Des aides qui n’aident pas
Comme d’ailleurs dans beaucoup d’autres pays du Sud, on dirait que la communauté internationale est très, voire même trop impliquée dans les affaires d’Haïti. Quand ce n’est pas pour la civilisation et l’évangélisation, c’est pour la stabilisation. Politique, économie, société, sécurité, le pays est comme un élève maternel qui s’assoit gentiment pour recevoir la dictée piégée de son professeur au regard malicieux. «Qui reçoit, s’assoit», diraient les plus avisés.
Depuis cette perte de pouvoir politico-économique, qui est remontée, selon certains observateurs, en 1986 soit à la chute des Duvalier, on assiste à une République d’Haïti dépendante, dont la grande partie des projets sont financés par les «Aides» des pays dits Amis. Avec son «bol ble» toujours suspendu, le pays est devenu mendiant.
Apparemment, les donateurs internationaux se montrent plutôt très généreux quant il s’agit d’apporter leurs assistances aux haïtiens. Surtout dans les moments les plus difficiles : les catastrophes naturelles, les désastres, entre autres.
Des aides pour la reforme de l’éducation, des aides pour la construction des routes, des aides pour la santé, des aides pour les élections, des aides pour l’agriculture…presque tout ce qui se fait en Haïti, est, d’une manière ou d’une autre, de près ou de loin, directement ou indirectement soutenu, financé par un organisme international ou par la diaspora haïtienne. Cette drrnière qui est très forte d’ailleurs.
Entre la communauté internationale, les ONG (Organisations Non Gouvernementales) et nos dirigeants, parfois on se demande avec ambiguïté ; qui décide vraiment sur l’avenir du pays. Qui décide quoi ? Qui fait quoi ? Comme se demanderait récemment, notre ami blogueur Nelson Deshommes dans une réflexion publiée sur la crise haïtienne, dans laquelle les gens du Nord sont très impliqués. Une situation qui, aujourd’hui, semblerait-il, est loin d’être sous le contrôle de nos dirigeants «tèt kale». Car pour exécuter beaucoup de projets du gouvernement, il faut attendre le décaissement de fonds des bailleurs internationaux dont FMI (Fond Monétaire International), Banque mondiale, etc. N’a-t-on pas toujours dit : «Qui finance, gouverne». Suivez bien mon regard.
Des millions, des milliards Dollars et d’Euros décaissés chaque année pour la construction des routes, des hôpitaux, des écoles, pour la reforme dans l’agriculture…Même l’Haïtien le moins sensé se demande parfois où sont passées ces sommes ? Car cet argent fait tout, sauf les projets pour lesquels, qu’ils ont été destinés.
Par conséquent, les populations nécessiteuses ne perçoivent presque jamais l’odeur de cet argent. Au contraire, ces sommes faramineuses contribuent à enrichir les dirigeants, lester leurs greniers à satiété, ériger leur mégalomanie. Ce, pendant que la population continue à moisir dans la crasse, à vivre dans la pitance.
Si aujourd’hui, vu la précarité de la situation, on est unanime à reconnaitre qu’Haïti ne puisse se passer de l’aide internationale pour «dekole» (décoller), pour reprendre l’évangile politique du moment, il faudrait au moins une autre forme de gestion de ces assistances financières, pour qu’elles puissent être bénéfiques au profit de la population, sinon on risque de faire pas sur place sur le piste du décollage.
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Osman Jérôme
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