Haïti, à la mode du blanchiment de la peau
Il se germe depuis quelque temps dans la mentalité de certains Haïtiens, un sentiment d’infériorité. On dirait que, l’Haïtien de ma génération ne se sente plus à l’aise dans sa peau de Nègre ou de Négresse. Il faut apporter une petite touche à son épiderme. C’est le pouvoir social de la beauté. L’attractivité physique est très primordiale.
Blanchiment de la peau; voilà un phénomène qui n’est pas nouveau en Haïti. Et malgré le nombre des victimes, le taux des pratiquants et adeptes n’a du tout cessé d’élever.
Pour une raison ou une autre, depuis quelque temps, la fille haïtienne se forge une raison pour se blanchir la peau. Elégance, attirance, toutes les raisons semblent bonnes pour s’embarquer dans cette aventure de dépigmentation, aux conséquences sanitaires très délétères.
Les produits éclaircissants occupent désormais une place visible sur les étagères des boutiques, spécialisées dans la vente des produits cosmétiques. Ces produits de décoloration viennent sous toutes formes : savon, tube de crème entre autres. Lemovate, Prima, Idole, et le fameux 7 miracles, sont les produits de dépigmentation les plus connus sur le marché local.
Avoir un teint clair à l’image de certaines actrices des feuilletons télévisés ou des stars hollywoodiennes serait un acquis de séduction ? Il faut être blanc pour être vu. Par conséquent, on doit se dépigmenter pour se mettre à la formule « Open the Body ».
Les pratiquants peuvent être facilement remarqués. Souvent, la coloration du visage ne correspond pas au reste du corps, notamment le cou, les coudes et les genoux, étant des endroits difficiles à céder sous la pression des produits.
Entre-temps, si la gent féminine est la plus touchée par ce phénomène, il faut tout de même rappeler que, le virus de la dépigmentation n’épargne pas beaucoup de jeunes garçons, qui, eux aussi, veulent se mettre à la mode du blanchiment de la peau.
Conséquences néfastes
Dans certains cas, les résultats souhaités tardent à venir. Par conséquent, il faut passer à l’action. Parfois, ne sachant même pas, de quoi sont composés les produits, les pratiquants s’adonnent à des mixtures, dont eux seuls maîtrisent la recette, et victimes par ailleurs des résultats désagréables.
Dans la foulée, plusieurs sont déjà conduits à des centres hospitaliers pour des brûlures, picotements et autres effets néfastes de l’utilisation démesurée de ces produits, à forte dose de cortisone, l’hydroquinone. Ces substances qui se trouvent très souvent à la base de ces produits sont cancérigènes et dégradent la peau.
L’utilisation à outrance des produits de dépigmentation peuvent provoquer des cicatrices, des vergetures, acné résistante, mycoses, eczéma, des pathologies graves. Plus loin, on parle aussi d’une perturbation de l’odeur corporelle. Et dans certains cas où la peau devient tellement fragile, que cela complique certaines interventions chirurgicales.
Malheureusement, il est rare que les usagers se rendent compte de la nocivité d’une telle pratique. Quelle crise d’identité, dirait un théoricien de la personnalité.
Boby store, grimèl chode, tèt Clinton-mouda Préval,dokouman, sont, entre autres certaines expressions, nées de la pratique du blanchiment de la peau en Haïti.
Quelle lecture faites-vous du développement de ce phénomène dans le monde ? Votre pays est-il déjà touché par cette pratique ?
Osman Jérôme
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