Haïti et son rituel électoral
« Dis-moi qui compose le conseil électoral, et je te dirai qui gagnera les élections ». On est presque fini par s’habituer avec cette singularité électorale en Haïti. Des résultats sont souvent connus même avant l’organisation des joutes, et favorisent bien souvent la consolidation du pouvoir en place. N’était-ce pas le cas, on se demande pourquoi des conseils électoraux partent souvent en exil après les élections ?
Décembre 1990, le pays a fait expérience de ses premières élections démocratiques. Jean-Bertrand Aristide est porté à la présidence par le choix du peuple. Il est renversé peu de temps après par un coup d’état militaire. Et depuis, les crises électorales se suivent et ne s’arrêtent plus.
Tradition électorale litigieuse
De présidence en présidence, de parlement en parlement, ces dernières années, la contestation électorale devient une habitude dans la vie politique haïtienne. Des sénateurs, des députés, des maires, des élus contestés, la République en a fait l’expérience. Et a bien évidemment payé le prix.
Les scrutins sont souvent entachés de fraudes et d’irrégularités. Puis, le feedback est toujours le même : manifs, violences, cassures, oppositions. Donc, toujours une crise post-électorale qui persiste. Comme si la construction de la démocratie et l’Etat de droit se font dans le désordre électoral ?
Ce qui est pire ; ça ne dit rien aux politiciens. Au contraire, les arrange bien dans leur costume d’opportunistes sans scrupules. Quelle mocheté !
Quant à la communauté internationale et aux bailleurs de fonds, ils jouent tout simplement leurs jeux de diplomatie et de démagogie occidentales. Quelles sont leurs implications dans les crises électorales haïtiennes ? Quelles sont leurs partitions dans le processus de la démocratie en Haïti ? Questions pour un champion. Mais ce qui est certain, ils financent toujours les compétitions électorales. Et parfois, chuchotent les mauvaises langues, la communauté internationale a même ses candidats préférés ?
Et les prochaines élections ?
Les prochaines compétitions électorales haïtiennes retiennent les attentions, occupent les débats et suscitent des inquiétudes.
En effet, il a fallu tout un processus houleux pour camper la machine électorale qui doit organiser les élections sénatoriales, locales et municipales d’ici la fin de l’année. S’il y en aura bien entendu. Car jusqu’à présent, aucune date officielle n’est encore fixée.
Malgré la pression des partis politiques, l’incertitude plane encore. N’y a-t-il pas une urgence électorale ? Il y en aura ? Il n’y en aura pas ? On verra bien.
Aujourd’hui, nous avons un collège électoral à la crédibilité douteuse. Des conseillers électoraux qui n’épousent pas la confiance de l’opposition politique qui ne cesse d’ailleurs de s’en plaindre. « De bonnes élections ou l’avion », c’est déjà le slogan d’une partie de l’opposition politique qui préconise l’organisation des élections transparentes et démocratiques.
La maturité démocratique ne s’acquiert jamais dans le vagabondage électoral. Le pays a assez de ce modèle électoral conflictuel. Qu’on a enfin des représentants élus dans la transparence.
Désormais, il est de toute urgence de penser à construire notre idéal démocratique en tant que peuple. Désobstruer le pays de cette tradition électorale litigieuse. Ainsi, vous léguerez aux générations futures, une République digne de son passé.
Bien à vous, chers politiciens, néo-politiciens de mon fier pays !
Osman Jérôme
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