Osman Jérôme

Qu’est-ce qu’un parlementaire en Haïti ?

Parlement haïtien-crédit : haitipressnetwork
Parlement haïtien-crédit : haitipressnetwork

«Qu‘est-ce qu‘un parlementaire en Haïti?»Ha ! Voilà une question que, beaucoup d’autres avant moi ont déjà posée. Une question à laquelle ils ont tenté d’apporter des éléments de réponse.

En effet, par le titre de cette réflexion, à la limite de mes capacités, j’ose essayer de réfléchir sur le fonctionnement démagogique du parlement haïtien. Un parlement aux allures turpides, qui dégage durant ces derniers temps une odeur fétide, susceptible de  contaminer toute une République, déjà souffreteuse.

En effet, dans tous systèmes politiques organisés, être parlementaire est ou serait un titre honorifique, au tant qu’il s’attache à sa principale mission, qui est de légiférer (faire et voter des lois) pour la bonne marche de la cité. Donc, quand la principale mission d’un député ou d’un sénateur de la République ne s’inscrit pas dans cette perspective, on pourrait qualifier le député ou le sénateur de tout, sauf de parlementaire.

Il me parait dans mes recherches que, être député ou sénateur à l’Assemblée Nationale haïtienne n’a pas toujours été un exercice de sainteté. Surtout que ce n’est pas tous les jours que le palais national (Pouvoir Exécutif) entretienne de bons rapports avec le parlement (Pouvoir Législatif).

Il ne serait pas inutile de rappeler que, le système politique haïtien est basé sur un triangle, dont les Pouvoir Exécutif, Législatif et Judiciaire en forment les angles. Je ne dis pas égaux, en tout cas. Dans ce système, ces trois Pouvoirs sont appelés à une franche et bonne collaboration pour la bonne marche des affaires de l’Etat. Ce qui reste encore un rêve pour les jeunes de ma génération, témoins d’une crise politique tentaculaire qui retient le pays dans cette situation de sordide, dont il peine encore à s’en sortir.

Au tant que les législatures se succèdent, le parlement haïtien perd constamment sa valeur.

Député, sénateur, parlementaire, Assemblée Nationale, sont parmi les expressions les plus populaires dans les médias en Haïti, depuis déjà quinze mois que, S.E.M Joseph Michel Martelly s’est installé à la tête du pouvoir. Et depuis, être parlementaire en Haïti se réfère à une super star politique. Depuis lors, être parlementaire en Haïti est une honte, une injure.

Etre parlementaire actuellement en Haïti se réfère à celui qui vote en échange d’une enveloppe. Celui qui négocie son vote pour un poste ministériel en faveur de son parti politique. Dorénavant, le parlement se transforme en un marché où l’on discute le prix d’un vote.

Etre parlementaire aujourd’hui en Haïti, est du n’importe quoi que s’exerce n’importe qui, et n’importe comment. Les sièges de l’Assemblée Nationale sont occupées par n’importe quelle tête, peu importe son statut social et sa faible formation académique. Et le parlement s’est honteusement converti en un lieu de « Bras« , fortement dominé par les « deals » politiques.

Toto, un personnage imaginaire très populaire dans les tranches d’humour chez les utilisateurs haïtiens du réseau social Facebook. On l’a demandé un jour : c’est quoi un parlement ? Il a répondu : « un parlement est un lieu où l’on parle et ment. » Donc, c’est un lieu de « parle-mentteur». Et d’ailleurs, qui dirait le contraire en Haïti ?

Osman Jérôme


Ils ne viennent que pour la réception!

Source Photo:Haitipeyinou

Mariage, baptême, communion, graduation, enterrement, telles sont entre autres certaines activités sociales, où l’Haïtien se donne souvent à cœur joie.  Les raisons sont simples. D’abord, on ne paie pas pour y aller. Ensuite, c’est le temps de se faire voir dans sa nouvelle robe, dans son nouveau costume, sa dernière marque de chemise, sa nouvelle paire de chaussures. Enfin, traditionnellement, ces fêtes  se terminent bien souvent par une réception à l’honneur des invités.

En effet, si certaines activités comme les funérailles, la communion se font à portes libres, d’autres, par contre, exigent très souvent une carte d’invitation, qui donnera accès à la table de réception, en cas où li y en a, selon le protocole. C’est le cas des cérémonies de mariage, graduation…  D’ailleurs, pas de fêtes sans réception ici. C’est faire ou ne pas faire.

Sachant pertinemment qu’il ne va pas pouvoir recevoir toute la République, celui ou celle qui organise une telle activité, s’est préparé à recevoir x invités. Et des cartes d’invitation leur ont été préalablement envoyées.  Mais, dans certains milieux en Haïti, c’est une autre réalité : des  gens s’invitent  toujours à la fête, et s’emparent souvent du couvert.

Gâteau, champagne, vin, viande, tout est emporté par ces sanguinaires, venant de je ne sais où. Ils opèrent en toute quiétude.   Pendant que les vrais invités restent debout, faute de sièges, les gens qui s’invitent à la fête sont assis confortablement. On les appelle « gratè », « chen priyè ».

Dans la plupart des cas, ils sont faciles à identifier, car ils ne respectent que rarement le protocole vestimentaire.  Souvent flanqués d’une veste froissée en mauvais état, d’un jeans, des baskets…. Et voila qu’ils s’installent sans aucune scrupule, sans aucun gêne au milieu des personnes finement habillées pour l’occasion.

On dirait  qu’ils ne font que ça,  puisqu’ils  sont toujours informés de toutes les réceptions de la ville.   En tout cas, il est difficile de dire pourquoi exactement ces « gratè » agissent de la sorte, mais on sait que: « La faim chasse le loup hors du bois« .

 Osman Jérôme


Saint-Marc en mode vacances estivales

Amani-Y Beach de Saint-Marc © Osman
Amani-Y Beach de Saint-Marc © Osman

Animation de Disc-Jockeys (DJs), journées de mer, championnats de football, de basket-ball et de volley-ball interzones, bals, festivals…traditionnellement, les grandes vacances en Haïti, à Saint-Marc notemment présentent toujours un plat dont l’ambiance, le défoulement et le divertissement constituent les principaux ingrédients. Peu importe les conditions économiques exécrables, les contextes politiques sans issue, les situations sociales inélégantes, je peux jurer sur la tête des vacanciers qu’il en sera toujours ainsi. Surtout que l’Haïtien est réputé pour être un peuple festif, courageux même dans les plus pires moments de son existence.

En effet, depuis quelques jours on respire l’odeur festive des grandes vacances estivales. Elles s’annoncent pour une nouvelle fois en fanfare sur la ville, dont le visage est en train d’être soigné avec l’assainissement de certains quartiers. Même si par contre, la réparation de la place Philippe Guerrier et le phénomène du black out restent des défis majeurs pour les autorités municipales.

Sur les ondes des stations de radio et dans plusieurs affiches placées à divers carrefours, nombreuses sont les annonces faisant de la pub pour des activités et spectacles, les uns s’annoncent plus intéressants que les autres. On peut citer par exemple Disip au Corsaire Nigth Club le 2 août, Nu-Look à la Colline Hôtel le 9 août et surtout la troisième édition du festival d’été Saint-Marc, très attendue au parc Levelt les 4 et 5 août avec un line-up vachement alléchant.  L’été s’annonce plutôt à la cité du Lion.

Mis à part ces affiches mentionnées, il y aura bien évidemment les traditionnelles activités ,dont les championnats de football/quartier, le basket-ball au G&C complexe sportif et récréatif, le volley-ball au Petit-Club, les week-ends de mer à Amani-y et Grosse-roche Beach, et notamment les animations des Disc-jockeys (DJ).

Soirées dansantes, boites de nuit, football, basket-ball, volley-ball, pool party, plages…cette année encore, le menu des grandes vacances est bien concocté pour les Saint-marcois et ceux qui y seront en visite au cours de cette chaude période estivale. Et ce, malgré les faibles conditions économiques des « bredjenn », qui ne garantissent pas une participation massive dans les spectacles payés. Cependant, comme d’habitude, certains misent encore et toujours sur l’aide financière d’un quelconque papa, maman, oncle, tante, cousin, cousine ou un ami de la diaspora pour se procurer une nouvelle chemise, un nouveau jeans, une nouvelle paire de chaussures. Sinon, ils ne pourront pas se mettre à « Open the Body » avec beaucoup de « swag ». Surtout qu’ici à Saint-marc, ce que tu portes comme vêtements est presque pris pour ta carte d’identité ou de présentation.

 Osman Jérôme

 


3 raisons pour ne pas changer ses devises en pleine rue à Port-au-Prince

Entre le formel ou l’informel, parfois on se demande lequel est normal ici, tant que la façon de faire de certains ne répond pas très souvent à aucune norme, ne respecte aucune règle. L’Haïtien fonctionne parfois dans un « Je m’en-foutisme » agressif et aveugle qui met en péril sa propre vie et celle des autres. Comme la vente des nourritures et les médicaments sur les trottoirs, l’achat et la vente des devises étrangères se font aussi en pleine rue.

By Trisku (collection privée de Trisku)

Outre les services de change offerts par les Banques commerciales et les maisons de transfert d’argent, il y aussi des maisons particulières, appelées « Bureau de Change » où l’on achète et revend les devises étrangères. Dollar américain, Dollar canadien, Euro, Peso dominicain, je cite donc les plus connues. Parallèlement aux Banques, aux maisons de transfert et aux Bureaux de change, on retrouve également les « cambistes ». C’est un groupe de jeunes garçons regroupés aux coins de certaines rues, bien souvent accompagnés d’un paquet de Dollars et de Gourdes (la monnaie locale) et une calculatrice.

Dans les Banques et les maisons de transfert, on achète et vend les monnaies étrangères selon le taux standard du marché de change local. Dans les Bureaux de change, c’est presque similaire, mais parfois avec une poussière d’augmentation dans l’achat, suivant le Bureau ou du montant de la transaction. Cependant, aux coins des rues, où fonctionnent les « cambistes », c’est un peu différent. Pour l’achat de tes  jolis « billets verts », on t’offre toujours un petit quelque chose de plus par rapport au taux normal du marché de change. Raison, pour laquelle sans doute que, plus d’un préfèrent se pointer vers eux au détriment des Banques, des Maisons de transfert et des Bureaux de change pour vendre leurs devises.

Et le péril dans tout ça…

Ici en Haïti, dans certaines grandes villes, pour mieux préciser, s’exhiber en pleine rue avec son porte-monnaie garni, c’est comme accepter volontairement de porter sa tête à l’abattoir. Changer son argent sur les trottoirs est un grand danger ayant déjà fait des victimes. Un risque auquel il ne faut pas s’habituer, si on ne veut pas se faire attaquer et déposséder de sa poche.

Il peut y avoir d’autres raisons, mais dans ce billet je te soumets les trois que je crois  être  importantes :

Première raison

Tout d’abord, dans l’environnement où fonctionnent ces acheteurs de devises, opèrent fréquemment des bandits masqués, difficiles à identifier. Un assassin ayant assisté de près ou de loin à ta transaction, peut te suivre jusqu’à la porte de ton domicile pour te déposséder de ton avoir. Souvent, ces actes affreux se produisent en pleine rue même.

Deuxième raison

Ensuite, il y a le phénomène de « faux billets« , qui est très courant en Haïti. Donc, pour tes vrais Dollars ou Euros, tu peux rentrer chez toi avec la poche pleine, mais de faux billets. Le temps de retourner à faire ta réclamation, le « cambiste » qui se trouvait au coin de la rue x, déjà n’est plus. Maintenant, où tu vas porter plainte, où tu vas te plaindre ? Sous le drap ton lit sûrement, pour avoir été suffoqué d’étonnement.

Troisième raison

Enfin, il y a ce troisième facteur, auquel moi personnellement je n’accorde pas trop d’importance pour bien des raisons, mais qui renvoie au fond à une réalité typique, qui existe dans notre société ; c’est celle de la sorcellerie ou de la magie. Ha !, tu ne vas pas croire. Tu as fait ta transaction dans la meilleure des simplicités. Le mec te remet tout ton argent bien compté, mais une fois arrivé chez toi, il te manque la moitié. Pire, parfois ta bourse ou ta poche est retrouvée vide comme un tronc d’arbre évidé. C’est très rependu ici, et plein de gens ont déjà payé les frais.

Que ces petits conseils te soient bénéfiques et pour ta poche et pour ta vie, car à la recherche d’une gourde de plus, tu peux tout perdre. A bon lecteur, prudence !

Osman Jérôme


Mondoblog et moi : un an déjà et ça ne fait que commencer…

Ma rencontre avec la plateforme de Mondoblog se diffère peut-être de celle de certains autres collègues « mondoblogueurs ». En effet, j’étais déjà membre de l’Atelier Des Médias (ADM) où je commençais timidement à publier mes réflexions sur l’actu sociopolitique haïtienne. Sans un guide, sans un coach, je me peinais à comprendre cet intéressant outil de communication en ligne, qui est le blogging, auquel je me suis lancé.

Mon inscription à l’ADM fut pour moi une grande première dans la blogosphère , même si j’étais pas à mon premier coup d’essaie. Car j’ai déjà tenté à canalblog et overblog. Mais ça n’a pas toujours marché. C’est en effet à l’ADM que je sais que des gens visitent ma page, lisent mes billets et en font des commentaires.

Et l’aventure de Mondoblog 

Sur l’ADM, Ziad Maalouf, l’un des animateurs de ce programme hebdomadaire sur RFI et également membre administratif de la plateforme sur le web, fait partie de ma petite liste d’amis. Sachant pertinemment de quoi monsieur est capable, je me rappelle avoir toujours lui proposé de jeter un regard critique et correcteur sur les billets que je publie sur ma page. Puis un beau jour, il m’a envoyé une correspondance, dans laquelle il m’a suggéré d’améliorer, voire même corriger certaines choses. Il en a également profité à me proposer de rejoindre la communauté de Mondoblog, une autre entité de l’ADM. Une bénédiction du ciel, retrouvée sur terre. Et voilà comment, depuis le mois de juillet de l’année dernière, a pris la naissance de ma belle aventure avec la plateforme. Et c’est de là aussi que ma passion pour le blogging a véritablement commencé.

12 mois d’apprentissage, 12 mois de partage, 12 mois de passion pour la lecture et l’écriture. Parallèlement à mes études, depuis ces 12 douze derniers mois, j’ai consacré une bonne partie de mon temps à ce blog dont je compte améliorer de jour en jour.

Juste avant de passer aux titres de certains billets, qui ont retenu le plus mon attention durant cette année, je ne dois pas sitôt oublier l’accueil chaleureux que m’ont réservé les membres de la plateforme, quand Simon Decreuze m’a présenté à eux sur notre page Facebook. C’est inexplicable, ce qui se passait cet après-midi là ; Charles, René, Florian, David, Alimou et les autres, tous ont d’une manière ou d’une autre  apporté quelque chose de spécial pour m’accueillir « mondoblogueusement » parmi eux. Et ça m’a beaucoup marqué.

Durant ces douze derniers mois, beaucoup de billets sont déposés sur la plateforme, dont certains plus intéressants, plus drôles, plus instructifs que les autres. Evidemment, j’ai pas eu le temps de tout lire, mais quand c’est possible je dévore avec appétit ceux qui sont tombés sous mes yeux. Certains, pour une raison ou une autre ont épousé avec galanterie mon attention et ma curiosité de lecteur :

« A Abidjan, tout le monde veut être claire » de SUY Kahofi. Dans ce billet, l’auteur nous raconte avec clarté et précision le phénomène de la dépigmentation très en vogue dans la capitale économique ivoirienne où les produits cosmétiques occupent une place de choix dans les rayons de certains magasins.

« Douala, version sans caleçon » de  René Jackson. Ha !, voilà un titre qui a fait hit sur Mondoblog, jusqu’à être ensuite publié sur la page Facebook de RFI. Consterné jusqu’aux tripes, le blogueur camerounais n’a pas mâché ses mots pour dénoncer ces activités nocturnes au menu dévergondé dans lesquelles prennent part certaines adolescentes de Douala, qui y viennent pour s’exposer presque dans leur nudité provocatrice.

« Ces démon_crates qui nous gouvernent » de Jeogo. On dit Démocrate, ou Démon_crate ? Dès le premier coup d’œil, le titre de ce billet a vitement capté mon attention pour l’image qu’il incarne.

« L’homme est un loup pour l’animal » d’Alimou Sow. Encore un titre très incitateur comme le précédent. Dans cet intéressant billet, l’homme de « Ma Guinée plurielle » nous parle avec peine, bien sûr, de la mésaventure du chien de sa maison, que son oncle ne voulait plus voir sous ses yeux.

« Facebook, youtube, twitter, mon expérience des réseaux sociaux ». Tout le monde veut être ami avec tout le monde. Tel est la phrase qui me revient toujours à l’esprit quand je reçois sur ma page Facebookdes demandes d’amis que je ne connais pas dans la vraie vie. Je l’ai tirée dans ce joli billet de Andriamihaja.

Je ne peux oser conclure ce chapitre sans faire un coup d’œil à David Kpelly et Charles Lebon qui ne nous épargnent jamais de leurs textes provocateurs dont eux seuls savent comment le faire.

Big dédicace à Manon, Salma, Ariniaina, Nelson et j’en passe.

En fin, merci à toute l’équipe administrative dont Simon Decreuze en particulier, qui ne ménage jamais son effort pour apporter son appui technique à chacun des blogueurs quand c’est nécessaire. Merci à chacun de vous, collègues et amis de la plateforme qui, par votre sens d’humour, de partage et de professionnalisme arrive à faire du projet  MONDOBLOG ce qu’il est aujourd’hui. Je termine ce post avec un clin d’œil bien mérité à Florian et Boukary, nos deux champions de la dernière édition de la BOB’s.

Que vive la blogosphère ! Que vive Mondoblog et ses blogueurs !

Osman Jérôme

 

 


Des veillées de prière, pas trop spirituelles

Assemblée de l'église (C) Osman
Assemblée de l’église (C) Osman

Les avis peuvent se partager quant au titre de ce billet. Si le ton peut paraître un peu provocateur pour certains, d’autres pourront le prendre plutôt avec humour. S’il en est ainsi vraiment, je dois m’en réjouir, puisque, en produisant ce texte j’ai nullement l’intention de plaire à un groupe et d’insulter à un autre.

À l’instar de certaines activités mondaines, jugées dévergondées par leur contenu, des « veillées de nuit » et « services de prière nocturne » ne jouissent pas d’une bonne réputation à Saint-Marc, voire en Haïti. Certaines sont souvent étiquetées de désordre organisé. Les mauvaises langues parlent même des rendez-vous entre amoureux. C’est  sans nul doute la raison pour laquelle certains parents y interdisent  l’accès à leurs jeunes filles.

Il y a de ces scènes, dont il fallait être témoins pour mieux en comprendre les faits. Certaines histoires méritent d’être vécues, non être tout le temps racontées. Surtout qu’ici on a une spécialité dans l’art de faire courir les rumeurs.

En effet, c’est en participant à une veillée de prière que l’opportunité m’a été donnée de confirmer cette information, déjà très répandue sur la ville. Josaphat Petit-homme, un bon ami à moi m’a demandé de participer avec lui dans une habituelle veillée de prière qui se tenait à son Eglise. Je me garde le droit de ne pas dire quelle Eglise, mais c’est un temple très connu, très fréquenté d’ailleurs tous les dimanches par les jeunes.

Après maintes réflexions, j’ai accepté l’invitation, sous prétexte de ne pas décevoir à cet ami, long temps plus âgé que moi. Et d’ailleurs, pourquoi ne pas y aller, c’est l’Eglise, et j’ai déjà pris part à plusieurs activités similaires. Tout compte fait, on se rend au programme qui débute à 9h PM et se termine à 5h AM.

A l’église…

Des mots de bienvenue d’une jolie sœur qui, par sa tenue horripilante a fait beaucoup plus d’impact sur l’assemblée, que par sa voix captivante. Elle portait un corsage, ayant laissé facilement deviner la forme modérée de sa poitrine ensorcelante. Une jupe, qui a épousé avec agressivité les courbes généreuses de ses fesses. Oh…, mon Dieu, une autre de plus pour nous induire à la tentation !

Un chant, une prière d’ouverture et tout a bien démarré sous les cris assourdissants et incessants des « alléluias« , « Bénit soit l’Eternel, « Gloire à Dieu« …Au tant que les minutes s’égrènent, l’ambiance augmente en intensité et les frères et sœurs ne se font pas prier pour se donner corps, cœur et âme dans cette pure et folle ambiance, concoctée de chants de louanges sous une orchestration magistrale de certains jeunes musiciens de l’Eglise. Habitué, mon ami ne restait pas indifférent. Il bougeait à tue-têteau rythme de l’animation. Moi j’étais plutôt observateur. Et mon indifférence était tellement évidente ,qu’une sœur m’a touché à l’épaule droite, en me m’invitant à rentrer dans l’ambiance. Des chants, des prières, des méditations, des témoignages, oh…on ressent une parfaite communion entre le peuple et le ciel.

Et ma surprise…

Il était déjà minuit, quand j’ai demandé à mon ami, membre permanent de la dite Eglise de m’indiquer vers les toilettes en vue de décharger ma vessie, presque trop pleine. « Tu prends le couloir, et au fond tu tournes à gauche« , m’a-t-il bien expliqué. Et c’est en prenant ce vaste long couloir qui mène aux toilettes, que j’allais tomber sur un autre spectacle, pas trop spirituel, à moins que selon mon avis, dont prennent part certains jeunes du temple. Dans cet espace, faiblement éclairé, des jeunes couples s’entre-brassent, s’entre-lassent langoureusement. Et cela, sans le moindre souci d’être surpris, encore moins  de respect pour le  grand Architecte de l’univers, lui qui voit tout.

Pendant qu’à l’intérieur, certains cherchent à combler leurs besoins spirituels, tandis qu’au couloir, d’autres s’empressent parallèlement à combler leurs besoins corporels. Suffoqué d’étonnement, j’ai failli même faire pipi sur moi.

5h du mat’, fin de cérémonie. Tout le monde repart bénit, spirituellement ou corporellement. A mercredi prochain sœur Natacha, frère Pierre. Le rendez-vous est à la même heure, au même endroit. A l’intérieur ou dans le couloir ? Qui sait !

Osman Jérôme


Lettre ouverte aux reporters culturels/Le Message poétique

Après 18 ans d’existence, « Livres en Folie«  est, incontestablement la plus grande foire du livre en Haïti. C’est un espace de partage entre auteurs et lecteurs qui sont toujours heureux de se rejoindre. Cependant, malgré le succès et la notoriété dont jouissent cette activité littéraire, son mode d’organisation laisse toujours une saveur insatisfaisante aux lèvres de certains observateurs, dont Webert Charles, un jeune auteur, qui ne va pas avec le dos de la cuillère pour critiquer la manière inélégante dont certains reporters culturels abordent les auteurs en signature. Lis et comprends.

Depuis plusieurs années je suis l’événement traditionnel, Livres en Folie (Haïti). Nombreux sont ceux qui critiquent l’organisation voire la tradition de cette foire du livre. Moi, ce qui m’a toujours intrigué, ce n’est pas l’organisation ni l’activité ou les rencontres, c’est de préférence les reporters culturels. Etre reporter culturel, ce n’est pas cela le problème, mais la nature des questions qu’on pose aux écrivains. Doit-on aborder un écrivain politique de la même manière qu’un poète ou un romancier ? Je crois qu’il y a là une erreur méthodologique qu’il faudrait réparer.

L’année dernière, à la 17e  édition de Livres en Folie, un reporter posa la question suivante à Frankétienne après l’avoir posée à Dany Laferrière et à bien d’autres : « quel message voulez-vous faire passer dans ce livre ? » La question, bien sur, a embarrassé les écrivains et Frankétienne a même répondu avec un peu d’ironie : « Je vois que aimez cette histoire de message » Et cette année encore la même erreur s’est reproduite. Une œuvre poétique, a-t-elle un message ?

La réponse pourrait bien vous surprendre. Pour le critique littéraire François Bilodeau « une œuvre n’a rien à dire, sinon elle le dirait sans ambages ; une œuvre existe, à la façon d’une personne, avec un halo qui la définit dans sa réalité intime » Pour l’auteur de Balzac et le jeu des mots, l’œuvre (poétique) est. Elle n’a pas de fonction, donc pas de message. Je pense ici, sans doute, à Charles Baudelaire qui questionnait la fonction de la poésie. Je ne veux pas tomber dans une poétique du non-sens ou dans un surréalisme à outrance. La poésie, dans son sens premier (créer, fabriquer) ne s’enracine pas forcément dans une réalité, Elle peut évoquer cette réalité, la transfigurer ou la fuir. Lyonel Trouillot, dans son esthétique du délabrement avait bien compris que les poètes n’ont « pas de mémoire », d’où l’incommodité de la poésie moderne à faire passer un message social. Le poète est différent du journaliste, son rôle est de créer un effet esthétique. Le linguiste Jakobson n’avait pas omis cette fonction du langage qui est la fonction poétique, Son « message est centré sur lui-même, sur sa forme esthétique ». Loin de tomber dans la théorie de l’art pour l’art qui serait une mauvaise interprétation du message poétique ou dans une masturbation intellectuelle. On doit comprendre, par là, que le message poétique est sensoriel. C’est un impact crée chez le lecteur. La poésie, comme toute œuvre littéraire, s’accomplit dans sa lecture. Donc « l’histoire d’une œuvre serait avant tout l’histoire des lectures qui ont en été faites » (F. Bilodeau). De là, surgit la problématique de la littérarité ou de la poéticité d’une œuvre, Existe-t-il d’œuvres poétiques ou de lectures poétiques d’une œuvre ? C’est ici un autre débat. Le message poétique se crée dans sa lecture, d’où sa pluri-dimensionnalité. Pour expliciter le message poétique on peut prendre l’exemple du fameux poème de Man Ray, le poème phonétique, qui est composé uniquement de barres horizontales et d’espaces, sans mots. Tout le monde s’accorde pour dire que c’est un poème, par sa forme et livre son message esthétique. On peut voir ici que la poésie est antérieure au sens, à la compréhension et au message. La poésie n’est pas une confrérie et sa lecture n’est pas réservée aux intellectuelles comme on a tendance à le penser. Le problème se pose dés le départ. Il ne s’agit pas de comprendre, ni d’informer mais de sentir. Car la poésie s’ouvre au lecteur créant ainsi son propre message esthétique.

Webert Charles 


« Pour le drapeau, pour la patrie » : Mourir, est-il toujours beau ?

Drapeau haitien
Drapeau haïtien

 Dans tout pays qui se respecte, le drapeau national revêt d’une dimension  symbolique de fierté, de dignité et de souveraineté. Il en est bien aussi pour l’hymne national qui, très souvent, est un appel à la fraternité, au patriotisme, à l’héroïsme, entre autres.

En effet, 18 mai 1803-18 mai 2012, le drapeau haïtien est déjà vieux de plus de deux siècles. Deux siècles d’orgueil, d’honneur et de fierté pour certains, mais aussi deux siècles d’instabilité, d’ingouvernabilité et de luttes fratricides pour d’autres. Cependant, quoiqu’il en soit, le bicolore national, est entre autres, l’un des acquis historiques dans la longue lutte de nos ancêtres, ayant voulu nous laisser une patrie libre et indépendante.

L’origine et le sens du drapeau haïtien 

En fait, pour mieux comprendre le sens du drapeau haïtien, remontons un peu, une partie de la fulgurante épopée de l’histoire d’Haïti en tant que peuple, sans pour au tant rentrer dans les controverses historiques, relatives aux couleurs de notre drapeau, qui en a connu pas mal depuis sa création.

Avant 1803, le drapeau français, le tricolore (bleu, blanc et rouge) flotte sur Saint-Domingue, signe d’une colonisation des Européens sur les Indigènes. Condamnés sous le joug d’un système esclavagiste atroce, les colonisés rêvaient d’une liberté, d’une indépendance, d’un « vivre libre » en tant qu’Homme.

Nous sommes en 1803. Un vent de liberté souffle déjà à l’horizon de cette colonie française, la plus prospère de l’époque, le grenier de la France, scanderait l’humoriste Maurice Sixto dans « J’ai vengé la race ». Dans cette quête d’indépendance, dont nourrissent les Généraux de l’Armée indigène, ayant à sa tête à cette époque Jean-Jacques Dessalines, vont être posées certaines actions historiques, dont la création du drapeau, le 18 mai à l’Arcahaie.

En effet, selon l’histoire, Dessalines a déchiré le blanc du drapeau français, et a rapproché le bleu et le rouge pour donner naissance au drapeau haïtien. Et c’est Catherine Flon, qui a été chargée comme couturière à coller les deux bandes d’une manière verticale. Cependant, quelques années après elles seront disposées horizontalement. Toujours selon les archives historiques, ce drapeau a été adopté en 1820 et officialisé en 1843, soit 40 ans après l’indépendance.

Traditions au tour du drapeau haïtien

Haïti, 8h du matin. Les écoles, les bureaux publics ou privés, presque toutes les institutions représentatives ont coutume de hisser le bicolore national, au rythme de la dessalinienne, l’hymne national du pays :

« Pour le pays, pour les ancêtres

Marchons unis, marchons unis

Dans nos rangs point de traîtres

Du sol soyons seuls maîtres

Marchons unis, marchons unis

Pour le pays, pour les ancêtres

Marchons unis, marchons unis ».

Par contre, il faut tout de même reconnaître que, depuis quelque temps, cette valeureuse tradition et bien d’autres encore, signes d’honneur et de respect en mémoire de nos aïeux sont en pleine voie de disparition. Rares sont les quelques stations de radio et de télévision, qui observent encore la pause de la montée du drapeau dans leur grille de programmation. Les gens ne s’arrêtent, n’enlèvent presque plus leur casquettes devant les édifices au moment de la montée du bicolore.

« Il y a mieux à faire« , m’a vaguement craché Pierre Mathurin, un jeune chômeur-diplômé, spectateur de la scène sociopolitique haïtienne. Son avis est rejeté d’un revers de main par Prosper Joseph, cet enseignant de 55 ans, affirmant que, « respecter les normes et les valeurs morales de la cité, serait le tout premier pas vers une résolution durable de la crise haïtienne« .

209 après, où en sommes-nous?

Pour certains observateurs, 18 mai 1803 était une renonciation à l’occupation, officielle ou déguisée. Mais 209 ans après, pouvons-nous toujours continuer à gonfler nos poitrines pour entonner :  » Pour le pays, pour les ancêtres, du sol soyons seuls maîtres, dans nos rangs point de traîtres« , avec la présence obligée des soldats onusiens sur le territoire national, s’est indigné Peterson Sylvain, ce jeune étudiant en Anthropo-Sociologie, pour qui, « chanter la « dessalinienne« , qui est un appel au patriotisme dans de pareilles conditions, est une gifle et une honte historiques pour Dessalines, Toussaint, Christophe et les autres, qui nous ont légués cet héritage dans le feu, le fer et le sang. Pour eux, rien n’était plus beau que de donner sa vie pour sa patrie. Oui, mourir pour le pays était beau« , a-t-il tenu à faire rappeler.

Dans le regard prospectif de cet ancien camarade de la faculté d’Ethnologie de l’Université d’Etat d’Haïti (UEH), l’idée véhiculée dans l’hymne national haïtien est périmée, démodée par rapport à la réalité. « Car, par la force des choses, l’Haïtien est contraint à abandonner le pays, adopter des nationalités étrangères, au lieu d’y rester travailler à son profit, a-t-il regretté« .

Malheureusement, « l’union ne fait plus la force » ici, à moins que, cette force ou cette union est celle d’un clan pour détruire un autre. Une union, une force pour diviser, détruire le pays.

Dans cette situation de « chen manje chen« , où la scène politique se transforme en un terrain de jeu où des frères s’entre-déchirent, s’entre-tuent pour des postes ministériels, pour une place au parlement, certains se demanderaient où est passée la signification de notre drapeau, symbole de l’unité nationale et de réconciliation ? Et quand ça tourne au vinaigre, quand ça devient plus corsé, les plus forts, accompagnés de leurs familles prennent des avions pour l’Occident pendant que les plus faibles, le peuple s’embarque sur des « bwa fouye » (sorte de petits canots à voile) sur les mers, dans l’espoir d’atteindre les îles voisines. Hélas, nous avons perdu notre sentiment de l’honneur, notre goût à l’héroïsme.

Qui, aujourd’hui, donnera sa vie pour Haïti ? Mourir, est-il toujours beau pour le pays ? Dans ce contexte de » sauve qui peut« , même l’ancien président René Préval, conseillerait au peuple de « naje pou soti » (Sauve qui peut)..

Osman Jérôme


Mon Pied, mon Cauchemar !

Que servira-t-il à un homme de posséder toute la terre s’il arrive à perdre sa santé? N’a-t-on pas toujours dit que la santé vaut mieux que la richesse. En effet, beauté, longévité, prospérité, « dollarité »…, notre vie, ne se mesure-t-elle pas à l’état de notre santé?

Traditionnellement, la santé se définit comme une absence de maladie qui, pour sa part est associée à des sensations de malaise, de douleur, de fièvre, etc. Ces symptômes qui ont une influence directe sur l’organisme, déterminent la capacité fonctionnelle de l’individu. Cependant, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) va plus loin que cette courante approche, en associant au concept  santé « l’état absolu du bien être physique, mental y social du sujet, et non la seule absence de maladie ». Donc, la santé, dans le sens global du mot, exige un bon équilibre de notre état physique et de notre état psychologique. Les deux forment un cercle, duquel dépend la bonne ou la mauvaise qualité de notre santé.

En fait, tenant compte de ce qui est dit plus haut, je vis depuis quelques années, loin d’une santé robuste. Tout a commencé en 2005, quand un petit quelque chose, apparemment identifié comme un kyste, se pointait lentement sous la cheville de mon pied gauche. A la même année, je m’en suis fait opérer.

Suite à cette petite intervention chirurgicale, tout semblait aller pour le mieux, car peu de temps après, je reprends avec mes activités scolaires, sportives, le foot en particulier.

Cependant, contrairement à ce que spéculaient les gens, spécialement mes proches, il ne s’agissait pas d’un simple kyste, mais plutôt  d’un fibrome dermique, dû à une blessure mal soignée. Oui !, même si cela remonte un peu loin dans mon enfance, mais je m’en souviens encore comme si c’était hier, quand j’ai été estropié ce matin-là par le clou d’une toupie avec laquelle je jouais. Je me rappelle avoir versé du sang comme un porc, égorgé vif à l’abattoir.

Comme un coup de tonnerre dans unn ciel serein, un an et demi après l’opération, je ressens une forte douleur au pied, qui laisse pressentir que le fibrome dermique qu’on m’a enlevé est sur le point de récidiver. J’ai été rapidement revoir le médecin traitant. Cependant, au grand dam de mes attentes, il m’a tristement annoncé que ce cas dépasse ses compétences, tout en me conseillant d’aller voir ailleurs pour me faire soigner.

Nouvelle accablante, situation frissonnante, mais il n’y a pas mieux à faire : une nouvelle expérience avec les bistouris.

Nous sommes au début du mois de juin de 2008, ville des Gonaïves, hôpital La Providence, je suis soumis à une deuxième intervention chirurgicale, en guise d’être disponible pour préparer mon entrée à la fac, après avoir bouclé mes études classiques, en 2007.

Alité pendant quelques mois, je me récupère lentement jusqu’à être sur mes pieds, en  reprenant mes activités quotidiennes. Je suis rentré à l’université, j’ai repris mes émissions de radio et de télé, etc. Cependant, vu l’ampleur de la cicatrice, devenue très boursouflée, je ne pouvais plus toucher au ballon.

En 2009, après avoir passé une année à la faculté d’Ethnologie de l’Université d’Etat d’Haïti (UEH), j’ai été obligé de laisser le pays à destination de la République Dominicaine en vue de continuer avec mes études en Psychologie.

Cependant, peu de temps après avoir déposé mes valises sur le sol voisin, la douleur me revient timidement au pied, et comme l’a malheureusement prévu mon dernier médecin traitant, la cicatrice commence à s’élargir jusqu’à me rendre inactif dans mes activités scolaires, objectif principal de ma présence ici.

J’ai été à plusieurs hôpitaux de la région Nord du pays, mais toutes les tentatives demeuraient sans succès. Biopsie, analyse aux laboratoires, rien n’a prouvé que les médecins contactés fussent capables de s’occuper de mon cas, qui se dégénère après chaque nouveau soleil. Ce n’est qu’en juillet 2010, que l’un des médecins m’a référé à l’un des  plus grands centres dermatologiques du pays.

Comme on pouvait s’y attendre, une fois arrivé à l’ «Instituto Dermatológico y Cirugía del Piel » (Institut Dermatologique et de Chirurgie de la Peau », on m’a vitement proposé à une nouvelle intervention chirurgicale, pour ensuite me soumettre à un traitement, en vue de me trouver une solution à ce problème, qui dure déjà trop.

Aux premières heures de ce lundi 3 août 2010, les bistouris étaient  encore au rendez-vous sous la cheville de mon pied gauche, devenue enlaidie sous les effets insupportables de ces interventions répétées.

Des pilules, des injections, des crèmes, des médicaments, je me récupère petit à petit jusqu’à être prêt pour reprendre le chemin de la « Universidad Tecnológica de Santiago » (UTESA), où j’étudie la Psychologie.

Vu les frontières de différences, existant entre les deux premières interventions, que j’ai subies en Haïti et celle réalisée en République Dominicaine, je méditais déjà une guérison définitive. Mais c’était loin de la réalité, puisque prochainement ton blogueur est attendu à un centre hospitalier pour une nouvelle intervention chirurgicale, sans doute la dernière, pour finir avec cette situation trop critique, qui me barre la route à l’accomplissement de mes projets.

Un fait nouveau. Maintenant, il ne s’agit ni de kyste, ni de fibromme dermique, mais d’une cicatrice CHELOIDE.Une cicatrice chéloïde est bénigne, non contagieuse et généralement accompagnée de fortes démangeaisons, voire de douleurs vives ; sa texture évolue dans le temps. Dans les cas les plus graves, elle peut affecter le mouvement de la peau. (Wikipédia)

Quoiqu’il en soit, ne t’inquiètes pas pour moi, le corps, très chétif, peut ne pas être en mesure à faire face à cette nouvelle expérience sur une table chirurgicale, mais crois-moi le mental est bien disposé. Et je crois que tout se passera bien au nom de Dieu.

NB : si vous connaissez certains médicaments anti-chéloïdes, n’hésitent même pas à m’en informer, si cela vous plait.

Osman Jérôme


Haïti en mode BBM

 

« Le monde est la communication« . Presque tout le monde connait par cœur ce bout de phrase, lourd de sens et de signification. En effet, on vit une époque où tout est pratiquement tourné sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication. D’ailleurs, les outils n’en manquent point : internet, réseaux sociaux, téléphones portables, tout pour le rapprochement des gens. Peu importe leurs origines, leur culture, leur race, leur classe et leur couleur.

Il fût un temps, communiquer via téléphone portable en Haïti était un luxe, réservé à une certaine classe. Cela coûtait tellement. Mais avec l’évolution du temps et la concurrence du marché des téléphonies mobiles dans le pays, aujourd’hui quelqu’un peut se permettre le droit de posséder plusieurs téléphones portables, et tous de grandes marques. Voire que l’haïtien cultive un certain goût du beau. Raison pour laquelle, peut-être que, tout ce qui est à bon marché, parait parfois comme peu de valeur aux yeux de mes frères et sœurs. En tout cas, fermons rapidement cette petite parenthèse esthéticienne pour rentrer dans notre sujet principal.

Depuis quelque temps, BlackBerry MessengerBBM pour les plus branchés, est rentré comme par enchantement dans la longue liste des outils de communication technologique, par laquelle les gens se communiquent, le monde se connecte, et devient ce petit village que nous habitons, tous.

Qui ne rêve pas d’un BB ?

Actuellement en Haïti, minime soit le taux des gens, qui ne caresse pas l’idée de se procurer de son fameux BBM pour mieux communiquer, mais également pour se mettre à la mode, en répondant à une exigence sociale. Car aujourd’hui, celui qui n’a pas son PIN activé chez un fournisseur de la place, est technologiquement vu comme un démodé.

Il est de jour en jour plus courant, que les gens ne s’intéressent plus à votre numéro de téléphone, sinon qu’au code de votre PIN-BBM. « C’est quoi, ton PIN déjà ?», c’est le nouveau refrain technologique, avec lequel dont on commence à se familiariser quotidiennement.

A l’instar de FacebookTwitter ou autres réseaux sociaux sur internet bien connus, le BlackBerry Messenger crée une petite société dans la société. Avec son PIN, on est connecté à une catégorie bien déterminée, on est à la mode, on est branché, quoi.

Conséquences

Incontestablement, les responsables de Research In Motion  (RIM), le constructeur canadien du BlackBerry a apporté quelque chose de neuf dans la vie des individus, spécialement dans leurs façons de communiquer. En plus de placer et de recevoir des appels, le BB offre toute une gamme de services extraordinaires, captant l’attention de la clientèle. Ce qui fait probablement sa popularité à travers le monde, même s’il faut tout de même reconnaître aujourd’hui, par rapport à ce qu’offrent ses grands concurrents sur le marché mondial, la bête commence à perdre sérieusement du poil sur sa peau. Bref, passons.

Avec son BlackBerry, on est connecté, on est vu. Cependant, comme la dualité exige que le bien et le mal marchent de paire, ce nouvel outil de communication, qui est en passe de se transformer en un véritable phénomène de société, a sans doute certaines répercussions négatives sur la vie des gens qui, parfois se laissent démesurément transporter par la joie de communiquer en tous temps et en tous lieux : combien d’accidents de circulation ont déjà eu lieu, combien de services religieux, sont déjà perturbés, combien de réunions d’affaires importantes, sont déjà gâchées par l’utilisation à outrance du BBM ? Combien de couples déjà brisés, à cause que le pauvre mec ne peut offrir un BB à sa copine ? Combien de nos jeunes filles, ayant déjà gratuitement livré leur entre-cuisses à un quelconque en échange d’un BB ?

Il y a deux mois de ça, un ami m’a confié, qu’il a raté les examens d’une session d’université pour se payer un BBM. Alors, imaginez-vous, combien de sessions de classe, déjà sacrifiées dans cette même logique d’évolution.

Entre le besoin de communiquer luxueusement et celui de s’intégrer au club « Le m’as-tu vu”, le BlackBerry devient une nécessité sociale pour certaines gens. BBM au volant, au travail, dans les salles de classe, sur les autels des églises, le virus contagieux, transmettant la fièvre de ce moyen de communication n’épargne ni l’âge, ni sexe, ni classe, tout le monde est contaminé. Tout le monde désire en avoir un, parfois par quelque soit le moyen. Et, voilà pourquoi, celui qui s’affiche publiquement avec son BB dans certaines zones de la capitale haïtienne risque de se faire attaquer par des bandits. Les habitués du Champ-de-Mars en témoigneraient mieux que moi.

Comme diraient les musiciens de Fresh-up, à travers cette chanson vidéoclipée, que je vous invite à apprécier ci-dessous, le BlackBerry Messenger est un « Bout Bagay Malè ». Avoir son BB pour toujours rester connecter avec ses proches, ses amis, c’est plus que bien, mais son utilisation devrait au moins une priorité du propriétaire.

Terminons ce billet avec ce BBM, cette chanson vidéoclipée  de Fresh-up:

Osman Jérôme