Haïti, à l’ère de l’indécence vestimentaire
Dis-moi ce que tu portes, et je te dirai qui tu es. Car si l’habit ne fait le moine, souvent ça permet à l’identifier.
L’industrie de la mode est à son pic. D’ailleurs c’est un secteur très prolifique en termes de créativité. Chaque style entraine un autre. Et les consommateurs semblent n’être jamais satisfaits.
Ces dernières années, malgré un regard conservateur dans certains milieux, le style vestimentaire s’est beaucoup banalisé dans la société haïtienne. Notamment chez les jeunes, friands des nouveaux looks.
Facilement influençables, ils (les jeunes) font presque tout pour se mettre dans la peau des personnages cosmétiques vendus dans les clips des rappeurs américains et dans les feuilletons télévisés.
Robes décolletées, minijupes extravagantes, jeans troués, « pantalon san fouk », «kilòt tanga », et voici Haïti qui doit faire face aux possibles dérives sociales des nouvelles tendances vestimentaires.
L’année dernière, dans une sortie pour le moins courageuse et osée, l’ancien commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Me Lucmane Delille a vainement tenté de rappeler le peuple à l’ordre. Mais son intervention jugée correcte par certains a plutôt fait scandale dans les médias.
Bon, il faut tout de même comprendre que, le code vestimentaire ne serait que le cadet souci d’un pays comme Haïti toujours trop pris dans d’autres dossiers plus épineux. Bref.
En effet, il y a peu de temps je participais à un festival de musique organisé dans le département de l’Artibonite. Ce fut pour moi, une autre occasion de me faire une idée de ce que certains appellent déjà une dégénérescence sociale et vestimentaire rongeant agressivement une bonne frange de la jeunesse haïtienne.
Si certains jeunes furent décemment vêtus, d’autres portèrent des accoutrements frisant la vulgarité. Les filles dans des décolletés qui stimulent comme des produits aphrodisiaques. Les mecs avec des jeans trainant sous les fesses. Toujours une main pour en tenir la braguette. Sinon ça glisse facilement sur les genoux. Des strings mal placés, des boxers froissés. Oh quelle démocratie vestimentaire !
Ces tenues immodestes partant vulgaires que portent désormais les jeunes, choquent certains observateurs. Ils y voient l’exemple d’une société démissionnaire. On s’en fiche donc de tout.
Aujourd’hui, certains semblent avoir carrément du mal à se vêtir décemment, peu importe l’exigence protocolaire. Les gens, notamment les filles n’ont plus de modération. Cuisses, ventre, poitrine dehors, elles s’exposent dans des tenues qui épousent l’exhibitionnisme.
Les églises et les écoles souvent considérées comme des lieux de respect, ne sont plus exempts de ce phénomène. Le constat est partout pareil. Provocation en tout temps et en tous lieux.
Imaginez-vous une jeunesse qui montre déjà peu de goût pour les choses morales, s’expose aujourd’hui à des modes vestimentaires expressément conçues pour la provocation. En tout cas, la chose me paraît beaucoup plus sérieuse que l’on pourrait imaginer.
Osman Jérôme
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