Les sacrifices d’étudier dans une langue étrangère

A l’instar de plusieurs futurs professionnels de ma génération, j’ai toujours rêvé d’étudier dans un pays étranger. Si je ne savais pas où exactement, j’avais une préférence pour les pays francophones. C’est plus qu’évident. Car l’apprentissage serait bien plus facile. En effet, contrairement à cette préférence, me voici depuis quelque temps en République dominicaine pour mes études en Psychologie.
En effet, même si étudier dans un pays hispanophone, voire en République Dominicaine n’a jamais été mon rêve. Mais une fois que la situation se présente, je m’adapte, je m’accommode. D’ailleurs, n’a-t-on pas toujours dit que le liquide prend toujours la forme du récipient qui le contient ?
L’aventure
Tout d’abord, comme tout étudiant étranger qui se respecte, une fois débarqué ici, je me suis fait inscrire à un institut de communication pour apprendre l’espagnol avant de franchir les portes de l’université.
A « Andrea Escuela de Idiomas », j’ai passé quelques mois. Mais on dirait sans trop grand succès. Le problème est que, l’espagnol qu’on apprend à l’école est différent de ce qu’on parle et entend dans la rue. Donc, c’est un dictionnaire de différence quand on se communique avec son entourage.
Ici en République Dominicaine, la grande partie de la population s’exprime dans un espagnol propre à elle. On n’articule presque pas la lettre s, peu importe où elle se trouve dans un mot. Par exemple: au lieu de «Buenas noches, le Dominicain vous dit «Buena noche». «Buen día» au lieu de «Buenos días». Ou parfois, on avale tout bonnement une ou plusieurs syllabes d’un mot. Par exemples : on dit «Cómo estas, le Dominicain vous dit «como ta. «Tamo bien» pour «Estamos bien». «Toy mal» en guise de «Estoy malo». C’est comme ce qu’on appellerait en français une économie articulatoire.
On ne rencontre pas seulement ce problème avec les gens de la rue. Même les espaces universitaires ne sont pas épargnés.
Dans une telle situation, l’étranger que je suis, ne maîtrisant pas encore totalement la langue, se trouve très coincé dans le processus d’apprentissage. Car, entre l’obligation de comprendre le langage du professeur et l’exigence de saisir son exposé, parfois j’ai rien compris. Et, quand il vient le moment pour un professeur de dicter une note, là c’est comme la mer à boire. Mais, heureusement j’ai des collègues étudiants, étant toujours prêts à me prêter leurs cahiers de notes pour remplir les miens, même si souvent tout n’est pas toujours lisible et compréhensible.
En dépit de tout, les résultats sont plus que satisfaisants. On espère pouvoir faire mieux, tout en ayant gain de cause de cette langue espagnole, parlée par les Dominicains à la leur propre manière. «Entendiste» ? Non, «Entendite», comme le dirait le Dominicain.
Osman Jérôme
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