Le plaisir et le défi d’être blogueur en Haïti
Voilà que cela fait à peine un an et quelques mois depuis que je me suis véritablement lancé dans le blogging. Et en si peu de temps, je développe une telle passion pour cette forme d’expression médiatique, qu’il est difficile de m’en passer. Ce, en dépit de certaines embuches rencontrées dans le travail.
Malgré des tentatives à canalblog et overblog, ce n’est que grâce au projet MONDOBLOG de Rfi que j’ai eu mon petit premier média sur Internet. Et depuis, parallèlement à mes études, bloguer devient pour moi une activité très passionnante.
En fait, bloguer est pour moi, et pour bien d’autres collègues blogueurs, une autre manière de commenter, de traiter certaines actualités. Parfois avec beaucoup d’humour et de plaisanterie. De la rigueur aussi quand il le faut. Parler de ce qui n’est pas souvent dit dans les médias traditionnels.
Bloguer, c’est s’exprimer avec le ton qui convient sur un fait, un sujet, sans inquiétude d’être borné et censuré par un chef supérieur. Bloguer, c’est parler du monde, de son pays, de sa ville, de son quartier, de sa maison, de sa vie privée quand le désir et le besoin s’imposent. Cependant, tout en respectant certains principes liés au blogging.
Le blogging est une forme d’expression médiatique très en vogue à travers le monde. Il n’est pas inconnu en Haïti. Même si la popularité reste encore à faire. Des journalistes, des étudiants, des artistes, des simples citoyens, je connais quelques amis dans mon entourage qui ont leurs propres blogs où ils commentent régulièrement l’actualité du monde et celle d’Haïti en particulier.
Récemment, dans une courte recherche effectuée sur la Toile, j’ai été surpris de tomber sur presqu’une centaine de blogs, administrés par des Haïtiens vivant en Haïti ou ailleurs. Ils traitent des sujets variés; dont la politique, l’économie, l’éducation, la société. En fait tout ce qui concerne Haïti est vu sous la loupe de ces blogueurs haïtiens, expatriés un peu partout à travers le monde.
Etre blogueur dans un pays du Sud comme Haïti est, pour tout passionné de l’écriture comme moi, une activité combien intéressante. Les conneries de nos politiciens, la paresse avilissante de nos musiciens, la passivité des citoyens, la mentalité traditionnelle des gens, la vente des nourritures sous des tentes, la transaction des devises sous les trottoirs, l’achat des médicaments en pleine rue, la résignation de la population…, en fait toute la quotidienneté haïtienne est ponctuée des faits et événements qui peuvent être servis de sujets de réflexion aux blogueurs observateurs. Et moi, quand l’occasion se présente, seuls les claviers de mon ordinateur peuvent me monter des obstacles. Sinon je m’y suis adonné obsessionnellement.
Cependant, conjointement à cette passion d’écrire, le blogueur haïtien doit aussi faire face à une panoplie de défis ; le phénomène du black out, la mauvaise connexion de l’Internet, les difficultés de trouver certaines informations sur le terrain, etc. Donc, être blogueur en Haïti, c’est aussi des coups de sang, de coups de colère quand les conditions de travail ne sont pas toujours réunies.
Imaginez-vous un blogueur, qui n’a même pas une connexion Internet personnelle. Il est obligé d’allouer des heures à un cybercafé pour publier ses billets. Faire la promotion de ses textes sur les réseaux sociaux. Répondre aux commentaires des visiteurs. Un tas de problèmes qui pourraient se transformer en des tourbillons de découragement. Ce qui risque parfois d’emporter l’intéressé vers les nuées obscures de l’abandon.
Mais, sachant pertinemment que nos blogs reçoivent régulièrement des visites selon les statistiques de Google Analytics. Dans la foulée, la patience, le courage, la détermination, la passion font allumer en nous la bougie du plaisir à produire beaucoup plus de billets intéressants pour le plaisir de nos visiteurs. Car le blogging est, avant tout, un amour pour l’écriture, un sens de sacrifice à être toujours présent, sinon on risque de passer inaperçu.
Osman Jérôme
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