Port-au-Prince: dangereusement sous les débris du 12 janvier
Plus de quatre ans après le puissant séisme du 12 janvier 2010, physiquement, Port-au-Prince porte encore les cicatrices du drame. Des maisons fissurées par-ci, des décombres par-là, la reconstruction est lente.
En effet, malgré les lourdes conséquences de « goudou goudou », l’Haïtien semble n’a pas encore pris conscience du danger des catastrophes naturelles. Car peu de temps après le lugubre tremblement de terre, Port-au-Prince a repris ses mêmes anciennes habitudes, surtout en matière de construction. Hormis quelques grands chantiers, les nouvelles constructions ne respectent point les normes élémentaires imposées par les autorités compétentes.
Entre-temps, les empreintes du séisme restent une autre grande menace pour la population. Dans plusieurs endroits de la zone métropolitaine, notamment à Delmas, les débris de plusieurs édifices se transforment désormais en des petits marchés informels. Une image indigne de la raison.
Il est 11h, nous sommes à Delmas 33, non loin des locaux de la Télévision Nationale d’Haïti (TNH). Certains vendeurs dos aux murs endommagés, d’autres, courageusement debout. Dans un sombre décor, un petit marché inorganisé est campé. Marchands et acheteurs discutent les prix. Chacun les yeux ouverts sur son propre avantage. Mais semble aveugle aux risques qui cachent derrière ces morceaux de béton, se tenant péniblement debout.
Regards avides de profit, sourires innocents, les commerçants s’installent dans une quiétude à peine croyable. On mange, on cause, on rigole, tout se passe dans un confort à l’haïtienne.
Le danger est là. Entre les fissures des édifices délabrés, la vie et le malheur se côtoient comme deux doigts d’une même main. D’un effondrement à autre, tout peut arriver. Mais tout le monde s’en fout. Même les autorités qui doivent veiller sur la ville.
Bergers, brebis, la république souffre d’une déficience de lucidité. Personne n’est capable de prévoir cette menace qui plane sur une capitale, déjà souffreteuse.
Il y a de l’urgence. Les autorités ne doivent pas rester les bras croisés, attendant le jour du malheur pour pleurer les victimes. Elles doivent agir dès maintenant. Car les risques frappent déjà à la porte.
Osman Jérôme
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