Des écoles haïtiennes en République dominicaine

17 février 2013

Des écoles haïtiennes en République dominicaine

Ecole Mixte La Rédemption de Puerto Plata

La colonisation franco-espagnole a divisé l’île en deux parties : soient la partie l’Est (Santo Domingo, République Dominicaine aujourd’hui) pour les Espagnols et la partie l’Ouest (Haïti) au profit de la France.

Après cette tranche d’histoire, les deux bouts de terre formaient un seul, soit sous la gouvernance du président haïtien Jean-Pierre Boyer (1818-1843). Ce dernier a dirigé l’île toute entière pendant plus d’une vingtaine d’années.

Séparée géographiquement d’Haïti par des frontières, la République Dominicaine est, depuis quelque temps, le centre d’accueil immédiat, disponible à recevoir  graduellement les fugitifs de l’instabilité socio-politique d’Haïti. Quotidiennement, la communauté haïtienne se fait de plus en plus dense. Et par conséquent, les enfants haïtiens ont besoin d’être éduqués. Mais comment y parvenir ?

Voulant être indépendants comme leurs voisins haïtiens. Fouettés par leur orgueil patriotique. Profitant de l’exil de Jean-Pierre Boyer et des troubles politiques qui prévalaient en Haïti (le pays occupant), une insurrection dominicaine chassa la garnison haïtienne de Santo Domingo le 27 février 1844, et proclama officiellement l’indépendance  du pays après 22 ans d’occupation militaire haïtienne.

En effet, si l’on se réfère à ce qu’ont opiné certains historiens, les événements ayant abouti à cette indépendance, révèlent d’une part du courage des Dominicains, et d’autre part, de l’incapacité avilissante de l’État haïtien à se diriger. Bref. Fermons rapidement cette parenthèse historique.

Légaux ou illégaux. Etudiants. Travailleurs/professionnels. Jeunes ou vieux. Le taux croissant des Haïtiens qui traversent les frontières pour s’installer en République  Dominicaine, est d’un nombre important. On les retrouve presque partout sur le sol du pays voisin.

Une fois arrivés, les immigrants haïtiens mènent leur vie parfois comme s’ils étaient chez eux. Ils participent activement à la vie sociale du pays d’accueil. Etudier, travailler, évangéliser, accoupler. La présence haïtienne est fortement remarquée dans les rues dominicaines.

Entre ceux qui sont arrivés, y en a qui viennent avec toutes leurs familles (papa, maman et enfants). Les parents haïtiens accouplent et donnent naissance à des enfants. La communauté s’augmente. Par conséquent, l’éducation des visiteurs se fait sentir.

Nés sur le sol du pays, parfois ces petits haïtiens se confrontent souvent à de sérieuses difficultés pour fréquenter légalement les centres éducatifs dominicains. Ce, malgré le statut légal de leurs parents dans certains cas.

Pour palier à ce problème majeur, certains professionnels/éducateurs haïtiens passent à l’offensive. Ils créent des écoles haïtiennes dans le milieu éducatif dominicain. Ils veulent offrir le pain de l’instruction à ces enfants. Car, pour reprendre cette phrase de Georges Jacques Danton : « Après le pain, l’éducation est le plus grand besoin d’un peuple ».

Ces établissements scolaires, dans la plupart du temps bénéficient du soutien des missionnaires étrangers en mission en République Dominicaine. Élèves haïtiens. Professeurs haïtiens. L’éducation à l’haïtienne. Evidemment.

En effet, pas en trop grand nombre, ces centres éducatifs fonctionnent au niveau primaire pour la grande majorité. A Puerto Plata par exemple, on dénombre une dizaine de ces petits centres scolaires, offrant le pain de l’éducation aux immigrants haïtiens.

Une fois accédés à ces centres éducatifs, les élèves reçoivent une éducation comme s’ils étaient chez eux. Manuels scolaires. Pédagogie de travail. Programmes élaborés. Tout se fait à l’haïtienne.Même pour subir les examens officiels du CEP (certificat d’Etudes Primaires), les élèves sont renvoyés à leur pays d’origine.

«Vu l’importance vitale de l’éducation dans la formation socio-intellectuelle d’un individu, nous avons jugé bon de mettre sur pied cet établissement scolaire avec nos faibles moyens. Il est plus que pressant de permettre à ces enfants haïtiens aux parents incapables, de bénéficier le pain indispensable de l’éducation», a exprimé monsieur Prosper Saint-Fleur, directeur de l’Ecole Mixte la Rédemption. Le responsable a aussi fait état de la situation difficile dont il confronte à maintenir en vie cet ambitieux projet. Du même coup, ce normalien expérimenté lance un vibrant appel à tous, notamment des Haïtiens de partout, touchés par cette situation,à lui tenir la main dans cette aventure. «Car les petits immigrants haïtiens en République Dominicaine ont un besoin urgent de se faire éduquer», a-t-il conclu.

En fait, penser à éduquer les enfants haïtiens en RD, c’est plus que bon. Cependant, cela doit se faire selon des normes et des critères pédagogiques. Les enseignants doivent être bien encadrés et structurés au profit de ces enfants, jeunes et adultes immigrants haïtiens en République Dominicaine, qui, entre autres ont grandement besoin de se former intellectuelle et socialement.

P.S : à tous ceux qui désirent de contacter les responsables de l’Ecole Mixte de la Rédemption, ils peuvent le faire à ecolemixtelaredemtion@yahoo.fr

Ce billet est aussi disponible sur: www.haitipublicnews.com

Osman Jérôme 

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