Chronique de ma cinquième opération chirurgicale

6 février 2018

Chronique de ma cinquième opération chirurgicale

Opération chirurgicale © pixabay
Opération chirurgicale © pixabay

À mon grand dam, après quatre premières expériences (2005, 2008, 2010, 2012), mon aventure dans les salles d’opération a dû continuer. Car en dépit de toutes les stratégies utilisées, de toutes les dispositions prises par les chirurgiens consultés jusqu’ici, un problème persiste encore à mon pied gauche. Il m’a donc fallu une énième intervention chirurgicale pour tester une nouvelle alternative.

Après quatre premières interventions chirurgicales subies en Haïti et en République dominicaine, le vendredi 26 janvier 2018 dernier, dans un hôpital à New-York, j’ai été une nouvelle fois soumis au contact des bistouris, des pinces et des ciseaux des salles d’opération. Toujours pour un problème de chéloïde qui m’a beaucoup retardé dans l’accomplissement de certains projets.

Peu importe le nombre de visites, on ne s’habitue jamais aux espaces climatisés des salles d’opération chirurgicale. Encore moins aux bistouris, dont la simple évocation peut entraîner une véritable psychose chez beaucoup de patients. Après cinq expériences, je crois avoir assez vu et vécu pour en parler ainsi. Il y a toujours ce stress qui vient s’emparer de votre organisme, peu de temps avant les interventions.

Il est déjà dix heures du matin quand j’arrive au quatrième étage de ce centre hospitalier de Brooklyn. Difficile d’offrir d’autres occupations à ma pensée, déjà colonisée par les images désagréables des interventions chirurgicales antérieures. Du coup, mes nerfs deviennent incontrôlables. Et cela empire quand des membres du personnel de l’unité de soins commencent à s’approcher de moi pour les prises en charge préliminaires.

La tête plongée dans un livre, les yeux rivés sur l’écran d’un téléphone, je vois d’autres patients plus ou moins détendus dans le couloir. À chacun sa manière de réduire le stress préopératoire. Dans mon cas, durant les heures d’attente, j’épuise pratiquement la batterie de mon téléphone. Celui-ci me sert notamment de distraction. Entre la voix du conteur et l’humoriste haïtien Maurice Sixto et celle du chanteur engagé Manno Charlemagne, récemment décédé, j’ai cru pouvoir mieux préparer mon corps et mon esprit, visiblement ennuyés par cette nouvelle expérience.

Cependant, vers les seize heures, une fois entré dans le bloc opératoire,une grande anxiété me prend. Elle fait trembler mon corps, comme un patient atteint du Parkinson. Se rendant compte de mon inconfort émotionnel face à la situation, le médecin anesthésiste a quelques mots pour tenter vainement de me mettre à l’aise. Heureusement, il ne m’a pas fallu beaucoup de temps pour être endormi pour la suite du processus.

Vers les dix-huit heures, je sors de la salle d’opération. Avec une amabilité très remarquable, un brancardier me transporte vers une autre salle pour des soins postopératoires Toujours sous les effets analgésiques de l’anesthésie, je ne ressens aucune sensation réelle de douleur. Mais je me sens un peu bizarre dans mon corps, je suis pris d’une certaine fébrilité. Cela fait déjà presqu’une journée que j’ai été interdit de tout contact avec les aliments. Et d’ailleurs, je dois attendre encore avant de pouvoir goûter à quelque chose.

Entre-temps, allongé sur le lit, la tête légèrement soulevée, je peux placer et recevoir des appels, répondre aux messages de certains amis et proches, soucieux d’avoir de mes nouvelles après cette nouvelle chirurgie. Ils ont eu raison de se faire du souci, car j’ai perdu beaucoup de sang. C’est d’ailleurs pour cela qu’on m’a gardé à l’hôpital après l’intervention chirurgicale : le temps de m’offrir les attentions nécessaires à mon cas.

Opération chirurgicale © Osman
Opération chirurgicale © Osman

On s’approche des huit heures du soir, je commence à ressentir les premières douleurs. Au rythme des minutes qui s’écoulent dans le cadran de cette horloge en plastique placée à ma droite, l’intensité de la douleur ne cesse d’augmenter. Au point qu’elle devient insupportable. C’est alors qu’une jolie infirmière s’approche de moi, me disant dans un anglais que je comprends à peine (d’ailleurs, je ne parle vraiment pas l’anglais) que selon les indications du chirurgien, je dois attendre au moins deux heures avant d’avoir accès aux analgésiques. Comme un coup de tonnerre dans un ciel déjà menaçant, cette information ne fait qu’augmenter ma souffrance. J’ai l’impression d’être à l’agonie.

Je souffre. Et je souffre encore. Je me mets à compter les minutes. Elles sont d’une mauvaise lenteur dans ces circonstances. Finalement, il est dix heures. L’infirmière de service est de retour, cette fois-ci avec un air un peu fatigué. Elle a beaucoup de travail, car elle ne s’occupe pas seulement de moi. Elle m’a fait avaler un médicament dont la simple odeur a failli me faire évanouir. Les effets de soulagement ont mis du temps. Et je continue à gémir. Avant de me laisser, la soignante m’a promis de revenir à deux heures du matin pour une autre dose de médicament, soit quatre heures plus tard.

Permettez-moi de vous épargner de tous les détails concernant les douleurs qui s’en sont suivies au cours de la nuit. Car même en évoquant ces souvenirs, je suis pris de sensations fort désagréables. La nuit a été longue et lamentable. Mais le nouveau jour est quand même apparu, m’offrant une atmosphère de soulagement. Mon pied reste toujours immobile. Mais la douleur a perdu en intensité. Au point que j’ai dormi pendant quelques heures avant de rentrer chez moi, dans l’après-midi de ce samedi 27 janvier 2018.

Pour l’instant, alité depuis quelques jours, entre les rendez-vous à l’hôpital et la lecture de certains ouvrages intéressants, dont « Le parfum de Nour » de la romancière québécoise d’origine palestinienne Yara El-Ghadban, je récupère lentement, mais sûrement.

Osman Jérôme

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Commentaires

Germain
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Je suis attentif à inconfort psychologique
Attendons la moisson de la guérison
Soyons tout simplement des experts de la confiance
Disons nous que le bateau est désormais accosté
A ta guérison certaine mon frère.
Carlo, celui qui germera sur le même terrain du clan de l'amitié

Osman Jérôme
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Tu as toujours une manière propre à toi d'agencer les mots, ce qui donne toujours une envie de te lire. Merci beaucoup camarade.

FBIYAY
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Je n'es pas attendu la fin de la lecture de ton texte pour t'envoyer ce message et continuer ma lecture après. Car, tu as plus besoin de ce soutien moral avant tout. J'imagine ce que tu endures, depuis 5 opérations et ces aller-retour dans les salles de chirurgie.. De Haiti à la RépDom en passant par Les États-Unis.. c'est lourd et ce n'est pas évident.
Je prie pour ta guérison totale.
Bon courage cher ami, Osman.
Soit fort !

Osman Jérôme
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Merci beaucoup mon frère. Dieu y pourvoira.

Garens Jean-Louis
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Tenga ánimo, Hermano !

Osman Jérôme
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Muchas gracias mi hermano.

Blandine
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Ouf! A te lire aujourd'hui j'ose imaginer la triste et douloureuse que tu traversais. Mais c qui me rend heureuse c pcq tt s' est bien passé grâce à Dieu! Je suis convaincu que c ta dernière intervention chirurgicale! Saches que t'es un BATTANT Bco! Prompt rétablissement mon HEROS!

Osman Jérôme
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Merci beaucoup Blandine.

Andriamialy
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Portes-toi bien Osman!

Osman Jérôme
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Merci beaucoup, Andriamialy.