de famille. Je n’ai pas vécu avec elle. Mais le peu de temps passé en sa compagnie, reste  des meilleurs moments de mon existence. Elle m’a offert une amitié aussi rare que précieuse. Une relation digne d’un conte de fées.

Albert Camus l’a dit dans l’Etranger : « On n’a qu’une mère ». La mienne n’est plus depuis quelques années. Mais n’empêche qu’elle habite toujours en moi. Car comme a dit l’autre, l’amour est plus fort que la mort.

Il est presque 1h. Nous sommes déjà dimanche matin. Épuisées, mes paupières se succombent. Mon corps ne peut plus. Le sommeil m’a gagné. Fin.

Osman Jérôme


Port-au-Prince: dangereusement sous les débris du 12 janvier

Un marché sous les débris du 12 janvier 2012 (Haïti) © Osman J.
Un marché sous les débris du 12 janvier 2010 (Haïti) © Osman J.

Plus de quatre ans après le puissant séisme du 12 janvier 2010, physiquement, Port-au-Prince porte encore les cicatrices du drame. Des maisons fissurées par-ci, des décombres par-là, la reconstruction est lente.

En effet, malgré les lourdes conséquences de « goudou goudou », l’Haïtien semble n’a pas encore pris conscience du danger des catastrophes naturelles. Car peu de temps après le lugubre tremblement de terre, Port-au-Prince a repris ses mêmes anciennes habitudes, surtout en matière de construction. Hormis quelques grands chantiers, les nouvelles constructions ne respectent point les normes élémentaires imposées par les autorités compétentes.

Entre-temps, les empreintes du séisme restent une autre grande menace pour la population. Dans plusieurs endroits de la zone métropolitaine, notamment à Delmas, les débris de plusieurs édifices se transforment désormais en des petits marchés informels. Une image indigne de la raison.

Il est 11h, nous sommes à Delmas 33, non loin des locaux de la Télévision Nationale d’Haïti (TNH). Certains vendeurs dos aux murs endommagés, d’autres, courageusement debout. Dans un sombre décor, un petit marché inorganisé est campé. Marchands et acheteurs discutent les prix. Chacun les yeux ouverts sur son propre avantage. Mais semble aveugle aux risques qui cachent derrière ces morceaux de béton, se tenant péniblement debout.

Regards avides de profit, sourires innocents, les commerçants s’installent dans une quiétude à peine croyable. On mange, on cause, on rigole, tout se passe dans un confort à l’haïtienne.

Le danger est là. Entre les fissures des édifices délabrés, la vie et le malheur se côtoient comme deux doigts d’une même main. D’un effondrement à autre, tout peut arriver. Mais tout le monde s’en fout. Même les autorités qui doivent veiller sur la ville.

Bergers, brebis, la république souffre d’une déficience de lucidité. Personne n’est capable de prévoir cette menace qui plane sur une capitale, déjà souffreteuse.

Il y a de l’urgence. Les autorités ne doivent pas rester les bras croisés, attendant le jour du malheur pour pleurer les victimes. Elles doivent agir dès maintenant. Car les risques frappent déjà à la porte.

Osman Jérôme


Haïti: le décès de Jean-Claude Duvalier agite les réseaux sociaux

Jean-Claude Duvalier © Le Nouvelliste
Jean-Claude Duvalier © Le Nouvelliste

Définitivement, les réseaux sociaux sont des thermomètres pour mesurer la température d’un événement. Tel qu’il soit. Du social à la politique, rien n’échappe au matraquage publicitaire des réseaux sur Internet.

En effet, depuis quelque temps, Facebook et Twitter s’imposent de plus en plus en matière de diffusion d’informations. Et d’intox aussi. Ce samedi quatre octobre 2014, comme beaucoup d’autres internautes, c’est sur Facebook que j’ai appris la nouvelle de la mort de Jean-Claude Duvalier. Et depuis cette annonce, la communauté haïtienne profite de la visibilité des réseaux en ligne pour s’exprimer sur la mort de l’ancien dictateur.

Entre pro et anti, le décès de l’ancien tyran de Port-au-Prince ne cesse d’agiter la Toile, dont les réseaux sociaux en particulier. Sympathies et règlements de compte, les tweets et les publications sur Facebook abondent dans tous les sens.

L’épineuse question des funérailles nationales pour l’ancien chef des « tontons macoutes » enflamme les discussions. De la haine à l’humour, les commentaires s’affrontent. Et chacun a des arguments pour justifier sa position. Morceaux choisis :

L’humour est beaucoup plus présent sur Facebook. Certains ont même publié « R.I.P Jean-Claude Van Damme ».

En tout cas, tant mieux que les morts ne sachent rien. Sinon « Baby Doc » n’aura pas l’âme tranquille. Tant que son départ suscite des vagues en Haïti. Un pays qui porte encore les cicatrices de son règne de fer.

Osman Jérôme


Haïti : beaucoup de malades, mais peu de soins

 Hôpital Universitaire de Mirebalais-© Osman Jérôme

         Hôpital universitaire de Mirebalais-© Osman Jérôme

Les temps ont changé. Les mentalités aussi. L’époque où l’Haïtien attend son dernier gémissement avant d’aller consulter un médecin est révolue. Ainsi, la clientèle des centres hospitaliers s’agrandit au rythme de la propagation des maladies et des virus. Toutefois, se faire soigner reste encore un combat. 

Comme beaucoup de familles n’ont pas accès à un médecin privé, la grande population se rue vers les centres publics pour se faire soigner. Malheureusement, ce n’est pas toujours avec succès. Indisponibilité des médecins, dispensaires pauvrement équipés, employés en grève…Aujourd’hui, c’est la triste image des hôpitaux publics du pays.

L’hôpital universitaire de Mirebalais

Dans des conditions de grandes nécessités, l’Haïtien fait souvent preuve de modération. Il se contente du peu. Surtout dans un pays où les dirigeants font peu de cas du bien-être collectif de la population.

Durant ces trois dernières années, l’hôpital universitaire de Mirebalais est une référence en matière de soins de santé en Haïti. De la douleur imaginaire jusqu’à l’intervention chirurgicale la plus compliquée, on y vient pour tous types de problèmes. Le centre est matériellement bien équipé, les médecins sont qualifiés indiquent plusieurs témoignages.

Dans la réalité, comment fonctionne l’hôpital ? Quelle attention est donnée aux patients ? Comment traiter les visiteurs ? Retour sur une expérience décevante.

La petite carte

 Hôpital Universitaire de Mirebalais-© Osman Jérôme

        Hôpital universitaire de Mirebalais-© Osman Jérôme

Première remarque : contrairement à la majorité des centres hospitaliers du pays, ici, presque tout est informatisé. C’est quand même à féliciter.

En effet, tout accès à un quelconque service exige une petite carte digitalisée. Pour l’avoir, on fait deux longues files; une pour femmes enceintes et vieillards et l’autre pour les enfants. Aspect disciplinaire remarquable. Même si l’Haïtien n’aime pas trop.

Suivant l’affluence du jour, il faut attendre une demi-heure, voire une heure même avant d’avoir cette fameuse carte. La fatigue et l’épuisement se lisent clairement sur le visage de plus d’un. Mais personne ne va pas laisser la ligne. Qui va à la chasse perd sa place.

La consultation

Au premier jour de votre visite au centre, vous n’avez pas droit à la consultation. À moins d’un cas d’urgence,vous êtes sur le point de trépasser.

Imaginez-vous qu’on est le 3 septembre. Je ne me sens pas bien, sans avoir une idée précise de quoi je souffre, on me donne un rendez-vous au 24 septembre. Rien que pour une première consultation. Franchement, j’ai préféré mourir de rire au lieu de pleurer face à une telle aberration. Ce fut ma première grande stupéfaction.

Des employés sans politesse

Certaines activités professionnelles exigent plus de courtoisie que d’autres. Force est de constater que plusieurs employés de l’hôpital universitaire de Mirebalais devraient suivre des cours en communication sociale et en relations humaines surtout.

En fait, sans avoir été une victime directe,  j’ai été témoin de scènes pas cordiales entre patients et travailleurs de l’institution sanitaire. Si certains ont tenu tête aux comportements agressifs des employés, d’autres ont tout simplement plié bagage.

Une urgence fantomatique

Regard inquiet, nourrisson en pleurs sur les bras, depuis plus de 60 minutes, une dame supplie devant la porte de la salle d’urgence. Son bébé, dit-elle, ne fait pas pipi depuis déjà trois jours. Ce cas semble-t-il n’est pas une urgence pour les médecins. Ils ne font pas cas de la maman en détresse. Il a fallu l’intervention brutale d’un monsieur, pour qu’une infirmière vienne enfin s’occuper du petit innocent. Terrible.

Des malades qui dorment à la belle étoile

Il est environ 17 h ce mercredi. Fatigue pour les uns, douleurs physiques pour d’autres. Sur les longs sièges en bois de la grande salle d’attente, péniblement, certains cherchent à se reposer. Car après une si rude journée, il faut de l’énergie pour en affronter une autre. Une aventure qui s’annonce longue. Plusieurs sont là depuis 3, 4 ou 5 jours déjà.  Ils attendent une consultation, un résultat d’analyses médicales, une intervention chirurgicale.

À ma grande surprise, un agent de sécurité est venu demander à tout le monde de partir pour éviter que les lieux ne se salissent.

Maintenant, où aller dormir ? L’option de l’hôtel ? Il faut débourser entre 50 à 80 dollars américains pour une nuit d’hôtel pas trop loin de l’hôpital.

Dans cette condition, un seul choix s’impose : dormir devant la barrière principale de l’hôpital.

Hôpital Universitaire de Mirebalais-© Osman Jérôme
Hôpital Universitaire de Mirebalais-© Osman Jérôme

Tout compte fait. La nuit est tombée. Les chauffeurs de taxi-moto n’y sont plus. Et en un clin d’œil, chacun essaie de se faire une place dans cet espace exigu  Draps, serviettes,  sacs de voyage sous la tête, on se débrouille comme on peut.

Image choquante : comme des lots de mangues exposées au marché, les gens s’entassent pour ne pas dormir debout. Véritable scène cinématographique.

Au départ, j’avais une grande inquiétude de me jeter sur les adoquins. Une marchande de boissons gazeuses tente de me rassurer : « T’inquiètes pas mon fils. C’est comme ça tous les soirs ici. Dieu surveille sur ses enfants. Il ne permettra que rien de mal arrive à eux ». À ces mots, je me mets timidement dans la foule.

Ce soir, dans cette condition alarmante, je retiens encore l’image de cette dame. Sa panse est légèrement allongée, ses pieds un peu enflés. Elle refuse de se mettre sur le froid de la chaussée. Elle a peur d’attraper des maladies ou des infections, ce qui risque d’aggraver son cas. C’est pourquoi elle a laissé Port-au-Prince pour venir ici.

La grande foule

Hôpital Universitaire de Mirebalais-© Osman Jérôme
Hôpital Universitaire de Mirebalais-© Osman Jérôme

Jeudi 4 septembre 2014. Il est 5 h à peine, tout le monde est déjà debout. Handicapés physiques, femmes enceintes, vieillards, on se bouscule pour se faire une bonne place dans la longue file. Une file qui grossit au fil des minutes.

« Ici ce n’est pas un hôpital pour les malades », a rageusement lâché un homme sur une paire de béquilles. Quelques secondes avant, le souffrant a failli être renversé par une dame ne faisant aucun cas de son incapacité physique.

Dans ces situations de force, difficile de maintenir la discipline. Souvent, les agents de sécurité sont dépassés. Ils perdent leur calme.

Des médecins qualifiés

Patience et courage, voilà deux expressions qui reviennent fréquemment sur les lèvres de plusieurs patients croisés dans les couloirs de ce populaire centre hospitalier du pays.

L’hôpital de l’université de Mirebalais ne doit pas sa renommée seulement à la gratuité des services offerts. C’est beaucoup plus que ça. Le centre est réputé pour l’expertise des médecins (haïtiens et étrangers).

Et voilà pourquoi, en dépit de toutes ces imperfections organisationnelles, la clientèle de l’hôpital ne diminue pas.

Maintenant, la balle est dans le camp des responsables de la santé publique. Ils doivent prendre des mesures adéquates en vue d’un meilleur fonctionnement de ce centre de santé qui, en si peu de temps passe de présentation dans le milieu sanitaire haïtien.

Osman Jérôme


Timide rentrée scolaire à Port-au-Prince

Rentrée scolaire en Haïti-Crédit photo : Osman Jérôme
Rentrée scolaire en Haïti (C) Osman Jérôme

Entre les agitations politiques et les crises sociales, depuis quelque temps, la rentrée scolaire en Haïti reste un défi majeur pour beaucoup de parents. Et pour l’État haïtien aussi.

D’année en année, le premier jour des classes a beaucoup perdu de son symbolisme. Quand la rentrée n’est pas renvoyée, ce sont des élèves qui ne peuvent pas répondre à l’appel. La défaillance économique du pays sert toujours d’explication à cette problématique.

Lundi 8 septembre 2014, comme annoncé, c’était la réouverture officielle des classes en Haïti. Dans la capitale, comme dans plusieurs villes de province, l’ambiance était loin d’être au rendez-vous.

Dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, surtout au niveau de Nazon et l’avenue Pouplard, ce n’était pas la grande affluence des premiers jours des classes. Si les portes de certains établissements étaient ouvertes, d’autres restaient toujours verrouillées. Ce fut le même constat dans beaucoup d’autres régions du pays. Et ceci durant toute la semaine.

À en croire les témoignages de plusieurs parents, cette nouvelle année scolaire s’annonce une nouvelle fois difficile. Dans un « tap-tap » qui menait à Poste-Marchand, les passagers discutaient entre eux. D’un intervenant à autre, les déclarations allaient presque toutes dans le même sens : le faible pouvoir économique complique de plus en plus la réussite de la rentrée scolaire.

Très catégorique, une mère de trois enfants est claire : la rentrée devrait être renvoyée. Tout le monde n’en est pas d’avis. À l’instar de cet employé de la DGI (Direction générale des impôts). Pour lui, le problème est beaucoup plus complexe qu’une simple question de report. Argumentant que, même si la réouverture des classes avait été reculée pour janvier, certains parents ne seraient jamais prêts.

Au centre-ville, on respire à peine la traditionnelle odeur de la rentrée. Les manuels scolaires traînent dans les bacs. Les fournitures classiques exposent au soleil. Les marchands sont là, les acheteurs ne viennent pas. Ou, ils arrivent en petit nombre. Ambiance très froide.

En effet, c’est déjà la première semaine de l’année scolaire. Quelques enfants ont repris le chemin de l’école, d’autres sont encore en vacances forcées. À bien observer le climat, pour beaucoup d’élèves, la vraie rentrée semble n’est pas pour l’instant.

Osman Jérôme

 


Noche caliente

Puerto Plata, République dominicaine © Osman
Puerto Plata, République dominicaine © Osman

L’été est encore là. La température l’accompagne. Ici en République dominicaine, notamment à Puerto Plata, ça ne passe pas inaperçu. Plages, festivals, boîte de nuit, ce ne sont pas les activités qui manquent. La ville est toujours bouillonnante.

Dans cette course aux divertissements, peu de chance de résister à la tentation. D’ailleurs, la détente est un droit sacré. Retour sur une soirée pleine d’instants de jubilation.

Samedi 16 août, 21 heures, la capitale touristique de la République dominicaine est encore sous 33° degrés. Comme presque chaque samedi soir, l’ambiance musicale anime les rues de mon quartier. Les tubes du moment, un verre de boisson, une cigarette entre les doigts, certains ne demandent plus que ça. Et on se sent bien. La vie est belle.

En effet, c’était déjà prévu. Pas de question de rester prisonnier ce soir dans ma chambre. Direction d’Ocean World. Huppé complexe touristique  connu pour ses spectacles hebdomadaires de grande envergure. Ce samedi, le rendez-vous était encore maintenu. Le temps pour moi de boucler cette fin de session universitaire aussi stressante que fatigante.

Le show de danse a déjà commencé, quand je suis arrivé. Beau monde. Jeu de lumière. Du bon son. Cadre attrayant, le déplacement en valait la peine, surtout que la rentrée était gratuite.

Musique, couleur, ambiance, l’espace est en liesse. Ça chauffe et c’est chaud. De tube en tube, la grande foule dégage une énergie débordante.

Entre-temps, tout juste à côté de moi, une jolie demoiselle s’impatiente à se mettre dans le jeu. Petit à petit, elle se laisse emporter par les touches du DJ. Ha oui, ce dernier a fait un travail extraordinaire sur ses platines. À chaque morceau choisi, le public exulte. Il est au comble de la satisfaction.

Il est 23 h 05 quand les haut-parleurs crachent les premières notes de « Promise ». C’est un public euphorique qui s’emballe au rythme de ce hit interprété par Romeo Santos et Usher. En un clin d’œil, la piste de danse est remplie pour la « bachata ». Des acrobaties bien synchronisées, des couples s’entrelacent, ils montrent leurs talents de danseurs. Il fallait voir ça.

23 h 45, des tables commencent à être vides. Il reste peu de monde. Je repars satisfait. La soirée a tenu ses promesses. C’était CALIENTE.

Osman Jérôme

Noche signifie soirée, nuit.

Caliente signifie chaud, chaude.


Top 10 des plus belles photos de mon Smartphone

Marina de Saint-François-Crédit photo : Osman Jérôme

Derrière chaque photo, se cache une valeur esthétique. Des petits détails  parfois difficile à saisir par nos sens physiques. Pour ceux qui s’y connaissent, la photographie est un art. C’est toute une passion pour les images.

Comme Confucius et beaucoup d’autres, je suis convaincu que : « Une image vaut mille mots ». Ainsi, depuis quelque temps se développe en moi un sincère attachement pour la photographie. Oui, je suis amoureux des belles images. Surtout quand je les ai prises moi-même.

Désormais, en voyage, à l’école, à l’église, je ne veux que rien se passe sous mes yeux sans être immortalisé. Au point que j’ai peur de ne pas devenir paparazzi. En tout cas, ce serait loin d’être mauvais

Tout compte fait, forcé de me passer des services de mon petit appareil photo numérique de 12 mégapixels (tombé en panne), la superbe caméra de mon Smartphone (pas besoin de dire la marque) me vient comme un apaisement. Et jusque-là, je n’ai pas à me plaindre. Vous allez en juger vous-mêmes.

Jour après jour, je deviens plus familier de la galerie de photos de mon téléphone qui en stocke quelques dizaines.

Ne me demandez surtout pas d’en supprimer une, car derrière chaque capture, il y a une histoire, une anecdote, que seuls mes sens peuvent facilement comprendre.

Photographe non-pro (je dois l’avouer), chasseur d’images en devenir, madame, monsieur je vous invite en voyage dans l’intimité de mon petit monde photographique. Voici pour votre plaisir, le classement des 10 plus belles images prises avec mon téléphone portable :

1-Mòn  Pilbowo

Mòn Pilbowo, Haïti-Crédit photo : Osman Jérôme
Mòn Pilbowo, Haïti-Crédit photo : Osman Jérôme

La mythique et gigantesque montagne haïtienne, tristement célèbre pour ses courbes mortelles. Les accidents de circulation y sont très fréquents. Mais loin de tout ça, on adore son aspect exotique. Du haut, vous pouvez admirer toute la splendeur verdoyante du département du Nord. Les usagers de la route nationale # 1 peuvent en témoigner.

2-Route de l’aéroport, Port-au-Prince

Route de l’aéroport, Port-au-Prince -Crédit photo : Osman Jérôme
Route de l’aéroport, Port-au-Prince -Crédit photo : Osman Jérôme

Comme son nom l’indique, c’est l’artère principale qui conduit aux portes de l’aéroport international Toussaint Louverture. Ici, contrairement à une bonne partie de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, la circulation est pour le moins fluide en dépit du taux de véhicules qui y roulent. La propreté est loin d’être effective. Cependant, en comparaison avec d’autres zones commerciales de la capitale où les déchets imposent leur loi, cet espace reflète une capitale, capable de se faire coquette quand la volonté est là.

3-Carrefour Trois Mains, Port-au-Prince

Carrefour Trois Mains, Port-au-Prince -Crédit photo : Osman Jérôme
Carrefour Trois Mains, Port-au-Prince -Crédit photo : Osman Jérôme

Petite place aux allures flatteuses, située tout juste à quelques mètres de l’aéroport international Toussaint Louverture. Un peu plus d’entretien. Car c’est l’une des premières belles images d’Haïti à offrir aux visiteurs étrangers.

4-Place d’Armes des Gonaïves.

Place d’Armes des Gonaïves-Crédit photo : Osman Jérôme
Place d’Armes des Gonaïves-Crédit photo : Osman Jérôme

Gonaïves est la cité de l’Indépendance. Premier janvier 1804, c’est ici sur la place d’Armes que la proclamation de l’indépendance a été faite. Et depuis, comme la ville en soi, cette place publique est devenue célèbre dans l’histoire politique du pays.

5-UASD de Puerto Plata, République Dominicaine

UASD de Puerto Plata-Crédit photo : Osman Jérôme
UASD de Puerto Plata-Crédit photo : Osman Jérôme

Universidad Autónoma de Santo Domingo (UASD) est la principale université publique et la seule université d’État de la République Dominicaine. Qu’il soit à Saint-Domingue, à Santiago ou à Puerto Plata, les bâtiments de l’institution ont presque tous le même miroitement  architecturel. Ça ne peut pas ne pas plaire à la vue.

6-Le Christ rédempteur de Puerto Plata, République dominicaine

Le christ rédempteur de Puerto Plata-Crédit photo : Osman Jérôme
Le Christ rédempteur de Puerto Plata-Crédit photo : Osman Jérôme

Nous sommes à Teleférico, au sommet de la montagne Loma Isabel. Lieu historique, jardin botanique, réserve scientifique…c’est espace est une véritable attraction touristique unique en son genre en République dominicaine.

7-Les Caraïbes, Port-au-Prince-Pointe-À-Pitre 

Les Caraïbes-Crédit photo : Osman Jérôme
Les Caraïbes-Crédit photo : Osman Jérôme

Le soleil, le bleu de la mer, les cocotiers. Le paysage exotique des Caraïbes n’est plus à prouver. Les milliers de touristes qui y viennent en vacances chaque année peuvent en dire long. Cette photo captée à quelques altitudes entre Port-au-Prince et Pointe-À-Pitre vous en dit quelque chose hein !

8-Marina de Saint-François, Guadeloupe

Marina de Saint-François-Crédit photo : Osman Jérôme
Marina de Saint-François-Crédit photo : Osman Jérôme

Comme presque toute la région caribéenne, la Guadeloupe a des potentialités touristiques énormes. La Marina de Saint-François que vous regardez une partie sur cette photo, est d’un charme exceptionnel. Entre les voiliers, les Yachts qui s’y accrochent, ce site qui abritent des hôtels, des magasins, des restaurants offrent une vue captivante aux visiteurs.

9-Grand Bassam, Abidjan

Grand Bassam, Abidjan-Crédit photo : Osman Jérôme
Grand Bassam, Abidjan-Crédit photo : Osman Jérôme

Pour une raison ou une autre, je garde encore quelques bons souvenirs de mon récent séjour à Abidjan, à Grand Bassam pour être plus précis. Une soixantaine d’autres blogueurs et moi y étions pour la formation annuelle de Mondoblog-RFI. « À bon vin, point d’enseigne », dit-on. Je me garde de ne pas citer le nom de l’hôtel où nous avons été logés. Entre la verdure du gazon, la petite taille des cocotiers, la beauté de la piscine, les folles vagues de la mer, le cadre extérieur offrait une vue bien attrayant. Cette image en est bien un exemple. Contemplez-la bien.

10-Immeubles de Côte d’Ivoire Tourisme et  d’Énergie Électrique de Côte d’Ivoire (EECI).

Côte d’Ivoire Tourisme et Énergie Électrique de Côte d'Ivoire-Crédit photo : Osman Jérôme
Côte d’Ivoire Tourisme et Énergie Électrique de Côte d’Ivoire-Crédit photo : Osman Jérôme

Ici nous sommes en plein cœur du Plateau, la commune des affaires, dit-on, d’Abidjan. Dans cette prise de vue, je fais deux pierres d’un coup. Disons techniquement, j’ai capté deux images d’un seul clic. Le bâtiment plus haut, tout juste derrière est celui d’Énergie Électrique de Côte d’ Ivoire (EECI). Le premier immeuble plus bas est celui de Côte d’Ivoire Tourisme que j’ai eu l’honneur de visiter. Ces images, dirait-on, sont l’expression d’un pays qui côtoie le développement après tant d’années d’instabilité sociopolitique.

11-Bonus

Crédit photo : Osman Jérôme
Crédit photo : Osman Jérôme

Et pourquoi ne pas immortaliser mes séances d’exercice au gymnase.

En effet, faire un top avec seulement une dizaine de photos sur plusieurs autres dizaines possibles, n’est pas un exercice facile. En dépit du coté amateurisme du photographe, je veux croire que ce classement vous a quand même plu.

Osman Jérôme


Haïti : des artistes au chevet de la politique

Sénateur Antonio Cheramy et député Garcia Delva en altercation au parlement : © https://news.anmwe.com/
Sénateur Antonio Cheramy et député Garcia Delva en altercation au parlement : © https://news.anmwe.com/

Alors que les incertitudes planent encore sur la réalisation des élections du 26 octobre prochain, le profil de certains partis politiques et potentiels candidats fait déjà débat. Le pessimisme s’installe. Personne n’est digne de confiance.

Au cours de ces dernières années, on assiste impuissamment à une dévalorisation du pouvoir public en Haïti. Entre celui qui peut et celui qui veut, la politique du pays traine sur les trottoirs. Ainsi, les sièges du Parlement ne sont plus honorables. Ils sont à la portée de n’importe qui.

Par ailleurs, certains citoyens se servent uniquement des périodes électorales pour devenir « politicien ». « Politicien » s’ils le seront un jour. Cependant, malgré leur ignorance de la chose, nombreux de ces mercenaires arrivent même à occuper de hautes fonctions de l’État. Les politiciens traditionnels oublient leur métier. Comprenez bien que « La nature a horreur du vide ».

Depuis les événements de 1986, le pays patauge dans une transition démocratique jamais effective. Après la chute dictatoriale, on pensait entrer dans une période porteuse d’espoir et de changement. Mais, presque 30 ans après, on cherche encore le Messie qui doit montrer la voie. L’attente paraît très longue. Elle commence par devenir illusoire et utopique.

Les anciens systèmes ont provoqué craintes et doutes. Aussi bien naïf qu’impatient. À force d’être bafoué par les politiciens de métier, le peuple ne sait plus à qui faire confiance. Qui choisir comme dirigeants ? Alors, c’est dans cette alternative imprécise, que le bulletin de vote devient une arme fatale.

L’expérience de Michel Martelly

Artiste controversé, devenu président du pays, l’ancien homme fort du Champ-de-Mars symbolise ce que certains qualifieraient de l’échec même de la classe politique traditionnelle haïtienne. Trop moribonde. Car dans son abattement social, le peuple voulait essayer quelque chose d’autre. Une nouvelle politique. Une nouvelle forme de gouvernance. Car « Qui ne risque rien n’a rien ».

Au départ, l’actuel chef de l’État s’est présenté comme l’homme de la rupture avec les traditions du passé. Discours, démarches, promesses, les plus naïfs ont espéré que le changement allait se faire. Sauf que, trois ans après, le vent de changement promis par l’ancien chanteur, peine encore à souffler. Au contraire, c’est la continuité des anciens modèles. Et même pire encore, aux yeux de certains observateurs.

Mais, selon d’autres critiques, les Haïtiens doivent cesser de chercher midi à quatorze heures. Surtout en politique. Pourquoi Michel Martelly, le simple chanteur doit réussir là où les politiciens ont échoué avant lui ?

Sur les traces de Michel Martelly

Chanteur au palais national. Député-superstar au Parlement, l’organe politique connaît une mutation sans précédent. Avec ce fameux mandat de Martelly, il émerge désormais une nouvelle tendance en Haïti; l’enthousiasme des artistes pour la scène politique.

En effet, à l’approche des prochains scrutins (s’il en aura bien entendu cette année), diverses figures du show-biz local manifestent leurs envies de se présenter candidats à différents niveaux. Si certaines candidatures restent encore officieuses, d’autres par contre sont déjà officielles.

Disc Jockey (DJ), musiciens, rappeurs, animateurs de radio, managers de groupes… Dans les coulisses on évoque une vingtaine de personnes désireuses d’intégrer la sphère politique.

S’inspirant ainsi de la fougue de l’ancien président du Compas Direct ou de la ténacité de Gracia Delva, les uns et les autres pensent pouvoir être maire, député, sénateur, etc.autres.

Cette tendance prend un élan de plus en plus remarquable. Après les confirmations officielles de Pouchon Duverger, de Jacques Sauveur, récemment ce fut au tour du talentueux guitariste Ralph Ménélas d’avouer ses ambitions politiques. Il a tourné le dos à Le kompa pour se consacrer aux choses d’État, dit-il.

À quoi doit-on espérer ?

S’interrogeant sur la volonté réelle de ces vedettes à s’intégrer politiquement dans les affaires du pays, plusieurs observateurs se montrent plutôt sceptiques. Ils craignent une possible banalisation complète de la politique dans le pays. Car pour faire la politique, disent-ils, il ne suffit pas seulement d’en avoir l’idée, mais cela demande aussi un minimum de préparation.

En effet, à l’instar des matchs de football, la politique nous réserve bien des surprises en Haïti. Les têtes qu’il faut ne sont pas toujours à la place qu’il faut. Entre politiciens traditionnels et opportunistes mercenaires, lors des prochaines compétitions électorales, le peuple sera encore face à un nouveau dilemme ; pour qui voter ? Qui apportera le changement ?

Enfin, répétons-le sans cesse ; la politique haïtienne a besoin d’une réforme de fond. Les musiciens seront-ils à la hauteur de ce challenge ?

Osman Jérôme