Osman Jérôme

Je suis Haïtien donc je suis superstitieux

Crédit Photo:musique.haiti.free.fr

Ce n’est un secret pour personne : Haïti, à l’instar de certains pays de l’Afrique, la patrie-mère, est réputée pour être une terre où les gens se versent beaucoup dans la sorcellerie et dans la magie. Tout ce qui arrive dans la vie d’un Haïtien doit avoir une signification mystérieuse. Croire aux sciences occultes semble faire partie de la nature humaine même de l’Haïtien. Et ne soyez pas surpris. Cette tendance mondaine est aussi présente dans certaines familles dites chrétiennes.

En fait, de la chose la plus banale à celle la plus importante, l’Haïtien authentique vous dira tout bonnement que, ce qui lui est arrivé n’est pas simple, ce n’est pas naturel. On cherche toujours une interprétation imaginaire pour expliquer les phénomènes naturels de la vie. Les preuves scientifiques, les apports techniques, on dirait, jouent un rôle secondaire dans les recherches aux solutions à certains problèmes.

La maladie, la mort, les accidents de circulation, la réussite, la défaite, la richesse, tout semblerait avoir un lien direct avec la superstition, selon ce qui est encré dans la mentalité de certains Haïtiens. Comme quoi, on ne peut pas être tombé malade, ni avoir des richesses tout naturellement. Le diable, les « lwa », les esprits malfaiteurs joueraient leur part de partition dans tel succès ou tel échec de monsieur X ou de madame Z.

Dans cette forme de croyance utopique, où l’occultisme est presque porté gagnant sur l’esprit rationnel, il est évident que la situation sociale va de mal en pire. « Car au lieu de chercher à comprendre pourquoi ou par quoi se produit tel phénomène naturel, et comment on peut éviter les dégâts par les données scientifiques, malheureusement la spéculation gagne nos pensées, accapare nos réflexions », regrette Jimmy Registre, un jeune étudiant en Psychologie.

« Combien d’accidents de voiture, ayant eu lieu à cause du mauvais état de nos routes ? Combien de constructions anarchiques, sont à l’origine de plusieurs glissements de terrain? Combien d’enfants qui sont morts de malnutrition ? Et pourtant, les causes sont attribuées à des esprits malfaiteurs », se questionne le futur scientifique, qui pense que, désormais l’Haïtien doit rompre avec cette ridicule pratique qui le porte à vouloir tout expliquer par le mystère.

Dans un tel contexte où la spéculation est primée sur la science, certains se demandent à quel changement de profil social l’on doit s’attendre réellement en Haïti ? En tout cas, si la magie, la sorcellerie et la superstition font partie du monde irréel haïtien, on ne peut pas les nier dans notre existence de vie de peuple. Cependant, l’esprit rationnel ou l’esprit scientifique doit être au-dessus de tout, car la superstition comme croyance non fondée ne nous emmène nulle part, sinon de nous induire en erreur.

Osman Jérôme


Haïti est choquée par une sextape

Shassy (C) https://haitinews2000.net
Shassy (C) https://haitinews2000.net

Définitivement, la morale, qu’on croirait être dans le coma en Haïti, serait pourtant bien vivante. Après la pub gratuite faite pour l’obscénité musicale «Fè wana mache», maintenant c’est au tour de Shassy d’être chassée par nos moralistes circonstanciels.

En effet, depuis la semaine dernière, Chasmaille Odéra aka Shassy, une jeune présentatrice de télévision et prétendue chanteuse, défraie la chronique en Haïti. Elle occupe les premières pages des magazines people. Et quant aux réseaux sociaux, n’en parlons même pas. L’affaire Shassy se déchaine.

La raison ? L’interprète de «M’ap chat» se fait filmer en pleine séance de masturbation. Et cette scène érotique de 45 secondes a été rendue publique. Par comment ? Même l’intéressée ne peut pas être précise. Et déjà c’est le buzz.

De BBM aux e-mails, les parties les plus intimes de la jeune présentatrice de 20 ans ont été envoyées, dévoilées et vues par plusieurs centaines de personnes.

Je n’ai pas vu la scène. Tant mieux. Cependant, si certains sont satisfaits, d’autres seraient insatisfaits, voire même sidérés. Le contenu est trop choquant ? La vidéo est trop courte ? Le corps de l’artiste n’est pas aussi vendable ? Qui sait !

Apparemment chauffée par la pression sociale, la coupable se fait filmer de nouveau, mais cette fois-ci dans une position décente. Elle présente vaguement des excuses au près du public, choqué par ce, qu’elle considère elle-même comme un rien.

D’ailleurs, en l’écoutant, on comprend vite, qu’elle n’a pas accordé une centime d’importance à ce que nos moralistes en herbe tenteraient de dramatiser. « D’abord, j’ai été étonnée, et je cherche encore à savoir qui est-ce qui l’a partagée. Mais sinon, ça ne me dit rien. Après tout, je n’ai rien fait de mal. Je dirais plutôt que je me faisais du bien ! », a-t-elle vomi à une question de Ticket Magazine sur ce sujet.

Dans la foulée, si certains sont choqués par ce qui est arrivé, par contre, d’autres ne se sont pas donné la peine. «C’est Shassy. C’est un produit local, on est vexé. Croyez-moi, beaucoup se paieront très cher pour voir une scène érotique de Angelina Jolie, les courbes redondantes de Hally Berry. La société haïtienne est tellement  hypocrite», a vociféré un ami chanceux, ayant vu cette fameuse vidéo.

Analysant la situation, on peut bien se demande avec pertinence ; qui est Shassy ? D’où vient-elle ? Qui l’a propulsée ? Qui a fait d’elle ce qu’elle aujourd’hui ? N’est-ce pas ces mêmes moralistes de «rat mòde soufle» ?

Et par ailleurs, personne ne peut m’empêcher de douter que, si la publication de cette sextape n’ait pas été planifiée. D’ailleurs, d’autres artistes de la scène internationale ont utilisé ce même moyen pour créer du buzz autour de leur personnage. Paris Hilton en est un exemple.

Enfin, sans avoir l’obscène intention d’encourager quiconque à emprunter la voix trop facile de Shassy pour se rendre célèbre dans une musique insipide ou dans une vidéo de scènes intimes, mais je crois qu’il y a mieux à faire. Laissons Shassy tchatter paisiblement. Et qu’elle continue à se donner du plaisir sexuel, en se faisant filmer par son copain. A moins que ses prouesses ne soient plus publiées. Il y a d’autres sujets plus significatifs à s’en occuper.

Osman Jérôme


Port-au-Prince sans cinéma

Ciné Capitol: Photo de:forumhaiti.org

Le cinéma c’est toujours mieux au cinéma″. Donc, on n’est nulle part si bien pour regarder ou assister à une projection d’un film que dans une salle de cinéma. Dans toutes sociétés constituées, le cinéma est une expression artistique de haute valeur. En tant que tel, le cinéma déniche des talents, crée des emplois, génère des fonds, mais exige aussi de l’investissement.

Comme partout ailleurs dans le monde, nous autres en Haïti, nous avons (nous avions) notre industrie cinématographique, dont l’historicité est remontée à l’apparition même de celle-ci dans les autres pays.

Fin des années 90-début des années 2000 fut une époque retentissante, florissante pour le cinéma haïtien. Des longs et des court-métrages de bonne qualité, des projections à succès, des nominations dans des festivals internationaux, des prix par-ci, des récompenses par-là. C’était une belle période pour le septième art. Nos salles de projection ne se passent pas un mois sans de nouvelles affiches. Notamment à Port-au-Prince, où parfois on était dans l’embarras du choix de savoir où aller. Les cinéphiles étaient bien gâtés.

Cap à la une, Cicatrices, La peur d’aimer, Barikad, Protège-moi, Millionnaire par erreur, Le vent du désir, I love You Anne, La rebelle, Vocation, Sonson, La victime, Alelouya, Le président a-t-il le sida, Cousines, Chomeco pour ne mentionner que ceux qui me viennent tout juste en mémoire. Que de films qui, pour une raison ou une autre ont créé des longues files, causé des embouteillages, suscité des émotions, des délires et des folies intenses dans les différentes salles de ciné du pays, particulièrement dans la capitale.

En effet, depuis quelque temps, on assiste à une dégradation vertigineuse de l’industrie cinématographique locale. Les feux clignotent aux rouges. La situation est critique. Cinéastes abandonnés, absence de production, fermeture des salles de projection, cinéphiles déconnectés…le cinéma haïtien est à son point mort.

Aujourd’hui à Port-au-Prince, il n’existe aucune salle de projection équipée depuis que les responsables de Loisirs S.A ont procédé à la fermeture de  Capitol et de Impérial, deux plus grandes salles de ciné du pays (durant ces dernières années.)

En fait, on peut se demander, qu’est-ce qui peut-être à l’origine de cette dégradation du cinéma haïtien ? Et comment peut-on redresser la pente ? A ces interrogations, Handy Tibert, acteur très populaire dans le milieu a répondu : «Le Cinéma Haïtien est une industrie avec des problèmes assez complexes. Cette perte de vitesse s’explique tout d’abord par le fait que l’industrie en elle-même n’a pas pu tenir face aux coûts de la production. En Haïti le cinéma n’a jamais été subventionné, ce qui a causé un relâchement dans la qualité des films qu’on produisait récemment.
Ensuite est venu s’ajouter la prolifération des chaines de télévision en Haïti, et surtout qui ne respecte rien en termes de droit d’auteur et de qualité des films étrangers surtout qu’elles diffusent
», a lamenté l’acteur vedette de Barikad.

«Redresser la barre ne sera pas chose facile, mais on peut commencer par fournir l’accès aux films dans des salles appropriées. Ainsi le consommateur sera plus ou moins soulagé. Mais l’industrie du cinéma, tout comme dans les autres pays demande une prise en charge de l’Etat haïtien. Le Secteur privé a certainement sa partition à jouer, mais l’Etat est le premier concerné qui doit soutenir une industrie créatrice d’emplois et génératrice de revenue pour le pays», a conseillé le jeune cameraman.

Une capitale de Port-au-Prince sans salles de cinéma où les jeunes ont plutôt tendance à se tourner vers le «Raboday» et du «zokiki», on doit vite agir pour cicatriser la plaie.

Bon, il y a encore de l’espoir, puisque récemment on a annoncé les réhabilitations du ciné Triomphe et de Rex Théâtre. C’est plus qu’une bonne nouvelle. Cependant, dorénavant, l’Etat haïtien doit commencer par s’impliquer dans le cinéma, car ce dernier, en plus d’être un art, mais c’est aussi une source de divertissement et de loisir pour une jeunesse, qui en a tant besoin.

Osman Jérôme


Des aides qui n’aident pas

Crédit Photo: Fotopedia

Comme d’ailleurs dans beaucoup d’autres pays du Sud, on dirait que la communauté internationale est très, voire même trop impliquée dans les affaires d’Haïti. Quand ce n’est pas pour la civilisation et l’évangélisation, c’est pour la stabilisation.  Politique, économie, société, sécurité, le pays est comme un élève maternel qui s’assoit gentiment pour recevoir la dictée piégée de son professeur au regard malicieux. «Qui reçoit, s’assoit», diraient les plus avisés.

Depuis cette perte de pouvoir politico-économique, qui est remontée, selon certains observateurs, en 1986 soit à la chute des Duvalier, on assiste à une République d’Haïti dépendante, dont la grande partie des projets sont financés  par les «Aides» des pays dits Amis. Avec son «bol ble» toujours suspendu, le pays est devenu mendiant.

Apparemment, les donateurs internationaux se montrent plutôt très généreux quant il s’agit d’apporter leurs assistances aux haïtiens. Surtout dans les moments les plus difficiles : les catastrophes naturelles, les désastres, entre autres.

Des aides pour la reforme de l’éducation, des aides pour la construction des routes, des aides pour la santé, des aides pour les élections, des aides pour l’agriculture…presque tout ce qui se fait en Haïti, est, d’une manière ou d’une autre, de près ou de loin, directement ou indirectement soutenu, financé par un organisme international ou par la diaspora haïtienne. Cette drrnière qui est très forte d’ailleurs.

Entre la communauté internationale, les ONG (Organisations Non Gouvernementales) et nos dirigeants, parfois on se demande avec ambiguïté ; qui décide vraiment sur l’avenir du pays. Qui décide quoi ? Qui fait quoi ? Comme se demanderait récemment, notre ami blogueur  Nelson Deshommes dans une réflexion publiée sur la crise haïtienne, dans laquelle les gens du Nord sont très impliqués. Une situation qui, aujourd’hui, semblerait-il, est loin d’être sous le contrôle de nos dirigeants «tèt kale». Car pour exécuter beaucoup de projets du gouvernement, il faut attendre le décaissement de fonds des bailleurs internationaux dont FMI (Fond Monétaire International), Banque mondiale, etc. N’a-t-on pas toujours dit : «Qui finance, gouverne». Suivez bien mon regard.

Des millions, des milliards Dollars et d’Euros décaissés chaque année pour la construction des routes, des hôpitaux, des écoles, pour la reforme dans l’agriculture…Même l’Haïtien le moins sensé se demande parfois où sont passées ces sommes ? Car cet argent fait tout, sauf les projets pour lesquels, qu’ils ont été destinés.

Par conséquent, les populations nécessiteuses ne perçoivent presque jamais l’odeur de cet argent. Au contraire, ces sommes faramineuses contribuent à enrichir les dirigeants, lester leurs greniers à satiété, ériger leur mégalomanie. Ce, pendant que la population continue à moisir dans la crasse, à vivre dans la pitance.

Si aujourd’hui, vu la précarité de la situation, on est unanime à reconnaitre qu’Haïti ne puisse se passer de l’aide internationale pour «dekole» (décoller), pour reprendre l’évangile politique du moment, il faudrait au moins une autre forme de gestion de ces assistances financières, pour qu’elles puissent être bénéfiques au profit de la population, sinon on risque de faire pas sur place sur le piste du décollage.

Retrouvez cette réflexion sur: https://haitipublicnews.com

Osman Jérôme


Mes premières fois au gymnase

En pleine pratique (Crédit Photo Jérome Osman)

Après 15.000 réflexions, 10.000 tentatives, me voici enfin le mardi 6 novembre 2012 dans une salle de gymnase. C’est la concrétisation d’un rêve, plus de 2012 fois caressé. En fait, mes proches, mes amis qui me connaissent par mes traits physiques «papita», mes muscles de «spaghetti» se réjouiront sans doute de cette nouvelle. Mes os trop «griyen», trop exposés, trop calés ne font du tout honneur à ma réputation masculine.

L’être humain est à la fois physique et spirituel. Je ne vous l’apprends sûrement pas. Donc, les deux doivent être pris en considération pour le bon équilibre du corps. Par conséquent, celui qui se respecte vraiment, cherche toujours à maintenir les deux en bon état. Un esprit saint, dans un corps saint, dit-on d’ailleurs.

En effet, j’ai été toujours attiré par les matériels qui servent de décor aux gymnases. Cependant, mes activités quotidiennes conjuguées à ma paresse (dans ce cas s’il faut bien le préciser) ont eu toujours raison de mon envie de me lancer dans le bodybuilding. L’intéressant exercice de «leve fè».

Depuis quelques jours, j’ai été plus que déterminé. Cette motivation a été plus grande que mon habitude de me réveiller à 9h du matin dans mon lit.

Culotte, t-shirt, chaussures, équipements, tout est disponible. Mardi 6 novembre dernier, j’étais déjà prêt pour une première séance dans une salle de pratiques sportives, non loin de chez moi.

7h00 AM. Dans une tenue inhabituelle, avec une culotte qui laissait entrevoir la  longueur extraordinaire de mes jambes, j’ai laissé la maison en direction du club. Les gens du quartier se mettaient tous à me déshabiller des yeux, comme si j’étais un «Just come», un «congo» a peine débarqué, pour répéter l’expression locale. Alors, faites-vous-même une idée. J’ai été un peu gêné dans ma peau. En tout cas, passons, ils me regarderont pour de bon dans les prochains jours. Qui sait !

Arrivé au gymnase, même si ce n’était pas ma première visite dans un pareil milieu, mais l’environnement a tout de suite éveillé mes sens. Le décor, les installations. Les équipements. Physiquement tout est presque bien campé.

Les décibels d’une musique techno envahissent agréablement l’espace. Des jolies gazelles aux fesses redondantes en plein exercice. Leurs mouvements synchronisés épousent avec galanterie mon attention. Des mecs aux biceps bien musclés en pleine démonstration. C’était beau à voir. L’environnement est bien attrayant.

Cependant, malgré ce beau spectacle dont je vous décris, j’ai pris du temps à retrouver mon aise. Heureusement que quelqu’un était disponible et disposé à orienter les nouveaux venus.

Durant cette première séance, j’ai été soumis à des exercices préliminaires en vue de relâcher mes muscles. Desserrer  les tissus de mon corps, qui en avaient grandement besoin. Après environ  60 minutes de pratique, je repars chez moi avec le corps en sueur, comme si je viens de concourir Usain Bolt dans un sprint de 100 m.

Peu de temps après ma douche, j’ai le corps tremblant, comme si je suis atteint d’un grand frisson. J’étais même en difficulté de tenir bien un crayon pour corriger un travail que devais remettre à l’université. Je suis tombé de panique.

«C’est normal, ce n’est pas grave», a tenté de me rassurer un compagnon d’appartement. Avec une moquerie a peine cachée, il a conclut que :«les exercices sont à l’origine de ton malaise».J’ai passé tout le reste de la journée du mardi 6 novembre avec un air vivement fourbu. J’avais l’impression que mes muscles ont changé de position, qu’ils ne sont plus les mêmes.

Au lendemain matin, j’ai failli même oublier de me réveiller. Mon corps déjà fébrile paraissait épuisé, déboulonné. Mais, en dépit de tout, je me suis rendu au club pour une autre séance.

A mon grand étonnement, cette deuxième séance me vient comme un «apse sou klou», une plaie qui vient d’être blessée. Migraine, douleur musculaire, nausée, étourdissement, tous les symptômes me sont apparus d’un trait. Ha, ce n’était pas du tout intéressant.

Cependant, tant que les jours s’écoulent, les douleurs et les malaises s’éloignent de moi petit à petit. Et maintenant après bientôt un mois d’exercice, je peux vous dire que je me sens bien dans ma peau, et mes muscles sembleraient bien prêts pour un combat de boxe. Je me sens déjà tellement «gwonèg».

Etre physiquement bien, est une garantie pour la santé mentale. Donc, si vous n’y êtes pas encore, après la lecture de ce billet, faites votre plan pour que prochainement vous vous lanciez dans une quelconque pratique sportive. Les bénéfices seront impayables. Croyez-moi.

Osman Jérôme


Le plaisir et le défi d’être blogueur en Haïti

Accessoires pour bloguer (C) pixabay.com
Accessoires pour bloguer (C) pixabay.com

Voilà que cela fait à peine un an et quelques mois depuis que je me suis véritablement lancé dans le blogging. Et en si peu de temps, je développe une telle passion pour cette forme d’expression médiatique, qu’il est difficile de m’en passer. Ce, en dépit de certaines embuches rencontrées dans le travail.

Malgré des tentatives à canalblog et overblog, ce n’est que grâce au projet MONDOBLOG de Rfi que j’ai eu mon petit premier média sur Internet. Et depuis, parallèlement à mes études, bloguer devient pour moi une activité très passionnante.

En fait, bloguer est pour moi, et pour bien d’autres collègues blogueurs, une autre manière de commenter, de traiter certaines actualités. Parfois avec beaucoup d’humour et de plaisanterie. De la rigueur aussi quand il le faut. Parler de ce qui n’est pas souvent dit dans les médias traditionnels.

Bloguer, c’est s’exprimer avec le ton qui convient sur un fait, un sujet, sans inquiétude d’être borné et censuré par un chef supérieur. Bloguer, c’est parler du monde, de son pays, de sa ville, de son quartier, de sa maison, de sa vie privée quand le désir et le besoin s’imposent. Cependant, tout en respectant certains principes liés au blogging.

Le blogging est une forme d’expression médiatique très en vogue à travers le monde. Il n’est pas inconnu en Haïti. Même si la popularité reste encore à faire. Des journalistes, des étudiants, des artistes, des simples citoyens, je connais quelques amis dans mon entourage qui ont leurs propres blogs où ils commentent régulièrement l’actualité du monde et celle d’Haïti en particulier.

Récemment, dans une courte recherche effectuée sur la Toile, j’ai été surpris de tomber sur presqu’une centaine de blogs, administrés par des Haïtiens vivant en Haïti ou ailleurs. Ils traitent des sujets variés; dont la politique, l’économie, l’éducation, la société. En fait tout ce qui concerne Haïti est vu sous la loupe de ces blogueurs haïtiens, expatriés un peu partout à travers le monde.

Etre blogueur dans un pays du Sud comme Haïti est, pour tout passionné de  l’écriture comme moi, une activité combien intéressante. Les conneries de nos politiciens, la paresse avilissante de nos musiciens, la passivité des citoyens, la mentalité traditionnelle des gens, la vente des nourritures sous des tentes, la transaction des devises sous les trottoirs, l’achat des médicaments en pleine rue, la résignation de la population…, en fait toute la quotidienneté haïtienne est ponctuée des faits et événements qui peuvent être servis de sujets de réflexion aux blogueurs observateurs. Et moi, quand l’occasion se présente, seuls les claviers de mon ordinateur peuvent me monter des obstacles. Sinon je m’y suis adonné obsessionnellement.

Cependant, conjointement à cette passion d’écrire, le blogueur haïtien doit aussi faire face à  une panoplie de défis ; le phénomène du black out, la mauvaise connexion de l’Internet, les difficultés de trouver certaines informations sur le terrain, etc. Donc, être blogueur en Haïti, c’est aussi des coups de sang, de coups de colère quand les conditions de travail ne sont pas toujours réunies.

Imaginez-vous un blogueur, qui n’a même pas une connexion Internet personnelle. Il est obligé d’allouer des heures à un cybercafé pour publier ses billets. Faire la promotion de ses textes sur les réseaux sociaux. Répondre aux commentaires des visiteurs. Un tas de problèmes qui pourraient se transformer en des tourbillons de découragement. Ce qui risque parfois d’emporter l’intéressé vers les nuées obscures de l’abandon.

Mais, sachant pertinemment que nos blogs reçoivent régulièrement des visites selon les statistiques de Google Analytics. Dans la foulée, la patience, le courage, la détermination, la passion font allumer en nous la bougie du plaisir à produire beaucoup plus de billets intéressants pour le plaisir de nos visiteurs. Car le blogging est, avant tout, un amour pour l’écriture, un sens de sacrifice à être toujours présent, sinon on risque de passer inaperçu.

Osman Jérôme


Quand la bande FM est saturée à Saint-Marc

Radio Bande FM (C) pixabay.com
Radio Bande FM (C) pixabay.com

Malgré l’expansion des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, la radiodiffusion comme médium d’information, de formation et de distraction est très prisée dans certains milieux en Haïti. Surtout que certains Haïtiens ont souvent tendance à faire foi évangélique à ce qui est dit à la radio qu’ailleurs. En dépit de certaines lacunes structurelles, certaines de nos grandes chaines médiatiques gardent un niveau très professionnel. Pendant que d’autres ne jurent par l’amateurisme. 

Saint-Marc, c’est la deuxième ville du département de l’Artibonite. Certaines rumeurs feraient croire que c’est la première ville de province haïtienne en matière de radiotélédiffusion. Peut-être que c’est au regard de la quantité de stations de radio qui y diffusent. En tout cas, si cette flatteuse approche reste à prouver par des investigations objectives, la Cité Nissage Saget est fière d’avoir produit plusieurs voix, très appréciées dans le paysage médiatique en Haiti.

Pour une population estimée à 242 485 habitants (en 2009), à la publication de ce billet, la ville compte environ une quarantaine de fréquences radiophoniques. Si par hasard un jour, vous serez de passage dans la zone, je vous laisse cette liste, qui vous permettra d’identifier plus facilement la radio à laquelle vous êtes à l’écoute : Shékina 92.7, Jérusalem 91.7, Apocalypse 91.1, Notre-Dame, Réalité 105.3, News 94.3, Caravelle 102.1, Gémini 101.3, Delta 105.7, Tête à Tête 102.9, Atlantic 97.1, Dynamic 93.7, LJS 100.5, RCH 96.7, Max 104.5, Option Plus 94.7, Mise Star 97.5, Mégalaxy 106.9, Triomphe 92.1, Lakay 99.3, Milenium3 99.9, Dynastie 107.7, Sensation 89.7, l’Union 97.9, Zénith 102.7, Saint-Marc 104.9, Alpha 106.1, Continental 107.3, Amazone 98.5, Vérité 97.1, Evolution Inter, Voix du Salut 102.3, Mélomane, Sisco 88.1, Régional 106.7, Compétence 2000 90.3, Vision 95.5, Dolgui P International 103.3, Sonic 96.3, Freedom 90.7, Carida fm 88.5

Pauvre contenu à l’antenne 

Parler de ce qui est diffusé sur les ondes de la majorité de ces radios (si je me permets d’utiliser le concept), renvoie tout bonnement à la grivoiserie complète. De l’expression la plus obscène à la musique la plus vile, nos opérateurs et nos animateurs ne nous épargnent de rien. C’est de la médiocrité mise à l’antenne. Et croyez-moi bien si vous voulez, le contraire serait étonnant. Car le concept radio dont je vous parle ici ne se définit bien souvent qu’à une chambrette mal aérée, une console, un ou plusieurs microphones. Point final.

Et bien souvent, à l’exception d’une dizaine (si je ne fais pas trop de pitié), ce sont des émetteurs qui sont allumés au gré de leur propriétaire et suivant la distribution de l’énergie électrique sur la ville. Donc, aucune programmation, aucune norme, aucune structure. Tout se fait dans l’amateurisme le plus avilissant.

Par ailleurs, combien de ces stations de radio sont reconnues par le CONATEL (Conseil National des Télécommunications)?, étant l’instance de l’Etat responsable d’attribuer des fréquences selon des normes. Si cette interrogation demeure pendante, cependant, légale ou illégale, chacune de ces radios ont leurs auditeurs.

En dépit de beaucoup d’efforts consentis par certains patrons de ces radios, qui se sacrifient pour garder le niveau, mais on dirait que la force de la médiocrité des autres est beaucoup plus puissante. On ne peut pas s’empêcher d’être inquiet quant au demain de la radiodiffusion  à Saint-Marc.

D’ailleurs, pendant qu’on assiste à cette bousculade de fréquences sur la FM (fréquence modulée), d’autres noms sont annoncés: Explosion FM, Romance FM, Kolezepòl, Magnum FM etc…Souhaitons de tout cœur que ce ne sera pas pour aggraver cette plaie déjà trop béante, mais améliorer cette situation, à laquelle il faut absolument améliorer.

Osman Jérôme


Le prix d’être étudiant haïtien en République dominicaine

UASD de Puerto Plata-Crédit photo : Osman Jérôme
UASD de Puerto Plata (c) Osman Jérôme

République d’Haïti, République Dominicaine. Deux pays. Un bout de terre séparé par des frontières, mais deux situations socio-économiques différentes. Les deux nations doivent leur passé historique à la féroce colonisation des européens (français et espagnols). Bien que partagés l’Ile Hispaniola à deux, pourtant les relations ne sont pas toujours très bonnes entre Port-au-Prince et Saint-Domingue. Il y a toujours des contentieux qui créent des troubles entre les deux peuples.

Ils ont pris officiellement leur indépendance nationale le 27 février 1844 entre les mains des Haïtiens. Ces derniers qui les ont dirigés pendant une vingtaine d’années sous la longue présidence de Jean-Pierre Boyer. Depuis, autant que je le sache et que je l’apprenne, les Dominicains ne voient jamais leurs voisins haïtiens de bon œil. Particulièrement ceux qui, par la force des choses se sont obligés à installer chez eux.

Le flux migratoire des étudiants haïtiens ne cesse de s’accroître. Et le nombre est de jour en jour imposant. La crise socio-économique qui persiste et la faillite du système éducatif haïtien sont entre autres certaines causes de cette migration massive de ces jeunes haïtiens sur le sol dominicain.

Aujourd’hui, ils sont plusieurs milliers d’étudiants haïtiens  à être éparpillés dans plusieurs Universités et centres de formation supérieure à travers tout le territoire dominicain. UTESA, UASD, PUCMM, UFHEC, APEC, INFOTEP, O & M sont les écoles et universités les plus fréquentées par ces jeunes immigrants, venant pour la plupart des grandes villes haïtiennes dont Port-au-Prince, Cap-Haitien, Gonaïves, Saint-Marc, Jacmel, les Cayes, Port-de-Paix…

Ils rêvent de faire carrière en Médecine,  Agronomie, Psychologie, Génie civil, Génie industriel, Gestion des Affaires, etc.…Ces futurs professionnels sont très souvent livrés à eux-mêmes sur cette terre étrangère où la représentation diplomatique haïtienne est presque fantomatique. Sinon qu’on a des représentants qui s’expriment quand des Haïtiens sont lynchés ou tués par des Dominicains. Et dans ces cas, c’est toujours le même refrain ; on déplore ce qui est passé, que le gouvernement dominicain prenne ses responsabilités.

Le prix à payer !

Discrimination, humiliation, haine, abus…le quotidien de certains étudiants haïtiens en République Dominicaine est un véritable cauchemar. Etre étudiant haïtien en RD exige une forte maîtrise de soi, une fouge inébranlable, un courage de fer.

Etre étudiant haïtien en RD, c’est être victime de la méchanceté, de l’ignorance et de la barbarie de certains policiers dominicains qui ne se font pas prier pour vous traiter avec tant d’humiliation.

Etre étudiant haïtien en RD, c’est accepter de vous asseoir chaque jour aux côtés du Dominicain qui vous prend très souvent comme son inférieur. Le Dominicain qui vous balance méchamment certains propos racistes qui transpercent votre cœur d’haïtien comme une épée tranchante.

Etre étudiant haïtien en RD, c’est accepter d’être tout le temps ironisé par le Dominicain quand vous ne maîtrisez pas trop bien certains mots espagnols.

Et enfin, le dernier scandale, la dernière connerie révoltante, est-ce que, dorénavant être étudiant haïtien en RD c’est accepter  de rentrer tous les mois en Haïti sous peine de ne pas être rançonné par les agents de l’Immigration dominicaine. On a pas le droit passer plus qu’un mois sur le sol dominicain sans rentrer en Haiti. Sinon, on sera pénalisé. De 1 à 3 mois on paie 800 pesos. Tant que le séjour s’allonge, le montant que  à verser à la frontière quand on rentre en Haïti sera multiplié.

Récemment, le passeport de mademoiselle Mimose Paulmé, étudiante en Médecine à Universidad Tecnológica de Santiago (UTESA) a été confisqué à la frontière de Jimani. Elle a dû payer 5000 pesos dominicains avant de retrouver son document de voyage, pour avoir passé un an et quelques mois sans rentrer en Haïti.

Personnellement, quelques jours de cela, j’ai été victime de cette mesure discriminatoire. En allant en Haïti, j’ai été obligé à payer 800 pesos dominicains à la frontière de Dajabón pour ne pas partir sans mon passeport.

˝C’est un abus, c’est inacceptable˝, ont amèrement lâché plusieurs étudiants interrogés sur ces dernières mesures mises en vigueur par l’Immigration dominicaine, visant à les indemniser. Pour eux, ce n’est que de l’absurdité.

Rappelons qu’une session d’Université dure au moins 4 mois en République Dominicaine. Absurdité, vol, humiliation ? Les autorités haïtiennes restent toujours muettes dans cette affaire scandaleuse.

Voilà en gros, en quoi se résume la vie d’un étudiant haïtien RD, même si dans quelques cas isolés, certains profs et étudiants dominicains se font de bons amis de quelques étudiants haïtiens.

Retrouvez ce billet sur: www.haitipublicnews.com

Osman Jérôme


De l’Obamania!

Photo: AFP

Mardi 6 novembre 2012. Le monde politique est en alerte. Washington doit connaître son 45e président. Entre Républicain et Démocrate, qui gagnera la faveur des électeurs ? Les sondages rebondissent. Le suspens est tendu. C’était l’évènement du jour.

Grands pays, petits pays. Pays riches, pays pauvres. Pays amis, pays ennemis. On avait tous les yeux rivés sur les Etats-Unis d’Amérique. L’évènement en valait bien l’attention. Surtout qu’entre Barack Obama Mitt Romney, la course était bien serrée.

Comme en 2008, cette année encore, l’effet d’Obama  a fait sensation en Haïti et dans les communautés haïtiennes de l’extérieur. Sur les réseaux sociaux (Facebook, twitter, BBM), les messages de support à l’actuel Président donnent carrément du vertige. Ici en République dominicaine où il y a une forte représention haïtienne, sur les lieux de travail, dans les centres universitaires, les Haïtiens ne parlent que de Barack durant ces quelques jours ayant précédé les présidentielles américaines.

Presque toutes les opinions étaient favorables pour une réélection du leader noir à la tête de la première puissance mondiale. Même si entre autres, certains commentaires sont très amers en ce qui a trait à la politique de l’administration américaine vis-à-vis de la Caraïbe, notamment  Haïti au cours de ces quatre dernières années.

Cependant, en dépit de toutes ces inquiétudes, beaucoup de jeunes intellectuels haïtiens résidant en république voisine voteraient pour l’époux de Michelle, s’ils avaient le droit. Ce qu’ils ne regretteront pas d’ailleurs de n’avoir pas pu faire, puisque leur rêve de voir prolonger le séjour de la famille Obama dans la Maison blanche est devenu réalité.

Obama, c’est comme si wow ! s’exclama avec joie, le soir même du scrutin une jeune étudiante haïtienne qui participait à une discussion sur le déroulement de ces élections avec des collègues haïtiens, très branchés politique. Son émotion était palpitante en attendant les résultats définitifs.

En effet, en applaudissant cette victoire qualifiée de historique du prédisent démocrate sur son rival républicain, ces futurs cadres haïtiens espèrent au moins un meilleur traitement du cas d’Haïti par l’administration américaine dont Barack Hussein Obama aura à conduire pendant 48 mois encore.

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Osman Jérôme


Saint-Marc se déplace en «taxi-moto»

Crédit:goudou-goudou.net

Contrairement à certaines grandes villes de province du pays, Saint-Marc ne dispose pas encore d’un service de taxi-voiture. A part les bicyclettes et les voitures privées, pour se déplacer d’un quartier à un autre, la grande population, les élèves surtout utilisent fréquemment les « taxi-motos ». Constamment, ces petits véhicules deviennent de plus en plus nombreux dans les rues de la ville.

La journée de travail de certains chauffeurs de taxi commence très tôt le matin (4h) et se termine fort tard le soir. Le prix normal d’un trajet est de 10 GHT. Cependant, ça peut-être varié, dépendamment du parcours. Par contre, vu que le tarif n’a pas été fixé par les autorités concernées, parfois chauffeur et passager arrivent même aux mains pour une différence de quelques gourdes.

Au regard des rentrées économiques de cette activité, beaucoup de jeunes garçons s’y adonnent. Surtout quand on a pas trop de choix pour résister à la pression du chômage qui étrangle une bonne partie de la population.

« Une journée de travail peut se terminer avec une remise de 300 gourdes, suivant le moment« , m’a expliqué Pierre, ce jeune chauffeur de taxi, affirmant que les jours de classe sont les plus rentables. « Parfois, on a tellement des élèves à transporter, on est débordé », a-t-il lâché avec un sourire, laissant deviner sa satisfaction.

Outre les passagers réguliers qu’ils transportent, ces « taximan », comme on les appelle couramment, ont des abonnements avec des particuliers, des écoliers surtout qui s’abonnent à eux pour se rendre au travail ou à l’école.

Toutefois, en dépit de son utilité dans la communauté, cette forme de transport très prisée, laisse parfois des regrets, comme n’importe autre d’ailleurs. L’incompétence de certains conducteurs, conjuguée à l’excès de vitesse de beaucoup d’autres, entrainent souvent des accidents de circulation, ayant même engendré parfois des pertes en vie humaine.

Souhaitons vivement une meilleure coordination de cette activité par les autorités de la circulation, en vue d’avoir plus ou moins un contrôle sur les véhicules et les conducteurs qui, souvent ne font aucun respect aux principes de la circulation.

Osman Jérôme