Prostitution clandestine
La prostitution en tant que phénomène de société , ne date pas d’hier. L’activité serait vieille comme le monde. Comme pour dire que, rien n’est vraiment de nouveau sous le soleil. Dans nos sociétés actuelles, et même avant, être prostituée n’a jamais été un titre honorifique. Voire si l’activité est imposée comme mécanisme de défense aux intempéries de la vie quotidienne.
Ouvertement ou clandestinement, nombreuses sont les filles à travers le monde qui se livrent à ce métier vilain, qui a déjà ôté la vie à plusieurs travailleuses de sexe.
Depuis quelque temps déjà, la prostitution juvénile gagne les trottoirs de certaines grandes villes en Haïti. A Saint-Marc, certains coins sont réputés cartels des prostituées ; Portail Mont-Rouis, Portail des Guêpes sont des exemples. Quand le soleil n’est plus sur la ville, le marchandage sexuel est au rendez-vous dans ces bordels toujours très fréquentés.
Récemment, pour me faire une idée de ce que rapportent souvent les mauvaises langues, j’ai été sur le terrain. Non pour une observation participante, mais pour vérifier certains faits.
Un samedi soir, 21h10, je suis arrivé à Portail des Guêpes (rien que pour le besoin de ce billet). Quartier « hot », véritable bastion des clandés dans la cité.
Il y a au moins deux discothèques dans la zone. Les alentours grouillent toujours de visiteurs, friands des ambiances nocturnes. La forte senteur de l’alcool, la fumée des cigarettes, la musique non stop, des bars, des restaurants, ici les gens ne sommeillent, presque pas.
Bienvenue Kay Ti Marcel
Kay Ti Marcel est la maison de la débauche sexuelle la plus populaire dans la zone. Et ce n’est pas une pub hein. Elle se trouve ici à Portail des Guêpes.
Ce vieux bordel reçoit depuis quelque temps, des vendeuses de sexe venant de plusieurs régions du pays. De temps à autre, il y a de nouvel arrivage pour la satisfaction de la clientèle. J’ai été bien informé en effet.
Généralement, les commerçantes (sexuelles) sont pour la plupart des jeunes de 18 à 30 ans. Elles sont toutes là pour des raisons différentes.
Si certaines sont des professionnelles dans le domaine, d’autres, par contre, sont à leurs premiers coups d’essaie, comme le cas de cette jeune Capoise de la vingtaine rencontrée sur le balcon de Kay Ti Marcel.
Nadège appartient à cette catégorie de jeunes filles, qui pratiquent la prostitution en catimini. D’ailleurs, quoique hors de sa ville, l’étrangeté de son comportement parait très suspecte. Comme si elle aurait eu peur de ne pas être vue par quelqu’un. Ses parents, ses amis, personne de son entourage n’est au courant de ses activités nocturnes. Sauf ses clients.
Elle s’essaie à cette activité des amours vénales pour s’offrir une meilleure vie, que ses parents ne peuvent lui garantir. Des smartphones, des tablettes numériques des vêtements de qualité, elle en a besoin dans sa vie de fille de Nouvelle Génération. Mais que faire ?
Appuyée contre un mur, les bras croisés. Flanquée d’une minijupe qui ne cache rien de ses jolies cuisses. Elle se met dans une position qui fait valoir son potentiel de séduction. La jeune femme est d’une courtoisie obséquieuse. Activité oblige !
Ce lieu de débauche, elle y fréquente depuis quelque temps déjà. Loin des attentes fixées, notre interlocutrice avoue être satisfaite parfois de la rentrée économique de ce métier.
Le prix minimum d’un moment avec Nadège est de 100 GHT ( environ US $ 2.50), mais la jeune fille nous confie, qu’après service, certains clients lui offrent parfois même le quintuple du montant normal. Satisfaction garantie.
D’autre part, avec la bonne humeur quasi absente sur son visage, la jolie demoiselle affirme n’être pas seule à exercer cette activité à l’insu de ses parents. Elles sont trois amies venant du Cap-Haïtien et des Gonaïves, à être toujours ensemble dans les boites de nuit qu’elles fréquentent.
En effet, pour certaines raisons, à un certain âge, on peut ne pas s’inquiéter pour une prostituée, mais quand des ados, pour se payer certains luxes matériels, pour répondre à des soucis de la vie, se livrent clandestinement à ce mouvement de jamais dodo, cela nous interpelle en tant que citoyen conscient. Voire que, certains parents ont démissionné de leurs missions.
D’ailleurs, que servira-t-il à une société qui produit des filles, troquant les bancs des écoles pour les divans des boites de nuit ? En tout cas, loin de m’éterniser sur les multiples causes de la montée flagrante de cette vague de prostitution clandestine, je pense qu’il y a trop de laisser-faire. La République doit rapidement se ressaisir.
L’Etat, parents, à vos responsabilités.
Osman Jérôme
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