Osman Jérôme

Chronique de ma cinquième opération chirurgicale

Opération chirurgicale © pixabay
Opération chirurgicale © pixabay

À mon grand dam, après quatre premières expériences (2005, 2008, 2010, 2012), mon aventure dans les salles d’opération a dû continuer. Car en dépit de toutes les stratégies utilisées, de toutes les dispositions prises par les chirurgiens consultés jusqu’ici, un problème persiste encore à mon pied gauche. Il m’a donc fallu une énième intervention chirurgicale pour tester une nouvelle alternative.

Après quatre premières interventions chirurgicales subies en Haïti et en République dominicaine, le vendredi 26 janvier 2018 dernier, dans un hôpital à New-York, j’ai été une nouvelle fois soumis au contact des bistouris, des pinces et des ciseaux des salles d’opération. Toujours pour un problème de chéloïde qui m’a beaucoup retardé dans l’accomplissement de certains projets.

Peu importe le nombre de visites, on ne s’habitue jamais aux espaces climatisés des salles d’opération chirurgicale. Encore moins aux bistouris, dont la simple évocation peut entraîner une véritable psychose chez beaucoup de patients. Après cinq expériences, je crois avoir assez vu et vécu pour en parler ainsi. Il y a toujours ce stress qui vient s’emparer de votre organisme, peu de temps avant les interventions.

Il est déjà dix heures du matin quand j’arrive au quatrième étage de ce centre hospitalier de Brooklyn. Difficile d’offrir d’autres occupations à ma pensée, déjà colonisée par les images désagréables des interventions chirurgicales antérieures. Du coup, mes nerfs deviennent incontrôlables. Et cela empire quand des membres du personnel de l’unité de soins commencent à s’approcher de moi pour les prises en charge préliminaires.

La tête plongée dans un livre, les yeux rivés sur l’écran d’un téléphone, je vois d’autres patients plus ou moins détendus dans le couloir. À chacun sa manière de réduire le stress préopératoire. Dans mon cas, durant les heures d’attente, j’épuise pratiquement la batterie de mon téléphone. Celui-ci me sert notamment de distraction. Entre la voix du conteur et l’humoriste haïtien Maurice Sixto et celle du chanteur engagé Manno Charlemagne, récemment décédé, j’ai cru pouvoir mieux préparer mon corps et mon esprit, visiblement ennuyés par cette nouvelle expérience.

Cependant, vers les seize heures, une fois entré dans le bloc opératoire,une grande anxiété me prend. Elle fait trembler mon corps, comme un patient atteint du Parkinson. Se rendant compte de mon inconfort émotionnel face à la situation, le médecin anesthésiste a quelques mots pour tenter vainement de me mettre à l’aise. Heureusement, il ne m’a pas fallu beaucoup de temps pour être endormi pour la suite du processus.

Vers les dix-huit heures, je sors de la salle d’opération. Avec une amabilité très remarquable, un brancardier me transporte vers une autre salle pour des soins postopératoires Toujours sous les effets analgésiques de l’anesthésie, je ne ressens aucune sensation réelle de douleur. Mais je me sens un peu bizarre dans mon corps, je suis pris d’une certaine fébrilité. Cela fait déjà presqu’une journée que j’ai été interdit de tout contact avec les aliments. Et d’ailleurs, je dois attendre encore avant de pouvoir goûter à quelque chose.

Entre-temps, allongé sur le lit, la tête légèrement soulevée, je peux placer et recevoir des appels, répondre aux messages de certains amis et proches, soucieux d’avoir de mes nouvelles après cette nouvelle chirurgie. Ils ont eu raison de se faire du souci, car j’ai perdu beaucoup de sang. C’est d’ailleurs pour cela qu’on m’a gardé à l’hôpital après l’intervention chirurgicale : le temps de m’offrir les attentions nécessaires à mon cas.

Opération chirurgicale © Osman
Opération chirurgicale © Osman

On s’approche des huit heures du soir, je commence à ressentir les premières douleurs. Au rythme des minutes qui s’écoulent dans le cadran de cette horloge en plastique placée à ma droite, l’intensité de la douleur ne cesse d’augmenter. Au point qu’elle devient insupportable. C’est alors qu’une jolie infirmière s’approche de moi, me disant dans un anglais que je comprends à peine (d’ailleurs, je ne parle vraiment pas l’anglais) que selon les indications du chirurgien, je dois attendre au moins deux heures avant d’avoir accès aux analgésiques. Comme un coup de tonnerre dans un ciel déjà menaçant, cette information ne fait qu’augmenter ma souffrance. J’ai l’impression d’être à l’agonie.

Je souffre. Et je souffre encore. Je me mets à compter les minutes. Elles sont d’une mauvaise lenteur dans ces circonstances. Finalement, il est dix heures. L’infirmière de service est de retour, cette fois-ci avec un air un peu fatigué. Elle a beaucoup de travail, car elle ne s’occupe pas seulement de moi. Elle m’a fait avaler un médicament dont la simple odeur a failli me faire évanouir. Les effets de soulagement ont mis du temps. Et je continue à gémir. Avant de me laisser, la soignante m’a promis de revenir à deux heures du matin pour une autre dose de médicament, soit quatre heures plus tard.

Permettez-moi de vous épargner de tous les détails concernant les douleurs qui s’en sont suivies au cours de la nuit. Car même en évoquant ces souvenirs, je suis pris de sensations fort désagréables. La nuit a été longue et lamentable. Mais le nouveau jour est quand même apparu, m’offrant une atmosphère de soulagement. Mon pied reste toujours immobile. Mais la douleur a perdu en intensité. Au point que j’ai dormi pendant quelques heures avant de rentrer chez moi, dans l’après-midi de ce samedi 27 janvier 2018.

Pour l’instant, alité depuis quelques jours, entre les rendez-vous à l’hôpital et la lecture de certains ouvrages intéressants, dont « Le parfum de Nour » de la romancière québécoise d’origine palestinienne Yara El-Ghadban, je récupère lentement, mais sûrement.

Osman Jérôme


Tu n’as jamais quitté mon cœur

Crédit photo : pixabay.com
Crédit photo : pixabay.com

L’amertume qui a préfacé l’arrivée de l’aurore

A plongé ma chambre dans un triste décor

La petite pièce faiblement éclairée

Est muette de toute gaieté.

Dehors, comme dans mon cœur en deuil

Ce matin, il n’y avait point de soleil

D’ailleurs, le jour avait du mal à se lever

Comme si la nuit ne voulait pas s’en aller.

Dans la lenteur du temps somnolent

Je pense à toi, jamais comme avant

Et tout ce qui faisait ta beauté

Défile sur l’écran de ma pensée.

Les tristes souvenirs de ton départ

Viennent encombrer ma mémoire

Entre-temps, dans mon cœur endolori

Résonne le tam-tam de la nostalgie.

Delly Benson et toutes ses belles chansons

Ne pouvaient rien contre ma consternation

Les claviers et l’écran de mon ordinateur

Ont été témoins de mes yeux en pleurs.

Entre les douleurs de ton absence

Et le vide laissé par ta présence

C’est avec un sentiment de regret

Que je vis ma vie depuis ton décès.

Ton corps allongé dans un cercueil

Et depuis, tu n’es plus sous le soleil

Tu es donc partie sans même récolter

Ce que tu as courageusement semé.

Tu es partie pour ne jamais revenir

Aucun espoir de te revoir sourire

Sur ma joue accablante

Toujours des larmes brûlantes.

Aujourd’hui, dix ans après ta disparition

Penser à toi est toujours une obsession

Comme l’amour est plus fort que la mort

Dans mon cœur, je te porte comme un trésor.

En mémoire de ma mère Osina « Fina » Cajuste, décédée en octobre 2007.

Osman Jérôme


Des fresques et des personnages

Fresque de Biggie (C) Osman
Fresque de Biggie (C) Osman

Dans certaines grandes villes du monde, le street art devient une tendance de plus en plus à la mode. Les rues se transforment en un lieu privilégié par les graffiteurs. Ils y voient une espace de liberté d’expression, soutenue par la créativité artistique. En effet, ce qui est surtout intéressant dans cette démarche, c’est qu’au-delà de l’appréciation esthétique du travail, ce sont surtout des œuvres à haute dimension sociale et politique dans la majorité des cas. L’art ne fait rien pour rien.

Ma passion pour la photographie aidant, je suis toujours fasciné par des espaces jalonnés des fresques. Coïncidence plutôt heureuse, je suis souvent tombé sur des portraits les uns plus beaux que les autres. Aujourd’hui, dans ce nouveau billet consacré à la peinture murale, je vous propose un angle particulier avec la tête de certains personnages mis à l’honneur par les artistes.

George Latore Wallace

Fresque de Biggie (C) Osman
Fresque de Biggie (C) Osman

Consommateur du rap ou pas, dans les magazines ou dans les documentaires, vous avez sûrement déjà entendu parler de Christopher George Latore Wallace dit Biggie. Un nom vénéré comme une légende dans la culture du hip-hop. D’ailleurs, le nom de Biggie et celui de Tupac Shakur (autre figure emblématique du rap américain) sont attribués au plus grand clash jamais connu dans le milieu du hip-hop. Aujourd’hui, vingt ans après son assassinat, le chef de file du rap east coast vit dans la mémoire de ses admirateurs. À Brooklyn où The Notorious B.I.G. est né, plusieurs fresques sont érigées en son honneur.

Donald Trump 

Fresque de Donald Trump (C) Osman
Fresque de Donald Trump (C) Osman

Campagne électorale bouleversante, président controversé, entre ses tweets acerbes et ses sorties provocatrices, Donald Trump représente à lui seul tout un monde. En si peu de temps comme premier citoyen à la tête des Etats-Unis, le milliardaire a changé l’ordre et la tradition des choses établies. Au point que sa conduite à la tête de la première puissance économique mondiale fait l’objet de grands doutes chez les observateurs. Ce serait donc étonnant que les artistes urbains n’aient pas été intéressés par ce type de profil. Un artiste du collectif Bushwick à New York y est allé de son petit travail. À vous donc d’apprécier.

Jean-Jacques Dessalines

Fresque de Jean Jacque Dessalines (C) Osman
Fresque de Jean-Jacques Dessalines (C) Osman

L’histoire politique du monde est jalonnée de grandes révolutions, de soulèvements les uns plus sanglants que les autres. Ces révoltes ont donné naissance à des leaders et des révolutionnaires qui, d’une manière ou d’une autre, ont marqué les grandes pages de l’histoire. Au panthéon de ces hommes qui ont donné leur vie pour l’émancipation des opprimés, se trouve évidemment le nom de Jean-Jacques Dessalines, visionnaire de son état. Par sa fougue et sa détermination, l’ancien esclave a conduit la Révolution haïtienne jusqu’à l’indépendance du pays en 1804. Premier Empereur d’Haïti sous le nom de Jacques 1er, le père fondateur de la nation a été lâchement assassiné le 17 octobre 1806. Il est mort sans réellement concrétiser son rêve d’un pays socialement équilibré. Ainsi, 213 ans après l’indépendance nationale, l’idéal dessalinien reste une utopie pour la Première République noire du monde. À Saint-Marc, un artiste urbain a voulu rendre hommage au père de la nation haïtienne avec cette peinture murale, dessinée sur la façade d’une maison privée.

Ernesto Che Guevara

Fresque de Che Guevara (C) Osman
Fresque de Che Guevara (C) Osman

Une lutte sociopolitique très mouvementée, une capture et une exécution spectaculaire, entre sa vie de rebelle et sa mort, Ernesto Che Guevara représente à lui seul l’incarnation d’un mythe difficile à pénétrer. Révolutionnaire marxiste ayant passé presque toute sa vie à combattre les inégalités et les injustices sociales, le guérillero cubano-argentin a laissé son empreinte sur divers mouvements de révolution dans le monde, en Amérique Latine en particulier. Les historiens et ceux qui ont côtoyé l’icône de la Révolution cubaine sont divisés quant à la vraie personnalité du natif de Rosario (Argentine). N’empêche que cinquante ans après sa mort, le Che suscite encore beaucoup d’admiration comme leader et révolutionnaire historique, ayant mené une lutte acharnée contre l’impérialisme. Aujourd’hui, son idéologie est reprise par ceux qui s’identifient au combat pour une société juste et équitable. Peut-être que pour aider à l’immortalité du Che, ce jeune artiste a dessiné son portrait sur un mur à Saint-Marc. Modeste contribution.

Martin Luther King Jr

Fresque de Martin Luther King (C) Osman
Fresque de Martin Luther King (C) Osman

Dans la lutte pour l’émancipation des Noirs aux Etats-Unis d’Amérique, Martin Luther King Jr fait figure de référence. Ce pasteur afro-américain est plutôt connu pour ses approches non-violentes dans ses batailles pour les droits civiques des Noirs aux États-Unis. En effet, parallèlement à ses luttes contre la ségrégation raciale dans son pays, le leader pacifique était aussi engagé pour la paix et contre la pauvreté dans le monde. Ce qui lui a valu entre autres, le prix Nobel de la paix 1964. À Brooklyn, rue Junius, je suis tombé sur cette fresque, rendant un hommage mérité à l’homme de « I Have A Dream ».

Virginia Elena Ortea

Fresque de Virginia Ortea (C) Osman
Fresque de Virginia Ortea (C) Osman

Refermons ce petit classement sur une note littéraire, avec surtout un visage féminin. L’historienne Virginia Elena Ortea (1866-1903) est l’une des figures emblématiques de la littérature et de la presse dominicaine du XXe siècle. Féministe, l’originaire de Puerto Plata se faisait surtout apprécier de ses paires par sa libre pensée, ses préoccupations pour le destin de la femme, trop souvent identifiée à un être destiné aux travaux domestiques. Reconnaissance oblige, à Puerto Plata, il y a une école qui porte le nom de l’auteure de Risas y Lágrimas. Et cerise sur le gâteau, sur la façade principale de l’établissement scolaire, situé à l’avenue Pedro Clisante, une fresque de Virginia Elena Ortea est dressée en toute beauté.

Je sais. Pour les plus gourmands d’entre vous, cette sélection de sept images est trop petite. Mais ne vous inquiétez surtout pas. Je vous promets d’y revenir avec d’autres fresques, et surtout d’autres thématiques. Les artistes sont polyvalents et je suis un chasseur de belles images. En attendant, si cela vous tente, laissez un commentaire pour dire quelle est votre portrait favori de la petite collection du jour.

À bientôt.

Osman Jérôme


Je t’écris donc je t’aime

Ecrire à la main © pixabay.com
Ecrire à la main © pixabay.com

Chère Fabie,

À l’arrivée de ce nouveau matin d’automne, une joie ineffable s’est installée dans mon cœur. Dans la douceur infinie de cette nouvelle journée, préfacée par une fraicheur inhabituelle, je suis heureux de te parler par cette nouvelle correspondance. L’abondance des mots ne sera pas suffisante à décrire le bien-être émotionnel, que me procure cette occasion. Contrairement à la dernière fois, aujourd’hui je t’écris dans l’intimité de ma chambre, encore imprégnée de l’élégance de ta dernière visite.

Par la fenêtre entr’ouverte, les premiers rayons du soleil s’invitent timidement dans ma chambre. L’espace épouse un silence peu particulier. On y écoute seulement le tic-tac de la vieille horloge. Cette atmosphère aidant, les images de ton regard ont colonisé ma mémoire, saturée de nos beaux souvenirs.

À nouveau face à l’écran fissuré de mon ordinateur, je suis parti à ta rencontre. Ma pensée a pris la forme d’un grand boulevard en plein embouteillage. Les mots, les verbes et les phrases se discutent une place dans les paragraphes. Car il suffit de penser à toi, l’inspiration devient abondante. Ce qui a stimulé mon inspiration, déjà en pleine érection. Alors, emparé par cette envie de te rejoindre dans la sémantique et la syntaxe de ce billet, parfois tout devient gai et confus dans mon esprit, comme pour un jour de première communion.

Cela peut paraître insolite. Tout ce temps après le début de notre relation, marqué justement par cette première lettre, dans laquelle je t’avouai mon sentiment ; aujourd’hui c’est quelque chose qui émotionne encore. J’éprouve le même plaisir à te communiquer par des lettres. D’ailleurs, ces correspondances partagées deviennent l’ADN même de cette aventure, de plus en plus semblable à un conte de fées. Merci beaucoup ma chérie d’avoir fait grandir en moi ce goût démesuré pour l’écriture. Cela a donné une sécurité à mes sentiments pour toi. Ce que ma bouche ne peut pas exprimer, ma main te l’écrira.

Mon amour, nous ne sommes pas maîtres du destin. Nos capacités humaines sont limitées. Nous savons peu de choses de ce qui pourra réellement nous rendre heureux de manière durable à l’avenir. Par conséquent, aujourd’hui même, je t’invite à te joindre à moi dans chaque bout de ces phrases. Partageons ensembles tout le bonheur que nous apportent ces morceaux de texte, traduisant le contenu de nos belles amours partagées.

Fabie, je n’ai pas l’intention d’implorer ta pitié. Mais, je le sais et je l’avoue : je n’ai pas souvent la dextérité nécessaire pour bien exprimer tout ce que je ressens pour toi, surtout quand je suis en ta compagnie. Cependant, c’est toujours avec une émotion de bienfaisance, de te parler par ces textes, dont le ton varie parfois entre la joie de ta présence et la nostalgie de ton absence.

Pour finir. Sache que cette passion de t’écrire me procure toujours une espèce de bonheur intérieur, bénéfique à mon épanouissement émotionnel. C’est entre autres une manière de t’aimer encore plus au-delà de mes phrases, souffrant quelquefois d’un certain esthétisme syntaxique et sémantique.

Ton chéri qui t’aime.

Osman Jérôme


Haïti : transports en commun ou suicide collectif

Transport en commun en Haïti (C) Osman
Transport en commun en Haïti (C) Osman

L’impraticabilité des routes, le mauvais état des véhicules, la résilience des passagers, l’irresponsabilité des autorités, autant de variables auxquels il faut tenir en compte dans la problématique du transport terrestre en Haïti. Certains efforts ont été déployés ces dernières années par le secteur privé pour améliorer la situation, mais les inquiétudes persistent. Il faut dire que les autorités compétentes n’ont pas montré aucun intérêt, à l’idée d’assurer un service de transport en commun de qualité. En attendant, on ne cesse de compter de nouvelles victimes sur les différents réseaux routiers du pays, à cause des nombreux accidents de circulation.

Je reviens de la République dominicaine. C’était un vendredi de marché binational. Comme à pareille occasion, Ouanaminthe (ville frontalière entre Haïti et la République dominicaine) est en effervescence. Les rues connaissent une allure agitée : le commerce informel s’approprie le trottoir, sans oublier le klaxon des camions, l’agressivité des chauffeurs, la dextérité des détrousseurs, la courtoisie des rançonneurs…

Midi approchait. Les gens étaient de plus en plus pressés. Pour atteindre la gare principale, je fis appel à un chauffeur de motocyclette. Comme tant d’autres, le jeune conducteur fit preuve de peu de prudence sur la route, on a failli être renversés par un poids lourd rempli de marchandises !

Ce petit instant de panique passé, nous sommes finalement bien arrivés jusque l’avenue Soleil. Ici, sur une portion de terre inoccupée, on trouve ce que les gens appellent « gare » par abus de langage. Car, il n’y a vraiment aucune structure digne de ce nom. Ce matin encore, la station projetait le même visage de toujours : beaucoup de minibus éparpillés çà et là, des motos anarchiquement stationnées, des restaurants à ciel ouvert, des marchands de sucreries, de breuvages, de recharges téléphoniques, des cambistes aux discours monotones, etc. Une véritable agitation, une sorte de folie collective.

Avec un front plissé d’irritation, d’un geste de la main, un homme indique aux passagers le minibus à bord duquel nous pouvons monter. Dans un désordre généralisé, des passagers se bousculent et se piétinent. On veut tous avoir une « bonne place » à bord du véhicule, qui ressemble plutôt à une carcasse à moteur.

En un court instant, le minibus, conçu pour une dizaine de passagers, est presque rempli d’une vingtaine de personnes. Mais le conducteur n’est pas encore prêt à démarrer. La chaleur devient de plus en plus épuisante. Entassés comme des sardines, les uns contre les autres, certains passagers commencent à gronder. Alors que certains en ont franchement marre de  devoir s’accommoder de ces situations inacceptables, d’autres en revanche, ne trouvent pas  incommode de voyager dans de telles conditions, lesquelles conditions mettent pourtant en danger la vie des transportés.

Après quelques injures lancées par des passagers à bout de patience, le conducteur s’apprête enfin à démarrer. Mais à l’extérieur, une dame avec deux sacs remplis à ras bord lui fait signe de s’arrêter. Avec une insolence sans nom, le conducteur demande aux passagers de se pousser un peu plus. On doit absolument faire une place à la passagère, car c’est sa cliente. Un monsieur, venant de la République dominicaine, visiblement inconfortable dans son siège tente de riposter. Dans un créole mélangé de certaines expressions espagnoles, il qualifie l’attitude du chauffeur d’un manque de respect à l’égard des passagers, transportés comme des troupeaux.

Il arrive souvent que l’on reproche aux chauffeurs haïtiens des transports urbains d’être avares. Même si le véhicule est rempli au point d’être renversé à tout moment, ils refusent de laisser un passager au profit d’un autre. Évidemment, les passagers se laissent souvent prendre au piège, au péril de leur vie. Bref, revenons à notre récit.

Déjà une trentaine de minutes que nous sommes en route. On s’approche de Terrier Rouge. Au milieu de ma rangée, une dame porte difficilement un bébé sur ses genoux. Coincé au point d’être asphyxié, l’enfant n’arrête pas de pleurer. Sa respiration devient de plus en plus difficile, finalement il s’évanouit quelques minutes plus tard. Je ne sais pas par quelle magie, certaines interventions ont heureusement permis à l’innocent de se reprendre. Et, entre les gags des uns, les conneries des autres, le trajet continua, comme si rien n’était.

Après un moment, un jeune homme à l’apparence suspecte, après avoir ingurgité un dernier coup de son flacon de rhum, se mit à reprocher au chauffeur d’être trop lent au volant du véhicule. Ainsi, au grand dam de la prudence, sur ce minuscule espace de la route nationale #6, le chauffeur se lança dans une course contre une autre camionnette, dont on distinguait mal si elle transportait des humains ou des marchandises. Si cette action « malhonnête » a été encouragée par beaucoup de passagers en manque de bon sens, mais elle a aussi soulevé la colère de beaucoup d’autres, dont cette dame enceinte, qui traitait le conducteur de toutes les insultes du Petit Robert.

Transport en commun en Haïti- © Osman Jérôme

Je ne voudrais pas être cynique dans mes propos. Mais pour des Haïtiens, habitués au petit confort de leurs voitures privées, l’évocation des transports publics renvoie directement au dégoût, au stress, au chaos. Parce-que, dans la majorité des cas, les trajets sont faits dans des conditions inhumaines.

Qui contrôle l’état des véhicules ? Y-a-t-il des syndicats pour régulariser le secteur des transports en commun ? Les chauffeurs ne roulent-ils pas au gré de leur humeur ? Entre l’irresponsabilité des responsables, l’imprudence des passagers, l’amateurisme des conducteurs, les transports en commun sont comparables à un suicide collectif en Haïti.

Osman Jérôme


Petit guide pour une vie sexuelle épanouie

Crédit : pixabay.com
Crédit : pixabay.com

Dans beaucoup de sociétés aujourd’hui, la sexualité n’est plus un sujet tabou. Désormais, l’homme et la femme peuvent consulter un thérapeute pour parler de leurs troubles sexuels, des couples peuvent consulter un sexologue pour améliorer leurs relations et évoquer leur désir de performances au lit, etc. Cela étant dit, bien que de nombreuses choses aient changé, il reste encore beaucoup à faire car les gens ne sont pas tous libres avec la question sexuelle.

La parole se libère mais les inquiétudes demeurent quant à une vie sexuelle épanouie. D’ailleurs, à en croire certaines statistiques, l’insatisfaction sexuelle dans les couples serait l’un des premiers facteurs de séparation.

Autant que je le sache, tout le monde espère avoir une vie sexuelle satisfaisante. Mais pour une raison ou une autre, beaucoup n’y arrivent pas. Comment remédier à cette situation ? Amis lecteurs, loin d’avoir la prétention de vous donner ici une recette magique, je vous communique huit principes fondamentaux qui sont à mes yeux à prendre en compte pour un rapport sexuel épanoui et réussi :

1-Maturité 

Tout rapport sexuel peut avoir des conséquences importantes, les couples doivent donc prendre leur responsabilité, ils doivent être en mesure d’assumer les suites possibles liées à l’activité sexuelle : grossesse non désirée, risque de contracter des maladies sexuellement transmissibles (MST) etc. Donc, ayez en conscience et ne vous y mettez pas si vous n’êtes pas informé et prêt.

2-Être disposé

Contrairement à la pensée populaire qui lie le rapport sexuel à une nécessité  physiologique, à un besoin du corps, l’acte sexuel est en réalité bien plus cérébral que physique. Le désir, la concentration, les fantaisies, la motivation à la chose, il y a tout un processus mental pour vous aider à mieux jouir de l’acte sexuel. Ainsi, il est conseillé d’avoir une bonne disposition psychologique avant et pendant vos rapports. C’est cette décontraction qui sera capable de garantir une jouissance exceptionnelle.

3-Une bonne hygiène

Loin de moi l’idée de vous imposer un protocole méticuleux avant vos rapports sexuels. Cependant, l’hygiène intime est un facteur de bon accomplissement d’un rapport sexuel abouti. En effet, parallèlement à votre toilette quotidienne, se laver ou prendre une douche avant vos rapports sexuels est parfois recommandé. Cela évitera bien des déconvenues, susceptibles de vous conduire à des expériences désagréables.

4-Innovez toujours et encore 

La routine est une mauvaise compagnie pour une sexualité satisfaisante. Changer de lieu, de position, il faut toujours penser à apporter un petit truc nouveau dans vos ébats. À vous les filles : n’attendez pas que ce soit toujours l’homme qui prenne les initiatives. Vous aussi, vous pouvez dire à votre mec que vous le désirez. Pensez toujours à l’innovation, car la routine finira par tuer à petit feu votre désir sexuel. Soyez donc créatifs.

5-Communiquer

Comment votre partenaire peut-il / peut -elle savoir ce qui vous plaît si vous ne communiquez pas vos envies ou ce que vous ressentez ? Sans vous demander d’être un moulin à paroles, soyez quand même capable de dire à votre partenaire ce que vous ressentez, vos désirs et vos passions, vos fantasmes… Je vous assure que cela pourra vous rapprocher encore et augmenter le taux d’excitation. A en croire certains témoignages, le rapport sexuel consenti est un bel espace d’échange où certains amoureux ont tendance à vider tout le contenu de leurs sentiments pour le donner à la personne aimée.

6-Être attentif

Dans une relation de couple, la satisfaction sexuelle doit être mutuelle. Malheureusement, peu de gens en tiennent réellement compte. Certains ne pensent qu’à leur propre jouissance, au détriment du plaisir partagé. Madame, monsieur vous devez prêter attention aux moindres réactions de votre conjoint durant le rapport sexuel, aux expressions corporelles surtout. Pour une vraie satisfaction sexuelle dans votre couple, préoccupez-vous aussi des désirs inassouvis de l’autre. Cela vous évitera bien des complications.

7-Du temps nécessaire

Au sujet de l’éternel débat sur de la quantité de temps idéal pour un bon rapport sexuel, il n’y a pas de normes. Le temps nécessaire auquel je me réfère ici renvoie au temps durant lequel votre conjoint et vous-mêmes pouvez atteindre une satisfaction mutuelle, sans  risque de frustration. De combien de minutes ou d’heures avez-vous besoin ? Je ne le sais réellement pas. Qui le saurait à part vous ? Cela dépend de vous, car chaque couple est différent.

8-Atteindre l’orgasme

Disons-le tout net : l’objectif d’un rapport sexuel consenti est d’arriver à l’orgasme. L’orgasme, cette espèce de jouissance incontrôlable où l’homme et la femme, dans un court moment (qui est, rappelons-le, rarement simultané), passent d’un monde à l’autre pendant quelques secondes que dure cette décharge électrique dans le corps.

Arriver à cette étape est le résultat de tout un processus, incluant le désir, l’attraction, la communication… Mais attention, à force de se concentrer uniquement sur cet instant jouissif, certaines personnes passent complètement à côté de leur rapport sexuel (qui est bien plus que juste cet instant, car le rapport sexuel ne se résume pas à l’orgasme !) D’autres négligent même les préliminaires qui sont pourtant essentiels pour mettre les corps dans une ambiance érotique appropriée. Amoureux, amoureuses cessez d’être avares ! Prenez le temps nécessaire pour stimuler votre partenaire jusqu’à l’extase, ce temps n’est pas du temps perdu, c’est aussi du plaisir…

En vous disant tout cela, je n’ai pas tout dit pour autant, car la question de la satisfaction sexuelle est un sujet complexe. Il y a tellement de paramètres à prendre en compte… et tellement de couples différents. Une chose est sûre, il faut se méfier des tabous et des clichés, qui se mêlent souvent de la partie.

J’espère que ce petit exercice de lecture pourra être utile à la plénitude de votre vie sexuelle ! Car, quand les conditions ne sont pas réunies pour une satisfaction, l’acte sexuel peut conduire à des expériences désagréables et regrettables, voire entraîner des troubles sexuels si les mauvaises expériences persistent.

Osman Jérôme


L’autre coucher du soleil

Coucher du soleil à Saint-Marc, Haïti by Osman
Coucher du soleil à Saint-Marc, Haïti (C) Osman

Pour ceux qui observent les événements de la nature d’un regard élémentaire, il n’y a rien de particulier dans un coucher du soleil. Sinon une vieille routine qui s’articule autour de la rotation de la terre, à laquelle l’homme est habitué depuis la genèse du monde. Cependant, pour un autre groupe qui est plutôt suspendu à l’esthétisme des choses, certains couchers du soleil se hissent à la catégorie de l’extraordinaire. Ils sont devenus au passage l’occasion de photographier ce qu’il y a de plus beau dans la voûte céleste.

En vertu de ma passion pour la photographie, je suis de plus en plus fasciné par le coucher du soleil ; cette élégance que prend souvent une partie du ciel pour préfacer la tombée de la nuit. À Saint-Marc et à Puerto Plata, c’est une occasion à ne pas manquer. Surtout en été. Dans ces deux villes caribéennes entourées de montagnes, la disparition du soleil vers l’horizon ressemble souvent à un rendez-vous romantique, capable de gratifier d’émotions positives au consommateur de belles images. Morceaux choisis :

Scène I : Saint-Marc

Coucher du soleil à Saint-Marc, Haïti (C) Osman
Coucher du soleil à Saint-Marc, Haïti (C) Osman

Saint-Marc, un après-midi de mai. Après une journée dans le paysage luxuriant de Amani-y Beach, le temps est venu de rembourser chemin. Avant de partir, j’ai été brutalement attiré par les rayons du soleil, se déclinant lentement derrière les montagnes dans une tendresse carrément admirable.

Il est à peine 18 heures. Entre la fraîcheur du temps et le calme du milieu, la tombée de la nuit arrive dans une sobriété singulière. La forme que prend l’horizon suscite en moi des émotions de grande joie. J’ai dû sortir mon appareil et immortaliser cet instant digne de grande admiration.

Scène II : Puerto Plata

Coucher du soleil à Puerto Plata, République dominicaine (C) Osman
Coucher du soleil à Puerto Plata, République dominicaine (C) Osman

Je ne sais vraiment pas pourquoi, en République dominicaine, les gens adorent se rendre à la plage en fin de journée. Ici nous sommes à Sosúa Beach sur la côte littorale de Puerto Plata. Loin de l’encombrement de la ville bouillante, face à la mer, le visiteur s’offre une excellente fin dimanche après-midi, pour s’assurer de bien refermer le week-end avec des énergies positives.

Il sera bientôt 19 heures. Épousant une coloration grisâtre, un cortège de nuages défile timidement sur nos têtes. Les derniers rayons du soleil perdent de plus en plus en intensité. Une partie du ciel dégage une beauté, semblable à la parure d’un enfant au jour de sa première communion. Dans l’intervalle, la présence du soleil se fait de plus en plus discrète sur la plage. Ainsi, des lueurs crépusculaires toutes joyeuses viennent confirmer que la nuit est proche. D’ailleurs, on observe déjà l’apparition des premières étoiles, dans un ciel de Sosúa à peine dégagé.

Osman Jérôme


Les relations de couple à l’épreuve des réseaux sociaux

Réseaux sociaux (C) pixabay.com
Réseaux sociaux (C) pixabay.com

Amis lecteurs, sans vouloir le crier sur tous les toits du monde, mettons-nous d’accord : l’avènement de l’Internet dans notre vie est l’un des plus grands progrès qu’a connus la civilisation des temps modernes. Aujourd’hui, grâce à Internet et aux  réseaux sociaux en particulier, le monde devient un petit village, pour reprendre l’expression des plus branchés.

Avant l’apparition de Facebook, Twitter et les autres réseaux en ligne, les Terriens des quatre coins du monde n’ont jamais connu un tel rapprochement. La diffusion et la consommation de l’information connaissent un essor sans précédent. Même si ce n’est pas toujours dans le bon sens.

Se faire de nouvelles amitiés, des rencontres professionnelles, retrouver des amis de longue date, émettre librement ses propres opinions… Aujourd’hui, les vertus des réseaux sociaux dans la vie des individus ne sont plus à vanter. Les faits et les statistiques sont là. Facebook, Twitter, LinkedIn sont de grandes plateformes de communication pour les usagers qui savent bien s’y prendre.

Cependant, malgré toutes ces opportunités offertes par les géants du Web social, comme tout phénomène de société, l’utilisation excessive de ces plateformes digitales n’est pas sans grandes conséquences sur la vie des consommateurs, tant au niveau personnel que dans les relations de couple.

Soupçon, infidélité, jalousie…

Si l’on se fie à des témoignages que j’ai recueillis à New York, là où je suis actuellement, on se dit vite que la dépendance des réseaux sociaux est une addiction dangereuse pour le bon épanouissement des relations amoureuses. Sentiments d’abandon, soupçon, infidélité, jalousie… Cela porte certains à croire que les réseaux sociaux et les relations de couple ne font pas bon ménage, autant que les concernés ne sont pas capables d’établir des limites, liées à l’usage de l’Internet.

« Ce que je déteste le plus avec mon copain, c’est qu’il m’espionne tout le temps, il cherche toujours à avoir le contrôle de ce que je fais sur les réseaux sociaux. D’un simple like à la publication d’une photo en bikini, il est capable de tout transformer en scandale », regrette Sophie, danseuse de profession. Cependant, non sans un élan de conscience, la jeune femme reconnaît que le nombre de temps passé sur l’écran de son smartphone n’est pas sans conséquence sur sa relation, notamment sur son amant, connu pour sa jalousie insupportable.

Pour sa part, Jacques, chauffeur de taxi, confesse avoir déjà brisé au moins deux téléphones portables de la mère de ses deux enfants après avoir soupçonné la dame d’une relation à distance grâce à Instagram, où elle publie constamment les plus belles photos de son corps attirant. Aujourd’hui séparé de sa petite famille, il admet toutefois que le problème n’est pas les réseaux sociaux en eux-mêmes, sinon l’usage que l’on en fait qui est censé préjudiciable au bonheur des couples.

Par ailleurs, à observer depuis quelques temps le comportement de certaines personnes, on constate qu’à l’ère du numérique, la vie privée des couples a traversé l’intimité des salons et des chambres à coucher pour s’exposer désormais sur le grand boulevard des réseaux sociaux. Il y a ce petit quelque chose à publier pour montrer au monde qu’on est amoureux. Il y a cette publication pour dire à l’autre combien on l’aime, combien il nous manque, etc. Aujourd’hui, la tendance porte à croire que certaines preuves d’amour passent purement et simplement par une publication sur les réseaux sociaux.

En tout cas, rendez-moi fol ou sage, si cette perception ne colle pas toujours à la réalité de certains couples plutôt réservés quant à leur vie conjugale, elle est loin d’être anodine dans tant d’autres, ne jurant que par la popularité de leur idylle. Ces gens qui affirment d’ailleurs que ne pas vouloir publier une photographie de son couple sur Facebook par exemple renvoie automatiquement un soupçon d’infidélité.

« Je te le jure, ma femme n’a aucun sens de réserve, elle ne fait attention à ce qu’elle publie sur les réseaux sociaux ; de la photo de notre fille endormie jusqu’à notre dernière dispute, Johane partage tout avec ses contacts virtuels », déplore amèrement un jeune père de famille, soucieux de son e-réputation et celle de sa famille.

« À un moment, même pour une fois dans sa vie, chacun de nous peut ressentir le désir de partager au moins une photo de sa relation sentimentale sur Facebook ou ailleurs. Mais personne ne peut m’exiger que je le fasse. Et d’ailleurs, depuis quand les réseaux sociaux sont des thermomètres pour mesurer la température des sentiments que nous avons pour les gens que nous aimons réellement ? », se demande le jeune ingénieur en informatique, un peu perplexe.

En temps normal, les réseaux sociaux sont d’excellents outils de communication et de rapprochement. Pour certains conjoints, c’est un moyen efficace de rester toujours en contact malgré la distance. Mais pour d’autres, Facebook, Instagram, Snapchat deviennent des sources de conflits. Ainsi, l’usage à outrance de ces plateformes virtuelles représentent désormais des menaces à la survie de certains couples, où la notion du respect et de la discipline fait apparemment défaut. C’est comme pour confirmer que le bonheur ne vient jamais tout seul.

Osman Jérôme


Destra Jean Wilter : tout pour la cause de l’évangile

Destra Jean Wilter (C) DJW
Destra Jean Wilter (C) DJW

Si la proclamation de l’évangile est le cadet souci de certains chrétiens, probablement en manque d’intérêt à sauver d’autres âmes, cependant pour d’autres, beaucoup plus conscients de la mission confiée dans Mathieu 28: 18, cela devient une passion, une mission à laquelle ils ne veulent pas s’en passer. Ainsi, sous une forme ou une autre, ces hommes et ces femmes d’église s’impliquent dans presque toutes les activités, visant à promouvoir la parole du Seigneur dans leurs communautés respectives. Chanteur, promoteur de spectacles évangéliques, Destra Jean Wilter est un nom de plus en connu dans le milieu évangélique à Saint-Marc, où il évolue dépuis une dizaine d’années.

Âgé de 21 ans, Destra Jean Wilter est actuellement en troisième année en Gestion des affaires à l’Université Adventiste d’Haïti. Pour ce qui est de la musique, le membre de l’église Adventiste Temple 2 de Saint-Marc rappelle avoir commencé à chanter depuis 2006, soit à l’âge de dix ans. Et à cette époque, se souvient-il, sa mère (chanteuse aussi) était sa première prof de musique. Entre-temps, entre des prestations à l’église ou dans d’autres spectacles, le jeune Destra va développer un attachement de plus en plus intime avec la scène artistique. Ainsi, à l’instar de beaucoup d’autres talents de sa génération, le jeune chrétien a participé dans plusieurs concours de musique organisés à Saint-Marc. Et d’ailleurs, c’est justement après sa participation au concours de talent « Gloria » en 2014 qu’il a décidé de lancer officiellement sa carrière musicale, notamment avec la sortie de son premier morceau baptisé « Kitel Gidew » sorti en 2015.

En fait, bien avant cette carrière solo, l’artiste qui travaille actuellement sur son projet d’album avoue avoir déjà prêté ses compétences à plusieurs artistes et groupes de la ville, soit dans la production au studio ou dans des prestations sur scène ; « Les Précurseurs du matin », « BSG », « VESM (Les Voix Évangéliques de Saint-Marc), sont entre autres des bénéficiaires de ces collaborations.

Si on reproche souvent aux artistes haïtiens d’être de gros égoïstes, le jeune célibataire veut faire la différence. Parallèlement à sa carrière personnelle, il s’est lancé depuis deux ans dans la promotion d’autres artistes du secteur évangélique. Ce qui est selon lui un moyen d’atteindre beaucoup plus d’âmes possible. Été 2015, le premier concert qu’il a organisé à Saint-Marc a mis sous les feux de projecteur plusieurs voix qui étaient jusqu’à présent dans l’ombre. Ce qui a été pour lui une grande satisfaction.

« 2016 a été pour moi une année importante », a lâché un Destra Jean Wilter très jovial, faisant référence à deux grands événements organisés à Saint-Marc, dont notamment un concert où pour la première fois il a permis à Nicky Christ et Tami, deux icônes de la musique évangélique haïtienne de se produire à Saint-Marc. C’était extraordinaire. Tout juste après ce spectacle ayant connu un grand succès, l’artiste a proposé au public sa nouvelle chanson « Rekonesan » dont le clip sera sous peu disponible sur les petits écrans. En attendant, il invite le public à son troisième concert annuel sous le thème de « Rekonesans ». L’événement aura lieu le samedi 26 août à Benz Palace à Saint-Marc. Le line up est composé entre autres de Gospel Kreyol, Wiliadel D’énergie, Alexandra Louis, Mycado Jouquin, BSG etc. « Ce sera donc un moment de louanges et d’adoration qu’aucun chrétien de la ville puisse rater sous aucun prétexte », insiste le jeune artiste-promoteur.

Osman Jérôme


Destination Amani-y Beach

Amanani-y Beach (c) Osman
Amanani-y Beach (c) Osman

Dans certaines régions du monde, dont les Caraïbes en particulier, en cette période estivale, où la température porte à croire que le soleil se rapproche de plus en plus de la terre, les plages deviennent les endroits préférés des touristes, qui cherchent à s’échapper du vacarme et de la pollution des grandes métropoles. Et parlons de plages justement, de jolies plages si vous me permettez cette précision, en Haïti ce ne sont pas des adresses qui manquent. Au contraire, nous en avons qui restent jusqu’à présent inexploitées.

Dans le département de l’Artibonite, soit à une centaine de kilomètres de Port-au-Prince, Saint-Marc et sa côte littorale représentent un potentiel touristique extraordinaire. D’ailleurs, en plus d’être une ville historique, dynamique et noctambule, parmi ses plages, la cité Nissage Saget possède Amani-y Beach, une destination de loisirs de plus en plus convoitée par les amoureux du sable blanc et de la surface bleuâtre de la mer.

Amani-y Beach à Saint-Marc / Osman Jérôme

Nous sommes à la fin du mois de mai, soit à l’approche de l’été. De passage à Saint-Marc, j’ai été une nouvelle fois à Amani-y. Entre mon dernier passage et cette nouvelle visite, l’espace connaît une belle rénovation. Cette nouveauté se fait remarquer depuis le portail principal, où le prix d’entrée est affiché de manière visible. Probablement pour éviter le risque de possibles altercations entre les agents de sécurité de la plage et des visiteurs, trop souvent attachés à la gratuité des choses. Bref.

Ce dimanche, comme tant d’autres d’ailleurs, on avait comme l’impression que presque tous les chemins de la ville menaient à Amani-y Beach. En voiture privée, en taxi-moto ou à pieds, la route principale qui mène à la plage prend une allure dynamique. Adultes, jeunes et enfants, treize heures et quelques minutes, le périmètre est déjà rempli de visiteurs de tous âges. En famille, entre amis, entre l’humour des uns et les fou-rires des autres, l’atmosphère est joviale.

Le vent qui caresse les feuilles des cocotiers, les rayons du soleil qui frappent sur la surface mouvante de la mer, le sable foulé sous les pieds des visiteurs… Ici on est dans un cadre exotique, invitant à se jeter corps et âme dans les bras de tendresse de dame nature. Le temps d’une détente des plus agréables, loin du vrombissement des véhicules polluant une ville, qui n’est pas loin de connaître une explosion démographique.

Entre temps, au rythme des minutes qui partent, la foule devient de plus en nombreuse sur le sable de la plage, subitement transformée en un terrain pour la pratique de plusieurs disciplines sportives, dont le football et le volley-ball en particulier. Et moi, appuyé contre une muraille, lunettes de soleil vissées sur le nez, baladeur ajusté aux tympans, je cherche à tuer le temps, en attendant l’arrivée de deux amis qui tardent à me rejoindre. Dans l’intervalle, avec une gaieté contagieuse, d’autres s’invitent plutôt à la mer, telle une défense aux rayons vainqueurs du soleil, de plus en plus insupportables sur la peau.

De jolies fesses pressés dans des bikinis de toutes les couleurs du monde, des corps masculins musclés comme pour des compétitions, une playlist qui fait bouger dans tous les sens… Ce dimanche encore, Amani-y pétille de tout son charme. Ce n’est pas sans raison que cette plage se transforme de plus en plus en une destination privilégiée des Saint-Marc.

Quinze heures dans une poussière de minutes. L’ambiance qui se dégage sur la plage donne une allure de fête, où les gens s’offrent un peu de plaisir sans trop se soucier de quoi demain sera fait. Aujourd’hui est un cadeau, on doit en profiter.

Amani-y Beach à Saint-Marc / Osman Jérôme

Ici et là, sous les cocotiers, des familles et des amis réunis en petits groupes, partageant leurs plats faits de poulets rôtis, de poissons grillés, de bananes frites entre autres. Pendant que d’autres soulèvent plutôt leurs bouteilles de boissons gazeuses, énergisantes ou alcoolisées.

Un peu plus loin devant le bar, deux haut-parleurs placés sur une table en bois crachent en boucle les derniers tubes « Rabòday » du moment. À quelques pas du marchand de lambis, deux jolies jeunes filles exécutent des chorégraphes aux sonorités endiablées de cette musique qui résonne sur toute la place. La rotation des hanches des demoiselles n’a laissé personne désintéressé. Ce qui a augmenté l’atmosphère d’une ambiance déjà ponctuée de bonne humeur.

Dommage, je devais rentrer à la maison plus tôt que prévu. Sinon j’aurais pu y rester jusqu’à la tombée de la nuit. Mais, après s’être trempés une dernière fois à la mer, mes amis et moi sommes repartis, avec le corps grandement soulagé, et surtout avec la même envie de revoir Amani-y Beach très bientôt.

Osman Jérôme