Osman Jérôme

Après Sandy, c’est de «l’Etat d’urgence» !

 

Créditi Photo: noulive.com

Et après Sandy ? Après Sandy, c’est l’Etat d’urgence ! Simple hasard ? Pure coïncidence ? Peu importe, la suite parait tout bonnement logique. Certains diraient même que ce nouveau titre est la réponse au précédent billet, publié il y a 72 heures. Dans la forme, je dirais oui, mais dans le fond, ça n’a absolument rien à voir. 

En effet, les dégâts causés par le passage du cyclone Sandy en Haïti sont pourtant bien plus graves, de ce que l’on pourrait imaginer. Plus d’une cinquantaine de morts, une vingtaine de disparus, plusieurs milliers de personnes déplacées, des ponts endommagés, des plantations détruites, des bétails emportés. Le bilan, quoique toujours partiel, parait bien lourd. Sandy vient de mettre à nue, la fragilité d’un territoire dont les dispositions infrastructurelles obéissent toujours à moindres catastrophes naturelles.

Dans un communiqué officiel en date du 30 octobre dernier, le gouvernement Martelly-Lamothe a décrété un mois de l’Etat d’urgence sur tout le territoire national sérieusement affecté de près ou de loin par les désastres traînés par Sandy. Et cette mesure intervient justement en fonction de la situation résultant du passage de cet ouragan faisant plusieurs milliers de victimes en Haïti.

A rappeler qu’une enveloppe de 21 millions de gourdes soit environ 5 millions de dollars américains a été déjà débloquée en toute urgence pour voler aux secours des populations victimes de ces dernières intempéries. Le Président de la République, Michel Joseph Martelly et le Premier ministre, Laurent Salvador Lamothe ont, eux-mêmes participé à la distribution des kits alimentaires dans certaines zones touchées par les dégâts.

Cependant, comme nous l’avons mentionné dans le précédent billet, il ne suffit pas d’avoir la volonté et les moyens disponibles pour venir aux besoins des sinistrés après ces genres de catastrophes, mais plutôt de se préparer à limiter les conséquences, qui sont toujours très lourdes. Sinon, l’on doit s’attendre encore, malheureusement, à d’autres décrets de l’Etat d’urgence quand de pareils cas se produisent. Surtout que la saison cyclonique ne se termine pas encore.

Osman Jérôme


Et après Sandy ?

Crédit-Photo: noulive.com

Si on vous demande quel est le prénom féminin le plus populaire en Haïti durant cette dernière semaine, vous répondrez sans doute, Sandy. Non pas parce que le prénom est si joli que ça, non pas parce que celle qui l’apporte est belle, ni charmante non plus. Mais c’est tout le contraire. C’est parce ce prénom est porteur de malheur, de douleur et de deuil pour le peuple haïtien.

En effet, Sandy est le nom du dernier ouragan qui a frappé une bonne partie de la République au cours de la semaine écoulée. Des morts, des blessés, des sinistrés, des dégâts matériels, les pertes sont considérables lors du passage de ce dernier, venu compliquer une situation déjà critique.

Le dernier bilan partiel, fait état de 51 morts, 15 disparus, 19 blessés, et plusieurs milliers de personnes sont hébergées dans 158 abris provisoires. Les zones les plus affectées sont entre autres  les départements du Sud, des Nippes, la Grand ’Anse et l’Ouest où des rivières diablement en crue ont beaucoup emporté sur leurs passages.

Pour venir en urgence aux besoins des populations affectées, le chef du gouvernement, Laurent Lamothe a annoncé le déblocage d’une aide pressante de 221 millions de gourdes (environ 5 millions de dollars US). Alors, l’inquiétude, et après ?

En effet, je ne vous apprends rien si je vous rappelle qu’en Haïti, nous avons un « Etat-POMPIER », qui intervient dans les situations d’urgence à la mesure du possible. Mais, non des dirigeants au regard prospectif, qui envisagerait dès maintenant des mesures nécessaires en prévision aux prochains ouragans qui peuvent frapper le pays durant cette période cyclonique.

De toute évidence, après le passage dévastateur de l’ouragan Sandy sur le pays, on doit s’attendre à de nouveaux riches et à de nouveaux pauvres. Surtout dans les régions les plus touchées par les catastrophes. Car l’argent des sinistrés ici, fait souvent des heureux, mais aussi des malheureux.

Cependant, quoiqu’il en soit, espérons que des mesures concrètes soient prises pour au moins diminuer le coût des dégâts des prochains ouragans qui menacent le pays. Oui, c’est vrai, on ne peut pas empêcher les catastrophes naturelles, mais on peut en réduire les conséquences. Sinon les mêmes causes, produiront toujours les mêmes effets.

Osman Jérôme


Des Haïtiens, non-Haïtiens

Passeport haïtien (C) Osman
Passeport haïtien (C) Osman

Paris, 02 novembre 2010. Numéro spécial de Couleurs tropicales, consacré exclusivement à Haïti. Pour l’occasion, Claudy Siar recevait aux studios de la radio mondiale,  Wadson Désir, son correspondant à Port-au-Prince. Il lui parlait entre autres de l’actualité musicale.

Avec un ton  engagé qu’on lui reconnait d’ailleurs, l’animateur a introduit son show par des expressions fortes et frappantes : «Il est important que l’Afrique soit forte, tous pour un même but. Voilà notre force. Mais l’Afrique ne peut pas être forte, désormais nous le savons sans sa diaspora. Et l’un des pays, l’une des terres où l’on est fier, où l’on est fort, c’est Haïti. Et ce, malgré les péripéties». Fin de citation.

Des expressions au sens fort. Aux significations très lourdes. Une approche pompeuse. Une déclaration flatteuse, susceptible de faire naître en chaque Haïtien digne de ce nom un sentiment de gloire, de fierté et de grandeur. Cependant, loin d’avoir une quelconque idée contraire à celle du patron de Couleurs tropicales qui, pertinemment sait de quoi il parlait. Moi personnellement j’ai des réserves quant à la notion de fierté dont il a fait référence dans le cas d’Haïti et de sa diaspora.

La force, le courage, deux des principales caractéristiques du peuple haïtien. Car Haïtien est, selon Jean-Price Mars, l’éminent auteur du fameux «Ainsi parla l’Oncle» : » un peuple qui chante et qui souffre, qui peine et qui rit« . La diaspora haïtienne est dense, forte, oui. Mais fière? Mh ! On pourrait en discuter longuement.

Il est connu, Haïti compte une forte communauté de diaspora éparpillée un peu partout sur plusieurs villes du monde. Aux Etats-Unis, au Canada, au Mexique, en Europe, en Afrique, en Asie, en République dominicaine…Intelligemment, on a même baptisé cette communauté d’expatriés de 11e département en complémentarité aux 10 départements géographiques du pays.

Pour une raison ou une autre, ces Haïtiens qui, volontairement ou involontairement sont obligés à laisser leur terre natale, se retrouvent bien souvent dans des conditions de non-retour. Instabilité politique, précarité de la vie, mauvaise presse sur le pays, parfois certains d’entre eux ont tout carrément honte de dire qu’ils sont Haïtiens. Aux Etats-Unis, à Montréal, à New-York, et même ici en territoire voisine, ce phénomène est très courant.

Cela fait déjà trois ans, depuis que je me suis installé en République dominicaine, spécialement à Puerto Plata, province touristique située dans Nord du pays. Ici, contrairement à certaines autres grandes villes dont notamment Santo Domingo, Santiago ou Higuey, la communauté haïtienne n’est pas trop dense, mais elle est remarquée en tout cas.

On y retrouve des étudiants, des professionnels, des commerçants, des marchands ambulants,etc. Parmi eux, comme dans la communauté locale,  on retrouve des noirs et des gens de couleur, souvent très difficiles à distinguer des Dominicains. Cependant, qu’ils soient noirs ou gens de couleur, je suis déjà tombé sur plusieurs de mes compatriotes qui, pour une raison ou une autre cachent bêtement leur identité haïtienne. Comme quoi c’est une injure d’être Haïtien, comme le croiraient beaucoup Dominicains qui, avec un air souvent très raciste  qualifient les Haïtiens de « Maldito haitiano« , « haitiano es diablo« .

Jai du mal à accepter que cette honteuse pratique soit aussi active dans le secteur universitaire, dit éduqué, cultivé et civilisé même. Des jeunes filles haïtiennes qui portent des perruques, dépigmentent méchamment leur peau pour se faire prendre pour des Dominicaines. Des mecs qui appliquent du gel à leurs cheveux pour se rapprocher des Dominicains. Une vraie crise d’identité.

Personnellement, je côtois divers Haïtiens, étudiants comme moi à UTESA qui nient ouvertement leur identité haïtienne, par peur, bien évidemment de ne pas êtreironisés, mal vus par certains de leurs collègues dominicains. Où est alors cette fierté, cet orgueil d’être fils et filles de la Première République Noire indépendante? En tout cas, quoiqu’on dise, quoiqu’on fasse, il n’y a rien de plus honorable que d’être fier de sa patrie.

Osman Jérôme


Port-au-Prince à l’ère de «Toulèbagay»

Crédit Photo: Culture 509

J’appartiens à cette génération dont les jeunes sont des friands des nouveautés, des accros aux slogans de la rue. Ici en Haïti, on s’adepte facilement aux néologismes qui envahissent agressivement notre parler du quotidien.  Sans être trop branché, parfois, il m’arrive inconsciemment à faire usage de ces nouveaux slogans pour m’exprimer avec mes potes. En tout cas, c’est vraiment loin d’être un péché.

En effet, «toulèbagay» (toutes choses) est l’un des derniers arrivés dans le vaste champ lexical des «bredjenn». C’est le titre de la dernière chanson carnavalesque de Barikad Crew (BC), groupe à tendance rap très populaire en Haïti. Si la musique en soi n’a pas connu trop de succès, mais le titre, qui s’est rapidement transformé en un slogan, a beaucoup gagné en popularité. Peu importe la nature des conversations entre amis, «toulèbagay» revient souvent sur les lèvres.

En fait, même après une seule audition de cette chanson, qui a fait danser plusieurs milliers de festivaliers lors des deux dernières manifestations carnavalesques organisées au cours de cette année en Haïti, vous ferez l’idée que cette Port-au-Prince de «toulèbagay» décrite ici, est loin d’être celle de la moralité, de l’union, de la bonne gouvernance. Mais plutôt celle de la dépravation, de la corruption, de la perversion, de la délinquance, de l’impudicité et de l’immoralité.

«Nou te vle jwenn libète, manje alèz, edikasyon. Men kounya se pa sal ye, tout kote se dezinyon. Se vagabon fè sak pa bon, tout ti jèn nan koripsyon».

«M wè nèg ap souse pou nèg tande, y’ap moute do nèg tande». «Pandann bezwen peyi a devlope, Ayiti dekole. Gen lòt moun se nan pèvès, nan koripsyon yo vle rete kole».  Bricks.

Corruption étatisée, malversation institutionnalisée, la cité dégage une odeur puante de la dépravation. Prostitution, perversité, on est face  à une déviance sociale inquiétante.

C’est l’ère du «bredjenisme», du «bouzinisme» et surtout du fameux phénomène «zokiki», défini comme des rapports sexuels existant entre des mineures et des adultes. On colle aussi à ce phénomène, une série d’activités dévergondées organisées dans des boites de nuit et des clubs. Le menu n’est autre que de la musique hot, la forte senteur de l’alcool, l’odeur étourdissante de la cigarette ou de la marijuana. Tout se déroule dans un sombre décor pornographique.

Oui, c’est vrai. Au sens propre comme au figuré, la ville est exposée à «toulèbagay», qui visent à ternir son image. «Granmoun yo echwe» (les ainés ont échoué) et les jeunes sont déviés (Jèn yo dejwe). Oui, Port-au-Prince se livre à «toulèbagay» qui risque de la supprimer sur la carte morale du globe. On ne prophétise pas le malheur, mais Sodome et  Gomorrhe l’ont été déjà dans le passé.

De la saleté, de l’immoralité, de la perversité…dans cette règne de «toulèbagay», l’inacceptable devient l’acceptable, l’université est «désuniversitarisée», le parlement devient une scène de comédie et de connerie. N’importe qui parle à la radio comme journaliste ou animateur. Notre fierté se meurt à petit feu. Le drapeau de la moralité est en berne. Les valeurs sont foulées aux pieds.  Point de normes pour organiser et guider le comportement des individus. Donc aucune construction de l’idéal.

Osman Jérôme


Facebook: réseau social, réseau sentimental

Facebook (C) pixabay.com
Facebook (C) pixabay.com

Aujourd’hui dans la vraie vie, un individu peut ne pas posséder une pièce d’identification, mais avoir au moins un ou plusieurs profils sur les réseaux sociaux sur Internet. Une communauté virtuelle dont Facebook tient le haut du pavé. Déjà pour ce mois de septembre écoulé, on a parlé d’une vertigineuse prévision d’un milliard de membres pour le réseau bleu.  

Un réseau social, selon le site techno-science.net est «un ensemble d’entités sociales tel que des individus ou des organisations sociales reliées entre eux par des liens créés lors des interactions sociales. Il se représente par une structure ou une forme dynamique d’un groupement social. Donc, c’est un site communautaire, comme un site d’internet qui permet à ses utilisateurs de partager des informations avec un groupe d’amis choisis».

Avant, la communication à distance n’était pas aussi facile. Il n’y avait jamais eu au tant de moyens de maintenir le contact aussi proche et constant avec ses amis et familles. Les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (TICs) nous offrent désormais cette grâce. Et des gens en profitent bien. D’autres même trop.

Comme partout ailleurs dans le monde, la fièvre des TICs s’abat sur Haïti. Le virus des réseaux sociaux n’épargne presque personne. En 2010, selon l’agence en ligne Alterpress ; li y avait plus de 60,000 utilisateurs du site de Mark Zuckerberg en Haïti. Nous sommes presqu’à la fin de 2012, faites-vous même une idée.

Derrière chaque profil se cache une ou plusieurs raisons, dont se faire de nouvelles amitiés, retrouver des camarades de classe perdus, promotionner ses produits et ses entreprises, pour ne mentionner que les plus courantes. En fait, ce n’est pas tout. Le réseau social bleu s’est transformé depuis quelque temps dans certaines communautés, en un « moteur de recherche amoureuse« . Force est de constater que des mecs y viennent pour draguer des filles. Des filles sont inscrites pour charmer des mecs. Des « facebookers » qui se lancent agressivement à l’asseau des cœurs. Hé oui des cœurs ! Des cœurs sensibles, des cœurs généreux, des cœurs soupirants, des cœurs occupés, des cœurs libres. Des cœurs et des cœurs. Jeunes et vieux, petits et grands. A cette catégorie de « chercheur sentimental », on y retrouve toutes les catégories d’âge.

Le monde bouge, les sociétés évoluent, on dirait l’amour et le sentiment aussi. En effet, depuis quelque temps, le réseau social Facebook comme beaucoup d’autres d’ailleurs sur la Toile, est devenu pour des utilisateurs, dont certains frères et sœurs haïtiens un podium de recherche amoureuse. Un espace virtuel de faire la cour à une gazelle, de charmer un mec, de faire une déclaration de cœur à quelqu’un, d’avoir une ou plusieurs relations dites sentimentales à distance. Courtiser des gens que l’on ne connait même pas dans la vraie vie. Il suffit, dans certains cas de partager seulement certaines informations personnelles. Et déjà la connexion est faite en un clic.

Actuellement en Haïti, à défaut d’une connexion Internet personnelle, toujours un luxe dans certains milieux, les cybercafés sont très fréquentés par les accros du Web, dont les utilisateurs des réseaux sociaux en première loge. Dépendamment de la zone géographique, le prix d’une heure de temps de navigation varie entre 30 à 50 gourdes, soit environ US $1. Certains, pour mieux faciliter leur passe-temps se font tout simplement abonner à ces centres, qu’on retrouve d’ailleurs à chaque coin de rue.

Récemment, dans une petite enquête réalisée auprès de certains internautes, retrouvés dans plusieurs cybercafés à Saint-Marc, l’occasion m’a été donnée de voir comment et combien les jeunes se sont adonnés à l’Internet pour faire la cour à des gens. La majorité des interviewés âgés entre 18 à 30 ans affirme avoir déjà au moins une relation amoureuse avec quelqu’un rencontré sur un réseau social, notamment Facebook.

Sur Facebook, ils ont des rapports avec des Haïtiens et Haïtiennes de l’intérieur comme de l’extérieur. Ils côtoient des gens dans d’autres régions du monde qui adorent leur avatar « photoshoppé ». Ils ont cousu des liens avec des gens qui leur envoient de l’argent, et qui ont envie de leur rencontrer, ont-ils fièrement lâché.

Personnellement, j’ai plusieurs amis qui, grâce au site du jeune américain de 28 ans, ont déjà rencontré une âme sœur. Deux se sont déjà mariés. Il y en a pas trop long temps, j’ai un ancien camarade de classe qui a dû laisser Haïti à destination de l’Équateur pour rencontrer une belle Jamaïcaine,  qu’il dit avoir gagné le cœur sur Facebook.

Peut-être, en lisant ce billet avec les yeux rivés sur le petit écran de votre appareil, vous avez la pensée ailleurs. Combien de fois vous êtes déjà dragués (es), courtisés (es) par certains de vos amis virtuels? En combien d’occasions aussi vous êtes déjà tombé (es) amoureux (euse) d’un inconnu rencontré sur Facebook? En tou cas,  vive le réseautage social du monde. Vive l’amour. Vive Facebook.

Osman Jérôme

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Le prix d’une place à l’Université d’Etat d’Haïti (UEH)

Dans la vie, tout a un prix, même si tout ne s’achète pas. Ici en Haïti où même l’essentiel est un luxe, rien ne se donne comme cadeau. En effet, comme pour travailler dans certaines boites, rentrer à l’Université publique du pays n’est pas une aubaine, mais un combat de «Super man».

Avec une capacité moyenne de 4500 étudiants, l’Université d’Etat d’Haïti ci-devant l’Université d’Haïti est la plus grande Université du pays, en dépit qu’elle soit loin de répondre adéquatement à sa principale mission qui est de : Contribuer à maintenir l’enseignement supérieur en Haïti au niveau des avancées de la science et de la technologie.

Regroupant onze (11) entités, dont Faculté d’Ethnologie (FE), Faculté des Sciences Humaines (FASCH), Faculté de Médecine et de Pharmacie (FMP), Ecole Normal Supérieure (ENS), INAGHEI, Faculté de Droit et des Sciences Économiques (FDSE), Faculté des Sciences (FDS), Faculté de Linguistique Appliquée (FLA), IERAH/ISERSS, Faculté d’Agronomie et de Médecine Vétérinaire (FAMV) et Faculté d’Odontologie (FO). Ces maillons constituent la plus grande chaine universitaire de la République, toujours en proie à toutes sortes de crise.

Cependant, malgré toutes ces difficultés d’ordre infrastructurel, organisationnel et fonctionnel dont fait face l’UEH, elle reste et demeure pour certains la meilleure option à prendre. Surtout quand on n’a pas le moyen d’aller se former à l’étranger.

Chaque année, on enregistre plus de 26.000 inscrits dans les différentes facultés de l’UEH dont la capacité d’accueil ne dépasse plus de 4500 places, même en incluant l’ouverture prochaine du Campus de Limonade. Et qui pis est, une partie importante de ces places sont réservées à des ministres, des parlementaires, des officiels du gouvernement, ayant, eux aussi des petits proches qui doivent également rentrer à l’Université publique du pays sans passer par les traditionnels concours. Et n’en parlons même pas du phénomène des places vendues. Suivez mon regard.

Parmi ceux qui ont bouclé leurs études en Haïti, un infirme pourcentage va se filer sous d’autres cieux pour se former. D’autres vont s’orienter dans des centres universitaires privés, qui ne répondent toujours pas aux bourses de la masse. Donc, vous pouvez déjà vous faire une idée de la bataille féroce à laquelle doit se livrer celui qui, à tout prix ou par la force des choses veut se faire une place à l’une des facs de l’UEH. Se faire inscrire, subir le concours, être admis, se faire immatriculer, garder sa place durant la première année, tout se révèle du parcours d’un vrai combattant.

En 2008, j’en ai moi-même fait cette expérience vertigineuse. En dépit que j’habitais  à Port-au-Prince en ce moment, je me rappelle avoir laissé ma maison à 5h du mat pour aller me faire piétiner, bousculer, chiffonner dans une longue file durant de bonnes heures avant de me faire finalement inscrire à la Faculté d’Ethnologie (FE). Heureusement depuis quelques temps que ça a un peu changé avec le processus des inscriptions qui se font via internet. Même si entre autre, la validation des pièces reste encore un cauchemar pour les inscrits.

Cependant, malgré les calamités et les péripéties connues pour se faire inscrire et passer le concours d’admission, mais voir votre nom parmi les 250 retenus sur les 2500 inscrits, par exemple  à la FE se transforme en une joie explosive, plus sensationnelle que toutes autres choses. Vous êtes heureux. Vous êtes félicités, spécialement pour cette victoire remportée sur la méchanceté et l’incompétence des  autorités, qui ne font rien pour améliorer les conditions d’études supérieures dans le pays.

Vous êtes fier. Sachant surtout qu’il y a de vos amis, ayant passé presque presqu’une décennie à payer les 500 HTG réclamées pour les frais de l’inscription sans parvenir un jour à être admis. Alors, là vous pouvez crier « J’ai combattu de bons combats, et désormais la couronne de l’UEH m’est réservée ».  Lol !

Par ailleurs, le nouveau étudiant doit commencer par se préparer à une perpétuelle lutte contre certains vieux démons dont Recteur, Doyen, Professeurs qui se transforment souvent en des barricades humaines pour l’empêcher à décrocher à temps voulu une Licence, une Maitrise ou autres.

Osman Jérôme

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Les dessous de la “Politi-Comique“ d’Haïti !

Parlement haïtien-Source : https://maghaiti.com/wp-content/uploads/2013/08/chambre-des-deputes11.jpg
Parlement haïtien-Source : https://maghaiti.com/wp-content/uploads/2013/08/chambre-des-deputes11.jpg

Entre la politique et la comédie en Haïti, on dirait qu’il n’y a qu’un pas ; l’une se joue au palais national, au parlement et l’autre se déroule dans nos salles de spectacle. Mais au fond c’est le même décor. Le même délire.

Grivoiserie, obscénité, connerie, comédie, corruption, malversation…que de mots dont on se sert aujourd’hui pour se référer au monde politique haïtien.

Depuis quelque temps, la politique au pays de Jean-Jacques Dessalines est classée dans la catégorie de n’importe quoi, que s’exerce n’importe qui, n’importe comment. Faire de la politique n’a plus le but d’améliorer les conditions de vie dans la cité. Mais plutôt un moyen sûr d’avoir un visa, de pouvoir voyager à l’Occident, d’assurer une fortune. Ainsi, être politicien ou homme politique en Haïti actuellement, est une injure, une honte, synonyme de menteur, corrupteur, marchand de pays.

Sans aucune formation académique adéquate, et n’en parlons même pas de formation en politique, aujourd’hui  n’importe individu, peu importe son rang social peut, un bon matin se déclarer politicien et se porter candidat à la plus haute magistrature de la République. Tonnerre de Brest !

Certains observateurs accusent sans réserve la constitution de 1987 qui, dans son contenu ne fait aucune référence quant au niveau intellectuel quand à celui qui veut briguer un poste dans l’administration politique du pays. Donc, poursuivent toujours ces observateurs, il est évident que le palais national et le parlement se transforment désormais en des scènes de dérive, de connerie et de comédie hilarantes, décapantes, désopilantes sans bornes et sans précédent.

Dans certaines rencontres au somment entre l’Exécutif et le Législatif, les propos grivois et obscènes constituent très souvent le menu des débats et des discussions entre président, ministres, sénateurs et députés qui s’entre-déchirent et s’entre-tuent au profit de leurs petits intérêts mesquins.

Dans les sociétés organisées, faire de la politique ou être politicien requiert au moins un minimum de savoir-faire et demande une formation académique équilibrée. Malheureusement ici, ces qualités essentielles cèdent plutôt à la prédominance de l’idiotie spécialisée, de l’alphabétisme maquillé et de l’arrogance agressive. Ici, la politique est plutôt l’affaire des cons que des gens cultivés. Donc, il est évident qu’aujourd’hui n’importe qui siège à l’Assemblée Nationale en tant que parlementaire, sans même pouvoir s’exprimer clairement dans sa langue maternelle (le créole).

La tradition, la polémique, la comédie, la connerie, la grivoiserie, la corruption…voilà en quoi se résume depuis quelque temps le long feuilleton de la politique haïtienne, dont les épisodes sont des scènes de désespoir, tournées sur des plateaux de malversation et jouées par des « acteurs amateurs ». Le tout, dans un sombre décor qui ne projette rien de beau ni de bon sur  l’avenir.

Osman Jérôme 


Richie, un musicien de « klass »

Jean Hérard Richard (Richie)

Ingéniosité, dextérité, créativité, virtuosité, originalité… Les mots ne sont pas trop flatteurs pour présenter Jean-Hérard Richard aka Richie, l’un des plus talentueux musiciens que le Kompa Direct, la musique dansante haïtienne, a connu durant ces vingt dernières années. Richie, un nom qui, après 12 ans d’exercice musical professionnel s’inscrit déjà en grandes lettres dans le panthéon des figures emblématiques de la musique locale. Ce qui lui a valu l’estime de toute une génération, de tout un peuple.

Capois très fier, l’homme au look tape à l’œil appartient à cette Nouvelle Génération du Kompa, fortement estampillée par la paresse et la médiocrité avilissantes des compositeurs, musiciens et paroliers qui se versent plutôt dans la facilité au détriment du travail bien fait. Après quelques expériences, peu fructueuses, celui qui avoue être né avec la musique dans le sang a commencé officiellement à jouer le Kompa en 1992 au sein du groupe de Tah-paj avec des têtes qui, aujourd’hui sont très connues et appréciées en Haïti dont Arly Lariviere, Gazzman “Couleur” Pierre, Nixon Mésidor, etc. Cette expérience, bien que fugace, lui a tout de même valu quelques lauriers de compliments.

Il est arrivé à Zenglen en 1997. Dès son mariage et jusqu’à sa séparation avec le l’équipe « 5 étoiles« , Richie a majestueusement laissé son empreinte sur ce groupe qui l’a vraiment propulsé sur la scène musicale. La virtuosité de son écriture musicale est acceptée et approuvée par les critiques les plus acerbes. Sa dextérité à la batterie est chose rare. Ses arrangements musicaux flattent les tympans. Percussionniste, compositeur, arrangeur, chanteur, producteur l’auteur de « Fich bòlet » possède un art envoûtant et inclassable.

Aujourd’hui, après avoir tourné la glorieuse page de Zenglen, il revient sur le podium musical avec « klass« , sa propre  formation musicale, en nous proposant « Yon bagay 9 » (quelque chose de neuf). Après plus dune décennie de carrière, richement couronnée de succès et de gloire, certains chuchoteraient que le « Super star maker » n’a pas trop grand-chose à prouver de son talent de musicien accompli, respecté et respectable. Mais à 43 ans le Professeur, ayant bonne maîtrise de sa grammaire musicale, veut encore prouver à tous que la matière grise de son être est toujours en constante ébullition et prête à accoucher de nouvelles sonorités rythmiques comme il en a l’habitude. D’ailleurs, en réécoutant « 5 dwèt« , « 5 étoiles », « 5 continents« , « 5 sens + « 1, « 5e vitesse », des tubes qui vous prennent toujours aux triples à chaque audition, il ne serait pas moche et vain d’espérer du nouveau de ce musicien de « klass 5 étoiles ». Vous avez !

Osman Jérôme


Je suis Haïtien, donc je suis retardataire

Comme dans toutes sociétés du monde, la quotidienneté de l’Haïtien est fortement influencée par sa vision des choses, sa mentalité, ses expressions culturelles, ses traditions ancestrales qui, entre autres forment son identité de peuple.  

Comme faire pipi dans la rue, être en retard à un rendez-vous pour certains Haïtiens est un rien. Un rien avec lequel qu’on s’accommode tellement, jusqu’à ce qu’il devienne une seconde nature pour certains.

En effet, si vous voulez bien garder votre amitié  avec certains Haïtiens, ne leur prends jamais de rendez-vous à x ou z heure précise. A moins que vous soyez un donneur de visa américain, canadien ou français travaillant à l’une de ces ambassades.

Pour l’Haïtien, l’heure n’est jamais l’heure. Donc, arriver en retard à une rencontre à l’heure exacte est une maladie dont il ne peut se permettre de ne pas souffrir. Et ce,même dans les rendez-vous les plus importants. A l’église, à l’école, à l’hôpital, à l’aéroport, au travail… l’Haïtien se fait souvent réprimander pour son retard.

Moi, ce qui me dérange le plus dans tout ça, c’est que le retardataire vous trouve toujours une histoire à compter, une excuse pour tenter de légitimer son comportement irresponsable.

Parfois, on se demande, si ce n’est pas un fait exprès ou c’est quelque chose qui nous est propre? On dirait les deux ; car il y a certains de ces rendez-vous, dont ceux à l’ambassade par exemple, les gens préfèrent d’être là de bonnes heures avant au lieu d’être en retard d’une seule minute. Les agents de sécurité et ceux-là qui s’occupent du nettoyage dans les plus grandes ambassades à Port-au-Prince en témoigneraient avec plus de précision. Personne ne voudrait jamais manquer un rendez-vous à l’ambassade des Etats-Unis, du Canada ou de la France, etc. Même si c’est pour recevoir un ticket de refus à la demande d’un visa, que l’on n’accorde pas tous les jours.

Osman Jérôme

 


MINUSTAH : une Mission de Paix et de Peur !

Via noticiassin.com
Via noticiassin.com

Entre la paix et la peur, grande est tellement l’écart qu’il serait difficile d’imaginer, de concevoir une cohabitation des deux ensemble. Mais le caractère dualiste du monde, exige que le bonheur et le malheur partagent le même lit, le bien et le mal boivent dans le même verre, l’amour et la haine habitent le même cœur. D’ailleurs, on a même avancé que “ Toute chose existe par son contraire“.

Haïti, début 2004. Départ fracassant de l’ancien Président Jean-Bertrand Aristide du pouvoir le 29 février. Un décor inesthétique du chaos est dressé sur Port-au-Prince. L’Organisation des Nations Unies (ONU) dont Haïti est membre depuis le 24 octobre 1945,  a en urgence délégué un contingent de militaires et soldats à Port-au-Prince dans une mission de stabilisation : MINUSTAH (Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti).

Ils sont pour la plupart des Brésiliens, Chiliens, Uruguayens, Népalais entre autres ayant constitué le noyau de ces soldats et militaires étrangers, basés presque sur tous les 22750 km2 du territoire national. Entre eux, on compte quelques ingénieurs et médecins de formation.

Avant comme après la chute du leader de l’Organisation Politique « Fanmi Lavalas », le pays était sous le poids d’une série d’actes de banditisme et de criminel rendant la vie presqu’impossible  aux citoyens. Ces derniers qui se voient obliger d’éviter certaines zones chaudes de la capitale haïtienne, pour ne pas être kidnappés, violés voire même tués.

Face à ce contexte de trouble, d’insécurité généralisée, les membres de la Police Nationale paraissaient visiblement impuissants. Surtout avec les faibles moyens et ressources dont ils se disposent. Les gangs armés qui opéraient dans plusieurs quartiers de Port-au-Prince, dont Cité Soleil, Martissant, Bel-Air ont été fortement mieux équipés que nos sœurs et frères policiers.

Avec l’arrivée des soldats et militaires onusiens, armés jusqu’au seuil de la provocation, on s’attendait à une baisse de l’insécurité sur le pays, notamment dans certaines grandes villes ( Gonaïves, Cap-Haïtien, Saint-Marc, Petit-Goave) ayant été toujours des points de mobilisations ayant conduit au départ de l’ancien prêtre de Saint Jean-Bosco.

En effet, comment on pouvait s’y attendre, conjointement à certains corps spécialisés de la Police Nationale d’Haïti (PNH), les membres de la mission de paix arrivaient à maitriser, contrôler certaines zones de turbulence de la capitale en éliminant énergiquement plusieurs chefs de gang, très réputés et reprochés pour leurs implications dans des actes de kidnapping et de meurtres commis sur les membres de la population. Malgré des rapports, pas toujours très harmonieux avec les agents locaux, les membres de la MINUSTAH ont beaucoup aidé à la PNH à pacifier (approximativement) certaines régions du pays, ayant été sous le contrôle de certaines bandes armées.

Sécurité, construction d’écoles, réparation d’hôpitaux…certaines œuvres sociales portent la signature de la mission internationale. Plus de huit ans après, ce serait une expression d’ingratitude de nier l’apport des casques bleus dans un retour approximatif à la normale au pays, après la chute de Jean Bertrand Aristide à la tête du pouvoir.

Cependant, 8 ans après, le bilan des agents onusiens ne fait pas l’unanimité. Cela suscite beaucoup de remous au sein la population haïtienne, dont plusieurs membres sont déjà victimes d’une manière ou d’une autre de la présence prolongée de ces soldats et militaires onusiens, ironiquement qualifiés de “tourista“ par les membres de population.

Vol, viol, détournements de mineurs, les membres de la MINUSTAH ont participé dans divers actes malhonnêtes, ayant indigné les haïtiens. Leurs implications dans la propagation de l’épidémie de choléra, qui a fait plus de 7000 cadavres, plusieurs actes de viol dont celui de Johny Jean commis par des uruguayens. Des crimes qui ont soulevé les mécontentements de la population, qui voit en ces soldats et militaires des agents de déstabilisation que de stabilisation.

MINUSTAH est loin de réussir à sa mission de paix, opinent certains observateurs, qui ne nient pas non plus l’importance de la présence des casques bleus aux côtés des policiers nationaux pour sécuriser le pays. Cependant, d’autres plus sceptiques, se demandent plutôt ; jusqu’à quand, sont-ils au pays, ces soldats et militaires de Paix et de Peur ? Suivez bien mon regard !

Osman Jérôme