Haïti ou la complexité de la démocratie

7 septembre 2015

Haïti ou la complexité de la démocratie

Violences, fraudes […], le fiasco électoral du dimanche 9 août dernier, entraîne une nouvelle vague d’inquiétudes quant au devenir de la démocratie en Haïti. Surtout quand on pourra s’acheminer vers une crise postélectorale, à la suite de ce scrutin, qualifié par certains observateurs comme une tentative de coup d’état électoral contre les valeurs élémentaires de la démocratie.

Voilà bientôt 30 ans après la chute dictatoriale des Duvalier, Haïti trépigne encore sur une pente politique, que les plus nostalgiques de la civilisation appellent « transition démocratique ». Ce supposé processus politique, s’il ne faut pas en avoir honte de le dire, n’existe que dans les discours des vendeurs de rêves utopiques.

En effet, la démocratie comme système politique dans lequel on dit attribuer la souveraineté du pouvoir au peuple, n’est pas une manne du ciel, encore moins un don parmi les multiples dons de la communauté internationale. C’est plutôt la lutte d’une révolution politique, le réveil d’une conscience collective. Et c’est justement contre ce mur que se heurte le progrès de la démocratie en Haïti. Quand dans une société, on n’a pas peur de s’unir pour organiser des élections frauduleuses, détruire les acquis de l’État, la démocratie devient chimérique.

Du départ de Jean-Claude Duvalier à l’arrivée de Michel Martelly, le climat politique n’a pas toujours été favorable à un vrai épanouissement de la démocratie en Haïti. L’ancien chanteur et ses prédécesseurs se montrent rarement à la hauteur de participer à la vraie construction de l’édifice démocratique dans le pays. Au contraire. Abus de pouvoir, mauvaise gouvernance, instrumentalisation de la police […], l’hégémonie de leur petite personne passe trop souvent avant le bien-être collectif de la population. Ces dirigeants oublient que la démocratie n’est pas seulement l’absence de la dictature; mais aussi la justice sociale au bénéfice de tous, sans exception.

La politique haïtienne de ces vingt-cinq dernières années est presque sans aucun bilan (positif). Sinon, les mêmes violences électorales pour perdurer dans les mêmes crises.  Entre-temps, au nom de la très chère démocratie, le peuple est condamné à élire des dirigeants qui ne se soucient point de ses conditions de vie. N’est-ce pas bien un projet à long terme, la transition démocratique en Haïti ?

Osman Jérôme (Twitter @bco185) 

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Commentaires

Réginald CALIXTE
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Une question qui a toute son importance à l'heure le terme démocratie devient une rengaine. Bon travail Osman!