La route tue et blesse, les chauffeurs aussi
À deux reprises, sur ce même espace, j’ai évoqué la problématique des transports en commun en Haïti. D’ailleurs, ce n’est pas sans raison que, l‘insécurité routière est l’une des premières causes de mortalité en Haïti. Le mauvais état des routes, l’irrégularité des feux tricolores (feux d’embouteillage), et bien sûr l’incompétence de certains conducteurs. Souvent, la vie des passagers se livre entre la main de la Providence.
Saint-Marc, vendredi 3 mai 2013, 8h du matin. Route nationale # 1, j’ai embarqué à bord d’un minibus HIACE en direction de Port-au-Prince. Inhabituellement, ils furent deux autobus à laisser la station à la même heure.
Au cours de la route, les deux appareils gardent un contact intime. Ils roulent à la même vitesse. Au début, ça avait l’air de rien. Mais le décor de la scène n’a pas pris du temps pour être changé.
En effet, d’une simple accélération, les deux chauffeurs se lancèrent dans une course à vive allure. Ce qui a mis en péril la vie des passagers montés à bord des deux véhicules. Malgré des conseils lancés par certains, notre jeune chauffeur a fait la sourde oreille. S’il ne souffre pas de la surdité ? La compétition a bien duré quelques bonnes kilomètres.
Vous savez ? Les deux chauffeurs voulaient arriver en premier à la gare à Port-au-Prince. Pourquoi ? Avoir la chance d’effectuer un autre voyage de retour à Saint-Marc. Economie oblige ! Mais où est le syndicat de chauffeurs qui gère cette affaire ?
Accident manqué
Arrivés à Cabaret, soit à quelques minutes de la capitale, on a failli payer chèrement le prix de l’incompétence de notre conducteur. Tentant de devancer l’autre véhicule, il a manqué rentrer dans une mortelle collision avec un container rempli de marchandises, revenant de Port-au-Prince (direction opposée).
Dans un battement de cœur, et comme une seule voix, toute l’enceinte de l’appareil transportant se transforma en un lieu de prière. Tout le monde crie : anmwye, Jezi sove nou (Jésus sauve nous) !
Entre temps, je ne sais par quel manœuvre, le conducteur arriva quand même à réduire la vitesse de l’engin. D’ailleurs, sinon, ce serait tragique. Cependant, le côté gauche de l’autobus a été quand même frisé par le poids lourd. Heureusement, il n’y a pas eu ni blessé, ni mort. Dieu merci.
Pour économiser quelques Gourdes (la monnaie locale), parfois, certains chauffeurs du transport en commun se défont tout bonnement de la raison. On peut bien se demander, si les hémisphères cérébraux de ces gens ne sont pas endommagés ? Ils ne se soucient point de la vie des passagers. Ils conduisent n’importe comment. Voire que la police routière peine encore à être effective en Haïti.
En 2013, sans mettre de la pression aux autorités, mais je crois, qu’il est de toute urgence d’équiper nos grands tronçons de cameras de vigilance ou de postes de surveillance. Ce qui aiderait bien à contrôler ce que font les chauffeurs. Sinon, la route continue encore à faire des victimes.
Jérôme Osman
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