Le prix d’une place à l’Université d’Etat d’Haïti (UEH)
Dans la vie, tout a un prix, même si tout ne s’achète pas. Ici en Haïti où même l’essentiel est un luxe, rien ne se donne comme cadeau. En effet, comme pour travailler dans certaines boites, rentrer à l’Université publique du pays n’est pas une aubaine, mais un combat de «Super man».
Avec une capacité moyenne de 4500 étudiants, l’Université d’Etat d’Haïti ci-devant l’Université d’Haïti est la plus grande Université du pays, en dépit qu’elle soit loin de répondre adéquatement à sa principale mission qui est de : Contribuer à maintenir l’enseignement supérieur en Haïti au niveau des avancées de la science et de la technologie.
Regroupant onze (11) entités, dont Faculté d’Ethnologie (FE), Faculté des Sciences Humaines (FASCH), Faculté de Médecine et de Pharmacie (FMP), Ecole Normal Supérieure (ENS), INAGHEI, Faculté de Droit et des Sciences Économiques (FDSE), Faculté des Sciences (FDS), Faculté de Linguistique Appliquée (FLA), IERAH/ISERSS, Faculté d’Agronomie et de Médecine Vétérinaire (FAMV) et Faculté d’Odontologie (FO). Ces maillons constituent la plus grande chaine universitaire de la République, toujours en proie à toutes sortes de crise.
Cependant, malgré toutes ces difficultés d’ordre infrastructurel, organisationnel et fonctionnel dont fait face l’UEH, elle reste et demeure pour certains la meilleure option à prendre. Surtout quand on n’a pas le moyen d’aller se former à l’étranger.
Chaque année, on enregistre plus de 26.000 inscrits dans les différentes facultés de l’UEH dont la capacité d’accueil ne dépasse plus de 4500 places, même en incluant l’ouverture prochaine du Campus de Limonade. Et qui pis est, une partie importante de ces places sont réservées à des ministres, des parlementaires, des officiels du gouvernement, ayant, eux aussi des petits proches qui doivent également rentrer à l’Université publique du pays sans passer par les traditionnels concours. Et n’en parlons même pas du phénomène des places vendues. Suivez mon regard.
Parmi ceux qui ont bouclé leurs études en Haïti, un infirme pourcentage va se filer sous d’autres cieux pour se former. D’autres vont s’orienter dans des centres universitaires privés, qui ne répondent toujours pas aux bourses de la masse. Donc, vous pouvez déjà vous faire une idée de la bataille féroce à laquelle doit se livrer celui qui, à tout prix ou par la force des choses veut se faire une place à l’une des facs de l’UEH. Se faire inscrire, subir le concours, être admis, se faire immatriculer, garder sa place durant la première année, tout se révèle du parcours d’un vrai combattant.
En 2008, j’en ai moi-même fait cette expérience vertigineuse. En dépit que j’habitais à Port-au-Prince en ce moment, je me rappelle avoir laissé ma maison à 5h du mat pour aller me faire piétiner, bousculer, chiffonner dans une longue file durant de bonnes heures avant de me faire finalement inscrire à la Faculté d’Ethnologie (FE). Heureusement depuis quelques temps que ça a un peu changé avec le processus des inscriptions qui se font via internet. Même si entre autre, la validation des pièces reste encore un cauchemar pour les inscrits.
Cependant, malgré les calamités et les péripéties connues pour se faire inscrire et passer le concours d’admission, mais voir votre nom parmi les 250 retenus sur les 2500 inscrits, par exemple à la FE se transforme en une joie explosive, plus sensationnelle que toutes autres choses. Vous êtes heureux. Vous êtes félicités, spécialement pour cette victoire remportée sur la méchanceté et l’incompétence des autorités, qui ne font rien pour améliorer les conditions d’études supérieures dans le pays.
Vous êtes fier. Sachant surtout qu’il y a de vos amis, ayant passé presque presqu’une décennie à payer les 500 HTG réclamées pour les frais de l’inscription sans parvenir un jour à être admis. Alors, là vous pouvez crier « J’ai combattu de bons combats, et désormais la couronne de l’UEH m’est réservée ». Lol !
Par ailleurs, le nouveau étudiant doit commencer par se préparer à une perpétuelle lutte contre certains vieux démons dont Recteur, Doyen, Professeurs qui se transforment souvent en des barricades humaines pour l’empêcher à décrocher à temps voulu une Licence, une Maitrise ou autres.
Osman Jérôme
NB : Suivez les activités de ce blog sur Facebook.
Commentaires