MINUSTHA dans le collimateur du peuple haïtien
29 février 2004, à la suite d’une série de violents affrontements entre les forces de l’ordre, les proches et les opposants du pouvoir, Jean Bertrand Aristide a finalement chuté. Et le chaos s’installe à Port-au-Prince.
Dans l’urgence, le Conseil de Sécurité de l’ONU a délégué une Force Multinationale Provisoire pour éviter le pire.
Premier juin de la même année, par la résolution S/RES/1542 (2004), MINUSTHA (Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti) succède à la première délégation provisoire. Une mission armée pour un retour à la normale dans une république fragilisée après le départ du leader de « Fanmi Lavalas ».
Depuis son arrivée sur le sol haïtien, la mission de paix onusienne n’a cessé d’être l’objet de toutes les critiques, positives et négatives. Tantôt pour sa collaboration avec la PNH (Police Nationale d’Haïti), tantôt aussi pour son implication dans des actes regrettables, comme le vol, le viol, le détournement des mineurs, propagation de maladie, entre autres.
Le Brésil, l’Argentine, le Népal, la Jordanie, le Chili, le Pérou, l’Uruguay, sont entre des pays membres de l’ONU ayant composé cette mission de paix déployée presque sur tout le territoire national.
Du gouvernement provisoire de Boniface-Latortue, en passant par celui de Préval-Bellerive jusqu’aujourd’hui, la participation des soldats onusiens à la sécurité intérieure du pays est remarquable. D’ailleurs, annuellement le mandat de ladite mission est sujet de renouvellement.
Alors qu’ils participent au rétablissement de la paix dans le pays, certains soldats de la MINUSTHA sont souvent accusés d’avoir participé à des actes horribles commis sur la population: du viol au détournement des mineurs, du vol à la propagation de la maladie, le comportement de certains casques bleus n’a cessé de soulever la colère de la population haïtienne, qui n’a pas pris temps à réclamer leur départ du sol de Dessalines.
Jouissant de la complicité des dirigeants, qui peut-être, ne voulant pas mettre en péril leur sécurité personnelle, malgré les dénonciations, les débats médiatisés, les marches de protestations, rien de concret n’est jamais entrepris pour le retrait de ces troupes étrangères, qui ont pratiquement failli à leur mission de paix selon certains observateurs.
Récemment, les dernières études scientifiques pour déterminer l’origine de l’épidémie du choléra ont responsabilisé aux bataillons népalais de la mission onusienne de la propagation de cette maladie, ayant tué plus de 5500 personnes et aujourd’hui encore continue à faire des victimes au sein de la population. Cette affaire a engendré pas mal de mécontentements à travers tout le pays où les gens des dix départements géographiques se montrent hostiles aux casques bleus.
L’affaire Johny Jean
La dernière goutte d’eau qui allait faire renverser la coupe, est cet acte de sauvagerie et de sodomisation duquel a été victime Johny Jean. Ce jeune haïtien de 18 ans, brutalement violé par quatre (4) soldats uruguayens de la force onusienne, basée à Port Salut (dans le Sud du pays).
Les soldats impliqués dans cette affaire ont été vitement identifiés et transférés en Uruguay pour qu’ils puissent être jugés selon la gravité de leur acte en vertu des lois établies par l’ONU. Cette situation n’a pas tardé à soulever la conscience de plus d’un.Ce qui a engendré depuis quelques jours des manifestations contre la présence trop durée des troupes onusiennes en Haïti.
Entre le soutien de certains hauts dirigeants du pays, appuyant sa présence et le mécontentement avoué de la population qui réclame son départ sans condition, l’avenir de la MINUSTHA inquiète certains observateurs.
Osman Jérôme
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