Eaux en sachets, Ô inquiétude !

Article : Eaux en sachets, Ô inquiétude !
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24 avril 2013

Eaux en sachets, Ô inquiétude !

Crédit-Photo: Jérome Osman
Crédit-Photo: Jérome Osman

La question de l’eau potable en Haïti, est un sujet très sensible et complexe à la fois. A Port-au-Prince comme en provinces, la population ne peut pas se payer le luxe de compter sur l’Etat pour s’approvisionner en eau traitée. D’ailleurs, on peut même se demander, s’il existe une institution de l’Etat, chargée de régulariser la question de la distribution et de la vente de l’eau potable dans le pays ?

Tout le monde se débrouille à sa façon. On boit comme on peut. Donc, quand on ne boit pas ce qu’on doit, on boit ce qu’on a. Et ce, peu importe les risques sanitaires.

Dlo se la vi (l’eau c’est la vie). Ce refrain est très populaire en Haïti. C’est entre autres, une forme de pub, qui sert de mobilisation, invitant les gens à ne pas faire gaspillage de l’eau qui coule dans leurs robinets, et surtout à faire attention aux eaux qu’ils consomment. Car, si l’eau, dans un contexte général se réfère à la vie, dans un autre sens plus restreint, l’eau que l’on consomme peut se coûter aussi la vie. Surtout  quand elle n’est pas bien traitée.

 Invasion des eaux en sachets

Crédit-Photo: Jérome Osman
Crédit-Photo: Jérome Osman

Cela fait quelque temps déjà, on assiste à l’arrivée incessante d’une pléiade de petits sachets d’eau sur le marché commercial local. Des gens, pour la plupart des ados, se promènent sous le soleil des quatre (4) coins du pays avec un sac sur tête ou porté de la main, criant sans cesse dlo pyas, dlo glase. Et parfois, dans un cillement de paupières, le produit est écoulé. A regarder l’ampleur grandissante de cette activité commerciale, on dirait que, la rentrée économique n’est pas si mauvaise pour les producteurs et les marchands.

Certains sont des produits locaux, d’autres sont importés. Ils portent toutes sortes de noms. Et peu importe la marque de fabrique, toutes ces eaux sont scellées « traitées et purifiées par osmose inverse ». Comme pour certifier qu’elles sont potables ?

Entre-temps, certains membres de la population ont été déjà hospitalisés après avoir seulement consommé quelques gouttes de ces eaux. Mais en réalité, qu’il y a-t-il de véracité dans la qualité de ces produits? A quel contrôle, que ces eaux ont été soumises avant d’être distribuées sur le marché ?, se questionnent certains observateurs. «La distribution incontrôlée de ces eaux représente un menace pour la santé de la population», a lamenté une dame dans un autobus de transport en commun aux Gonaïves.

Distribués à des prix rabattus (soit à 1 GHT, 2 GTH), certains de ces petits sachets d’eau (s’ils sont utiles, font beaucoup de mal que de bien aux consommateurs).

Maintenant à qui la faute ? Aux responsables qui ne font presque rien pour résoudre la problématique de l’eau traitée en Haïti, ou à la population qui se livre à elle-même ? En tout cas, en attendant que les responsables prennent leurs responsabilités pour régler le secteur de l’eau potable en Haïti, la population est invitée à se méfier de l’eau qu’elle consomme, surtout ces eaux en sachets.

A bon buveur, salut !

Jérôme Osman

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Commentaires

nathyk
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Même réalités qu'ici en Afrique ! Il y a de quoi être inquiet !
Avec des eaux douteuses, les médicaments mal conservées, un personnel médical de bordé et parfois peu professionnel, la pauvreté des bourses, la santé pour tous est un luxe dans nos contrées.

Osman Jérôme
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Comme tu dis, l'inquiétude est bien grande.

Serge
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"ces eaux en sachets" causent également un sérieux préjudice à l'environnement, quant à leur qualité hygiénique j'ai également mes réserves.
Abraço!

Reynaldo G. Carlson
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L’approvisionnement de la population en eau potable est l’un des plus grands problèmes d’Haïti, car l’eau potable n’est pas accessible à une grande partie de la population, surtout en région rurale. Dans la plupart des cas ce n’est pas la disponibilité de l’eau qui pose problème, mais les distances à parcourir pour se la procurer. En effet, les habitations en milieu rural se trouvent souvent en altitude, alors que les sources se situent en bas dans les ravins. Durant les périodes de sécheresse, la situation devient encore plus difficile, car certaines sources tarissent et les distances à parcourir deviennent encore plus grandes. Pour obtenir un minium d’eau pour boire, cuisiner, se laver et nettoyer habits et maison, les femmes et les enfants prennent leur boquittes (bidons) et vont les remplir à des stations de distribution. Ils doivent payer pour chaque seau et les ramènent alors à la maison en portant les dix kilos sur leur tête. Là où il n’y a pas de telle station, les gens prennent l’eau d’une rivière ou d’un fleuve, mais cette eau est souvent contaminée et insalubre. Une troisième possibilité c’est de capter de façon illégale une conduite d’eau existante. Par conséquent les quelques conduites d’eau existantes sont détruites. A Port-au-Prince, des marchands d’eau se gagnent la vie en vendant de l’eau dans des gobelets ou dans des petits sachets en plastique. Les enfants poursuivent les camions-cisternes transportant de l’eau pour récupérer l’eau qu’ils perdent. Même en ville, seulement la moitié des habitants disposent d’eau, mais qui souvent n’est ni propre ni potable. De même il n’existe pas de système d’évacuation et de traitement des eaux usées et par conséquent la diarrhée, la fièvre typhoïde et la malaria constituent les causes principales de la mortalité des enfants.

Vernon H. Foster
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« Quand le droit à l’eau n’est pas respecté, cela ouvre la voie à la violation d’un ensemble de droits comme le droit à la santé, à l’éducation et même à la vie, tout court », dit Antonal Mortimé, secrétaire exécutif de la Plateforme des organisations haïtiennes de droits humains (POHDH).