Haïti: après le carnaval, retour à la réalité
Ceux qui adorent les ambiances mondaines, ne peuvent pas se plaindre ces temps-ci en Haïti. Le Président Michel Martelly pense bien à eux. Car depuis sa prise de pouvoir, il y a déjà deux ans de ça, l’ancienne vedette de Sweet Micky s’investit avec joie dans une politique de divertissement sans précédent.
Pétition signée, manifestations organisées. Pour ou contre, du 28 au 30 juillet, le carnaval des fleurs, soit le deuxième carnaval de l’année, a eu bien lieu à Port-au-Prince. Comme l’aurait souhaité le premier citoyen de la nation.
Et qui sait, durant ces trois jours gras, combien de peine et de soucis de la vie se sont noyés dans les déhanchements et les bousculades des fêtards.
C’était le rendez-vous où que des milliers de gens se donnaient vivement pendant trois jours d’ambiance à haut débit, offerts gratuitement au Champ-de-Mars.
Deux morts, des centaines de blessés, des bandes à pieds et des chars allégoriques défilant pendant trois jours, voilà en gros, le bilan pour les quelques 97 millions de gourdes décaissées pour l’organisation de ces festivités.
Et après ?
Les dirigeants, semblent ne pas trop avoir réfléchi là-dessus. Le carnaval des fleurs n’était juste qu’une parenthèse dans la vie du peuple haïtien. Ce dernier qui adore bien se défouler.
Cependant, trois jours de bamboche n’auraient jamais été suffisants pour cacher sous des masques, la dure réalité d’une population qui cherche encore une lueur d’espoir dans une grotte de difficultés.
Aujourd’hui, nous avons une République qui trémule face à des enjeux socio-politiques très coriaces: l’affaire Jean Serge Joseph, un juge récemment décédé dans des conditions suspectes. Un dossier sensationnel dans lequel la présidence serait impliquée.
Urgence électorale : aujourd’hui plus que jamais, la réalisation des prochaines élections sénatoriales et municipales à la fin de l’année est comme une épée de Damoclès sur la tête du gouvernement. D’ailleurs, le mot d’ordre est lancé ; élections ou démissions.
Donc, fini les trois jours gras, retour à la réalité. Une réalité qui, de toute évidence, n’est point rose ni pour le pays ni pour les dirigeants.
Osman Jérôme
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