Ici, pas de crédit

26 février 2013

Ici, pas de crédit

Money Euros (C) pixabay.com
Money Euros (C) pixabay.com

«Ne me parlez pas de crédit, parlez-moi de Dieu». «Ici, le crédit est mort, les clients l’ont tué». «Ici, pas de crédit surtout pour vous». Autant d’avis et de messages, faisant le décor des murs et des planchers de beaucoup de petites boutiques de rue en Haïti, notamment à Saint-Marc. A défaut d’en pleurer avec de grosses larmes chaudes, on en rit à gorge déployée. Car le message est bien clair. Peu importe votre urgence, si vous n’avez pas votre argent compté, n’y allez même pas. Sinon, imaginez-vous le reste. Mais pourquoi en fait ?

En effet, avec le peu de moyens dont ils disposent, certains membres de la population haïtienne s’investissent dans le secteur informel. Grands commerçants. Commerçants détaillants. Marchands ambulants. On les colle toutes sortes de noms, suivant l’ampleur de l’activité commerciale. Par-ci, par-là, nombreuses sont les rues de la ville, occupées par des petites boutiques de provisions alimentaires, de quincaillerie, de produits pharmaceutiques, entre autres.

Dans certaine mesure, cela parait parfois très bénéfique pour la majorité de la population. Car bien souvent, les gens préfèrent faire leurs emplettes dans ces petites guérites au détriment des super marchés, où il faut être taxé bien évidemment pour le climatiseur et la génératrice. Donc, comme si nous autres, les consommateurs, nous ne sommes pas aussi des victimes de la rareté de l’électricité. Bref.

Madame, monsieur, si vous ne le savez pas encore, laissez-moi vous rappeler que, en Haïti, environ 70% de la population n’ont pas accès à ce fameux pouvoir qu’on appelle pouvoir d’achat. Même pour se nourrir. Et, cette situation semble, n’est pas encore trop grave pour attirer l’attention des responsables. Malheureusement, l’homme ne vit pas seulement de parole et de promesse, mais de pain tout d’abord.

En effet, comprenant la précarité de la situation, d’ailleurs, dont ils ne sont pas exempts, certains propriétaires accordent généreusement du crédit (une forme d’achat sans argent immédiat) à certains habitués de leurs négoces. La formule est simple : on a besoin de quelque chose. On n’a pas de l’argent disponible. Donc on achète et on vient acquitter sa dette après x jours. Ce qui permettra aux vendeurs d’avoir les moyens nécessaires de s’approvisionner des produits manquants ou de nouveaux articles.

En fait, le plus intéressant dans tout ça, c’est que, la dette une fois honorée, l’acheteur peut s’approvisionner à nouveau. Il viendra payer prochainement. Mais quelle créativité de l’esprit, Quelle idée géniale. Malheureusement, entre vendeur et acheteur, le rythme n’est pas toujours bien harmonisé. «Règleman konn gate zanmi», contrairement à ce qui est encré dans l’inconscient collectif des haïtiens.

En fait, si dans certains cas, la formule (l’achat à crédit) marche très bien, dans d’autres, non. Des clients refusent de payer. Parce qu’ils ne peuvent pas ou ne veulent pas ? L’un ou l’autre ? Parfois les deux mêmes. Ce qui contraint à certains propriétaires de fermer leurs portes aux acheteurs sans argent prêt. Hélas.

Mais, comment subitement refuser une bouteille de coca-cola à un habitué du bar, pour n’avoir pas dans ses poches les 15 Gourdes pour apaiser une soif ? Ou comment faire, pour ne pas livrer une boite de lait condensé à une mère, dont le nourrisson meurt de faim ? Cela parait évidemment un peu compliqué. Du moins, pour les moins intelligents. Alors, dans ce cas, pour éviter d’être piégé par sa conscience, trahi par sa sensibilité, guidé par son humanisme, le propriétaire avisé passe à l’offensive. Car, Business Is Business, dirait un ami américain.

Par conséquent, en lieu et place d’une affiche de Bienvenue, le client sera désormais reçu par «Ici, pas de crédit, surtout pour vous !». Alors, mais qui est ce vous ? Moi ou les autres ? Non, ceux qui n’ont pas honoré leurs dettes. Mais pas moi en tout cas.  Ne vous questionnez plus. Peu importe, c’est le crédit même qui est mort. Il est assassiné par les clients irresponsables. Donc, plus besoin de demander pour lui. D’ailleurs, s’il vous a été un bon ami, toutes nos sincères condoléances. A dieu !

Osman Jérôme

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Commentaires

Wolf Quiet Boy Quiet
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on ne peut pas passer par cette rue car on a une dette et parfois le proprietaire surveil ou depose son plainte au ''CASEC'' de cette dite zone, lollll. j'adore le cote social de mn pays, trop triste pr en rire!

Osman Jérôme
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Il parait que tu parles en connaissance de causes Wolf.

alain lambert
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Osman Jérôme
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Le message est passé, monsieur Lambert.

cireass
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Ça veut dire tout simplement que ceux qui dormaient se sont réveillés. Ce que je vois dans tout ça c'est que la pauvreté tue l'humanisme !

Osman Jérôme
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Et ça tue aussi le monde.