Endurance sexuelle, trop de préoccupation

Se référant aux interminables débats qui se font autour de la sexualité, on peut aisément se faire une idée, combien que le terme de la conduite sexuelle est divers et complexe. Et à la fois fascinant. Bon, c’est bien qu’une évidence. Car, si l’on se recourt à la pyramide des besoins de Abraham Maslow, comme apaiser sa faim, étancher sa soif, la recherche à la satisfaction sexuelle est un désir primaire. Une gratification, dont l’homme ne peut se passer pour sa croissance physico-émotionnelle.
Par contre, la sexualité comme telle, est sujet à toutes sortes de diffamation et de déformation. Et n’en parlons même pas de la conduite sexuelle, qui renvoie très souvent à des monstres contradictions. Surtout quand la culture se mêle de la partie.
Chacun de nous (sauf dans certains cas d’abstinence ou autres circonstances particulières), entretient des rapports sexuels. D’ailleurs, le sexe (comportement sexuel ou de reproduction), c’est bon pour la santé. De nombreuses études scientifiques l’ont prouvé. C’est comme un regain d’énergie, qui nous procure une sensation de rajeunissement et prolonge notre vie.
La question du temps
En effet, tout bon rapport sexuel exige au moins certains critères. La disposition des partenaires, l’érection, la virilité et (l’endurance ?). Ce n’est pas moi qui vous l’apprends d’ailleurs.
Chez nous en Haïti, comme d’ailleurs dans beaucoup d’autres pays, l’endurance sexuelle est un sujet de grande préoccupation. On dirait que la pleine satisfaction sexuelle se résume au minutage du coït ? En effet, ici en Haïti, très souvent, quand un mec n’est pas capable de tenir la tête pendant un temps record dans un rapport sexuel, il ne se sent pas «djanm». Il n’est pas digne d’être garçon. Donc, c’est un cas perdu, ironiseraient les plus taquins. Vous riez sans doute. Mais ce sentiment de culpabilité n’est pas pourtant innocent. Car certaines de nos filles ne ménagent pas leurs mots, quand il s’agit d’injurier les adeptes des brèves performances. Les hommes «incapables» sont souvent traités de toutes sortes de mauvaises expressions : salaud, «payas», «pa itil», «bonjou pwèl», «sal pwèl». Voire si la gazelle reste encore avidement sur sa soif.
L’éjaculation précoce, l’ennemie # 1
Le terme est vieux comme l’histoire de Daniel dans la force aux lions, mais il garde encore toute sa fraicheur dans notre vie quotidienne. Le concept en soi est complexe. Il renvoie à autant de définitions concordantes et divergentes aussi. Mais, en toute simplicité, «l’éjaculation précoce est définie bien souvent comme une condition où l’homme éjacule trop rapidement avant ou après la pénétration». Mais combien de temps doit prendre une pénétration pour que vienne la satisfaction ?
D’ailleurs, pour certains, la notion de précocité sexuelle est très subjective ; ce qui est rapide pour un couple ne l’est peut être pas pour un autre, et les femmes ont toutes une différente idée entre rapide ou pas». Suivez bien mon regard !
Aux grands maux, aux grands remèdes
La peur de ne pas pouvoir répondre à la satisfaction sexuelle de leur partenaire, devient un trouble pour certains. Par conséquent, la solution est de se mettre à la hauteur. Et comment ? Par n’importe quel moyen. Et ceci, peu importe le risque sanitaire qui s’en suit.
Bon, on a tellement proposé de solutions (très souvent inefficaces) à l’éjaculation précoce, parfois on dirait que, ce n’est de la spéculation ou de la divagation gratuite. On dit, on invente n’importe quoi, ayant rapport à ce trouble sexuel. Quoique identifié, loin d’une résolution durable, bien souvent le problème persiste. Mais que faire ?
Voulant remédier à cette problématique d’insuffisance sexuelle, les victimes courent à toutes solutions imaginables : sexologues, médicaments, produits chimiques (gel, spray, boissons énergisantes), produits naturels (boutèy bwa, pistach, lanbi), entre autres.
Risques sanitaires
A défaut de ne pas pouvoir consulter un médecin spécialiste, les gars ont recours à toute une gamme de produits chimiques ou naturels sans aucun avis médical. Des produits, dont les conséquences néfastes ne sont pas toujours immédiates.
D’emblée, le jeune qui souffre de cette perturbation sexuelle, qui ne fait pas honneur à sa réputation d’homme, s’accompagne souvent son « pwa » ou de son « STUD 100 ». Des produits qui retardent (longuement) l’éjaculation. Mais à quelle fin ? À quel risque ?
Selon certains témoignages, l’utilisation de ces produits, stimulent tellement l’endurance, qu’il arrive dans des cas que le pénis du garçon soit anesthésié. Par conséquent, il devient difficile que l’organe se soit dégonflé, même après deux heures d’activité. Évidemment, ce qui peut entrainer des effets perturbateurs sur la santé de l’utilisateur. À chaque avantage, son inconvénient. Pas de panique ? Mais combien d’utilisateurs de ces substances ont été déjà hospitalisés ? Combien d’entre eux ont, définitivement perdu leur érection après un certain temps ?
Ces derniers temps, l’Haïtien invente toutes sortes de trucs pour être plus performant au lit. Maintenant, parallèlement à la consommation abusive des substances, on parle de «sapatann», «polis kouche», «zo reken». Des formules montées de toutes pièces pour prolonger bêtement les rapports sexuels. Par conséquent, les techniques de l’amour, l’aspect émotionnel de l’expression sexuelle, tout semblerait méprisé au profit de l’endurance. L’acte sexuel est dénaturé.
Aujourd’hui, on est face à une situation où l’acte sexuel se résume presqu’à une question d’endurance. D’un trait, le sexe devient un combat sans faille, une lutte acharnée. L’utilisation des produits, de stimulants pour être performant, a dépouillé le rapport sexuel de son caractère sacré. Quel dommage en tout cas ! Car, pour répéter le psychothérapeute et sexothérapeute Alain Héril, «Ce qui fait l’alchimie d’une sexualité épanouie, ce n’est pas la quantité, mais la qualité de nos échanges». Que celui qui a de l’intelligence, comprenne.
Osman Jérôme
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