Eaux en sachets, Ô inquiétude !
La question de l’eau potable en Haïti, est un sujet très sensible et complexe à la fois. A Port-au-Prince comme en provinces, la population ne peut pas se payer le luxe de compter sur l’Etat pour s’approvisionner en eau traitée. D’ailleurs, on peut même se demander, s’il existe une institution de l’Etat, chargée de régulariser la question de la distribution et de la vente de l’eau potable dans le pays ?
Tout le monde se débrouille à sa façon. On boit comme on peut. Donc, quand on ne boit pas ce qu’on doit, on boit ce qu’on a. Et ce, peu importe les risques sanitaires.
Dlo se la vi (l’eau c’est la vie). Ce refrain est très populaire en Haïti. C’est entre autres, une forme de pub, qui sert de mobilisation, invitant les gens à ne pas faire gaspillage de l’eau qui coule dans leurs robinets, et surtout à faire attention aux eaux qu’ils consomment. Car, si l’eau, dans un contexte général se réfère à la vie, dans un autre sens plus restreint, l’eau que l’on consomme peut se coûter aussi la vie. Surtout quand elle n’est pas bien traitée.
Invasion des eaux en sachets
Cela fait quelque temps déjà, on assiste à l’arrivée incessante d’une pléiade de petits sachets d’eau sur le marché commercial local. Des gens, pour la plupart des ados, se promènent sous le soleil des quatre (4) coins du pays avec un sac sur tête ou porté de la main, criant sans cesse dlo pyas, dlo glase. Et parfois, dans un cillement de paupières, le produit est écoulé. A regarder l’ampleur grandissante de cette activité commerciale, on dirait que, la rentrée économique n’est pas si mauvaise pour les producteurs et les marchands.
Certains sont des produits locaux, d’autres sont importés. Ils portent toutes sortes de noms. Et peu importe la marque de fabrique, toutes ces eaux sont scellées « traitées et purifiées par osmose inverse ». Comme pour certifier qu’elles sont potables ?
Entre-temps, certains membres de la population ont été déjà hospitalisés après avoir seulement consommé quelques gouttes de ces eaux. Mais en réalité, qu’il y a-t-il de véracité dans la qualité de ces produits? A quel contrôle, que ces eaux ont été soumises avant d’être distribuées sur le marché ?, se questionnent certains observateurs. «La distribution incontrôlée de ces eaux représente un menace pour la santé de la population», a lamenté une dame dans un autobus de transport en commun aux Gonaïves.
Distribués à des prix rabattus (soit à 1 GHT, 2 GTH), certains de ces petits sachets d’eau (s’ils sont utiles, font beaucoup de mal que de bien aux consommateurs).
Maintenant à qui la faute ? Aux responsables qui ne font presque rien pour résoudre la problématique de l’eau traitée en Haïti, ou à la population qui se livre à elle-même ? En tout cas, en attendant que les responsables prennent leurs responsabilités pour régler le secteur de l’eau potable en Haïti, la population est invitée à se méfier de l’eau qu’elle consomme, surtout ces eaux en sachets.
A bon buveur, salut !
Jérôme Osman
Commentaires