Solidarité haïtienne
Alain Fournier a eu raison de dire que : « La solidarité, c’est d’être égoïste ensemble. » Et dans une certaine mesure, je dirais que cette citation colle bien aux Haïtiens. Car, la solidarité, vue comme interaction humaine, est présente dans le vivre ensemble du peuple haïtien.
L’Haïtien est un peuple solidaire, très solidaire. Et cette fraternité se manifeste dans sa quotidienneté. On dirait que l’Haïtien authentique serait né avec une belle paire de chromosomes de solidarité dans sa structure biologique.
L’union fait la force, c’est la devise de la République. Et cette cohésion sociale, les Haïtiens en ont souvent fait preuve, surtout dans les moments de déboires.
En effet, pour parler de la solidarité en Haïti, il faut remonter la fulgurante histoire du pays. Ce qu’on ne pourra pas faire dans un seul billet.
Mais, on peut tout de même rappeler que, pour gagner leur indépendance des mains des Colons, les Indigènes ont unifié, conjugué leurs forces pour se débarrasser du joug de l’esclavagiste. Cet esprit de corps a fait d’Haïti, la première République Noire indépendante du monde.
Dans certaines variantes de la vie quotidienne, l’Haïtien a souvent fait preuve d’un esprit de réciprocité sans égal. Par exemple, dans le département de l’Artibonite d’où je suis, il y a ce qu’on appelle le « konbit ». Cette activité consiste à réunir des planteurs d’un champ de riz par exemple, sur la plantation d’un d’entre eux pour faire le travail de ce dernier. Donc, c’est comme un prêt. Et comme ça, aucun planteur du clan ne payera un centime pour préparer son jardin. Il va compter sur la main d’œuvre des autres habitants du bourg, à qui il aura aussi prêté ses services. Quelle convivialité !
Je ne veux pas être trop long, m’éternisant dans tous les aspects de la solidarité du peuple haïtien, mais laissez-moi revenir sur deux cas qui ont particulièrement marqué mon attention durant cette année: le phénomène Kita Nago et le récent marathon au profit de la sélection nationale de football.
Kita Nago
Du 1er au 27 janvier 2013, du Sud-Ouest à Nord-Ouest, soit un trajet de 700 km, environ 4 millions d’Haïtiens (la population générale est environ 10 millions) ont marché dans les rues, transportant un tronc d’arbre de 500 kilos, traversant le pays d’un bout à l’autre.
Si l’on croit Harry Nicolas, le principal initiateur de ce mouvement, le but était de prouver une fois de plus que les Haïtiens peuvent toujours s’unir pour un objectif commun. Donc, la solidarité haïtienne est encore là. Et on l’a vue tout au long de cette caravane, s’étendant presque sur un mois.
Football-marathon
Récemment, la sélection nationale de football a participé à la dernière édition de la Gold Cup. Pour venir en aide (financièrement) aux Grenadiers, un marathon a été organisé. Et les Haïtiens ont encore fait preuve d’une grande solidarité. 48h seulement auraient été suffisantes pour ramasser plus de 11 millions de Gourdes pour la cause du onze national.
Mais malheureusement, les joueurs n’ont pas été à la hauteur pour satisfaire l’attente du public, qui espérait une meilleure présentation de son équipe. N’empêche que le soutien est toujours là.
Profitez de la solidarité
En effet, après la démonstration pour l’équipe nationale, certaines voix s’élèvent pour un marathon pour la reconstruction du palais national, toujours par terre depuis le cataclysme du 12 janvier 2010.
Car, de toute évidence, toutes les promesses faites par les amis d’Haïti pour la reconstruction de ce bâtiment historique, sont restées des paroles en l’air. L’atterrissage semble bloquer quelque part.
Comme Haïti aux Haïtiens ?
Il serait donc mieux que le peuple soit impliqué directement dans la reconstruction de son palais national qui, aujourd’hui n’existe que de nom, ont suggéré certains observateurs.
D’ailleurs, si la solidarité est là, pourquoi ne pas en profiter ?
Bien à vous, chers décideurs.
Osman Jérôme
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