Haïti : entre l’enclume et la crise politique

19 septembre 2013

Haïti : entre l’enclume et la crise politique

Manif antigouvernementale. Crédit photo: omegaworldnews
Manif antigouvernementale. Crédit photo :  omegaworldnews.

Partant d’une simple observation de la conjoncture actuelle, on a droit d’exprimer des réserves quant à l’avenir politique d’Haïti. D’ailleurs, point n’est besoin d’être expert pour comprendre qu’on s’achemine vers une salle crise sociopolitique dans le pays. En tout cas, on n’est pas encore là. Et, on espère ne pas y arriver non plus. Ce serait de trop.

L’incertitude plane encore sur la réalisation des prochaines élections. Les manifs s’intensifient pour réclamer le départ du chef de l’État. La République « rose » devient  plus fragile de jour en jour.

Toujours les élections 

Depuis quelque temps, la question des élections retient les débats. Y en aura ou y en aura pas à la fin de l’année ? C’est le doute général. Pourtant, des incrédules y croient encore.

À rappeler que, selon la loi électorale de 2008, l’autre tiers du Sénat de la République devrait partir le deuxième lundi du mois de janvier 2014. N’y a-t-il pas urgence à organiser les scrutins afin d’éviter une possible caducité de l’Assemblée nationale ?

Imaginez-vous Haïti sans un Parlement pour contrôler les actions de l’exécutif ? La classe politique veut à tout prix éviter ce vide institutionnel. À ce sujet, l’opposition politique est claire : élections ou démission. La chose est complexe.

 Manifs antigouvernementales

Entre-temps, les manifs se multiplient à travers le pays. Les manifestants réclament le départ de l’équipe en place qui, selon eux, ne respecte pas ses promesses, donc a failli à sa mission. Ingérence, corruption, malversation, immoralité, sont des reproches faits au gouvernement de Martelly-Lamothe.

 Et l’avenir ?

Le pays se trouve désormais dans l’œil d’une crise sociopolitique tentaculaire. Les acteurs sont dépassés par le jeu. Les faiseurs de paix sont impuissants. La population est aux abois. La situation est critique.

Comme une prophétie qui doit absolument accomplir, tout le monde regarde faire. Même la communauté internationale. D’ailleurs, cette instance n’inspire guère confiance à la population. À trop impliquer dans les affaires du pays, l’international devient partie de la crise.

La crédibilité du pouvoir en place est en chute libre. Le Parlement est tiraillé. C’est une institution divisée au profit des intérêts individuels.

L’avenir du pays est hypothéqué. Les politiques s’en moquent. Pourtant, ils se disent tous patriotes, mais fous qui y croient.

La solution durable de la crise haïtienne ne sera que rêve, mirage, utopie, si les acteurs concernés ne comprennent toujours pas cette nécessité de rebattre leurs cartes, et penser tout d’abord pays.

En tout cas, certains observateurs restent encore optimistes. Il n’est pas trop tard que les décideurs politiques trouvent la meilleure formule, qui évitera au pays de sombrer dans cette nouvelle crise sociopolitique.

Maintenant, à vous, chers politiciens !

Osman Jérôme 

 

Partagez

Commentaires

Salma Amadore
Répondre

ce qui est déplorable Osman c'est le peuple qui paye pour des sièges que des individus souvent égoistes occupent. la politique est un jeu de paroles qui joue avec le mensonge, la manipulation et le sang du peuple. faut réfléchir et non se tuer

Osman Jérôme
Répondre

Et dans toutes mauvaises gouvernances, le "peuple" reste toujours le seul perdant.

cireass
Répondre

L'affaire d'élection dans les pays du sud-là n'est pas facile hein même si "la classe
politique veut à tout prix éviter
ce vide institutionnel" me fait croire que la classe politique haïtienne est un peu mature par rapport à la mienne.
En Guinée, le dernier scrutin législatif remonte au 30 juin 2002. Et nous sommes dans le vide institutionnel depuis 6 ans maintenant.
Il est temps que les politiciens pensent au peuple. Bonne chance !

Osman Jérôme
Répondre

C'est dommage qu'il soit ainsi. Le soleil finira par se lever, Thierno.

RitaFlower
Répondre

Le Role de la Communauté Internationale dans la Crise Haitienne est ambigue.Il est préférable qu'elle ne se mele pas de la Situation Politique.Je me souviens que pendant les Elections Présidentielles,elle avait déjà demandé un Recomptage des voix.Laissez le Peuple Haitien gérer seul le Pays avec les Politiques.Je valide les manifestations dans les rues pour se faire entendre.

Osman Jérôme
Répondre

Très bonne remarque, Rita. Malheureusement, entre la communauté internationale et les pays nécessiteux, c'est souvent le principe" Qui donne, ordonne".

Josiane Kouagheu
Répondre

Moi je dirai toujours comme Salma que le peuple paie toujours le prix fort. Je me rends compte que ce soit en Afrique ou en Amérique, l'innocent paie la maladresse, la malhonnêteté, l'avarisme... des politiques. J'ai si honte qu'un pays si rose autrefois, soit devenu ainsi...Mais Jérôme, beau billet tout de même. A force de dénoncer, nous aurons gain de cause un jour!

Osman Jérôme
Répondre

Tu sais ce qui est plus moche dans tout ça, Josiane; le peuple victime, comme dans le cas d'Haiti, souffre parfois de l’amnésie. On tombe souvent dans les mêmes pièges des politiciens.