Médicaments en pleine rue : pour la maladie ou la santé

12 mars 2013

Médicaments en pleine rue : pour la maladie ou la santé

Vente de médicaments illicites en Haïti © lavimiyo
Vente de médicaments illicites en Haïti © lavimiyo

Les inquiétudes se suivent et se ressemblent presque toutes. On dirait que, c’est dans notre nature de perdurer dans le malheur. Quelques mois de cela, sur ce même espace, on a soulevé la question de la vente de la nourriture en pleine rue ; un mal. Mais une nécessite aussi. Un mal, puisque dans la plupart des cas, les normes hygiéniques font tout bonnement défaut. Une nécessité, parce que cette activité est une réponse à une demande. Très forte d’ailleurs. On a aussi réfléchi sur l’achat et la vente des devises sur les trottoirs. Une activité très dangereuse, pour diverses raisons ; l’insécurité notamment.

La débrouillardise

Aujourd’hui, nous poursuivons notre serié de réflexions cette fois-ci sur la vente des médicaments en pleine rue. Un phénomène de jour en jour plus fréquent sur presque dans toutes les villes en Haïti.

«Degaje pa peche» (se débrouiller n’est pas un péché). Ce refrain est très  populaire en Haïti. Convaincus que se débrouiller n’est pas un péché, l’Haïtien se crée toujours quelque chose à des fins économiques. Dans ce  phénomène de débrouillardise, on ne peut ne pas s’étonner aussi devant la monstruosité, la méchanceté, l’ignorance, traduisant l’idée de certains Haïtiens, qui se versent dans n’importe quoi, pour des rentrées économiques. Cependant, sans penser à la vie des autres ou aux conséquences néfastes de ces activités, jugées parfois très illicites.

La peur d’être malade

En effet, la maladie comme étape naturelle de la vie, n’est pas toujours acceptée entant que telle par l’homme. Comprise entre la vie et la mort selon la gravité de la situation, elle serait une ennemie proche de l’homme. Raison pour laquelle que, certains se battent toujours à avoir une santé robuste, loin des anomalies, des symptômes, des douleurs qui rendraient malades.

Donc, pour ainsi dire, quand un petit malaise se présente, la première chose est où serait de consulter un médecin. Malheureusement, c’est une pratique bien moins fréquente en Haïti. Car, on n’est pas tous à avoir le privilège de consulter un médecin privé. De plus, les dispensaires publics ? C’est un manque  flagrant.

A moindre symptôme, de malaise, de douleur ou de fièvre, certains Haïtiens pensent très souvent à un thé de « asosi » ou de n’importe quelles autres plantes naturelles, suivant le problème en question. L’autre alternative est de recourir à x ou y médicament, que l’on dit ou que l’on croit être bon pour tel ou tel problème. Ou le plus souvent, on a vu dans telle pub que tel sirop est bon pour la grippe, et on s’en achète ipso facto sans aucun avis médical. Ignorance complète. Danger imminent.

 Manque de pouvoir d’achat 

Certains médicaments et produits pharmaceutiques sont très coûteux sur le marché commercial, particulièrement dans les pharmacies. Raison pour laquelle, les petites bourses se tournent toujours vers des petits bacs, arrangés sous le soleil, dans lesquels sont exposés tous types de médicaments. Un marchand de comprimés par-ci, un autre vendeur de sirop par-là, et la ville est décorée par ces petites tables en étagères où sont joliment arrangés des médicaments de toutes sortes : anti-inflammatoire, antidouleur, antigrippale, sirop, gel, crème. Presque rien ne manque pour faire de ces tables une véritable pharmacie en plein air. Peut-être, faites-vous les mêmes idées que moi, quant à la dangerosité de cette activité ?

La santé de la population, semble n’est pas toujours une priorité pour les autorités concernées. Avoir des centres de santé répondant aux besoins des gens, est encore des projets à l’oral. Le peuple se livre à lui-même pour sa santé. Par conséquent, quand on ne se sent pas bien, on fait comme on peut. Certains n’hésitent pas à recourir à ces marchands de médicaments, pour se faire soulager, achetant un comprimé ou un médicament, très souvent conseillé par le vendeur lui-même. Bien souvent ces machann grenn ne savent ni lire ni écrire. De surcroit, il faut s’attendre à des tristes cas, où ni vendeur, ni consommateur ne sait rien quant à la date d’expiration du produit. C’est de l’hébétude à la perfection.

D’autre part, sur les trottoirs où ils sont installés, ces «doktè grenn» (docteurs de comprimés), comme on les appelle ironiquement, reçoivent parfois des patients avec des prescriptions médicales. Dans une telle situation qui dépasse la stupidité, le cas du malade risque de s’aggraver, car même le marchand ignore le contenu médical de ses produits, voire la posologie des médicaments. Et à ce sujet, le président de l’Association des Pharmaciens Haïtiens (APH) est clair : « Les marchands de médicaments ambulants dans les rues représentent une véritable menace pour la santé de la population. Ils sont des tueurs silencieux. Quand leurs médicaments ne sont pas contrefaits, ils sont avariés et quand ils ne sont ni contrefaits ni avariés, ils sont stockés dans de mauvaises conditions», a déploré M. Dénex Frédéric.

Entre-temps, ces marchands fonctionnent en toute quiétude au vu et au su des autorités sanitaires. Ces dirigeants, qui ne font presque rien pour faire disparaitre cette pratique, ayant déjà causé des préjudices à la santé de plusieurs membres de la population.

Osman Jérôme

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Commentaires

Erick aluc
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congrat bro, ou pete tenpan yon yon fwa anko

Osman Jérôme
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Mèsi anpil patizan, ou konnen nap fè efò.

KABA Madigbè
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Très bon billet Osman. C'est un sujet très important, malheureusement on met la santé au cadet des soucis dans nos pays. Mais surtout, je voulais me laisser avec le cours indirect du créole que tu donnes là.

Osman Jérôme
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Merci Kaba pour la cette visite de courtoisie. T'inquiètes pas pour le cous de créole, on s'arrangera.

arouna kone
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Joli récit au constat vide car pour moi si on devrait les interdire on devrait aussi subventionner largement les médicaments qui sont excessivement chers.Par ailleurs quand vous parlez des conditions de stockages ou de conservation je réponds que ce n'est pas non sûr pour les pharmacies agrées et je parle en connaissance de cause.Personnellement j'ai appris et vérifié que beaucoup de nos cscom(centre de santé communautaire) s'approvisionnait auprès de ces pharmacies par terre.
Pharmacie en pleine rue c'est plutôt pour la santé de la grande masse abandonnée par les autorités publiques ,les industries pharmaceutiques,les importateurs de médications et les propriétaires de pharmacie.La cherté des médicaments dans les pharmacies constitue plutôt un dangeux de santé publique que la vente des médicaments périmés ou contrefaits car au moins on peut s'en procurer.

RitaFlower
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Faire baisser les prix des médicaments en pharmacie peut aussi permettre à une frange de la population de se soigner à moindre cout.Lorsque le système de santé n'est pas réglementé,c'est souvent l'anarchie totale.Chacun fait ce qu'il veut au détriment des malades eux-memes.On tue à petit feu des innocents qui veulent guérir.

cireass
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Super billet Osman. Je l'impression que tu décris la situation de Conakry

nathyk
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Pareil, c'est comme si tu parlais de Douala. C'est grave cette situation ! Malheureusement, les gouvernements donnent souvent la priorité à d'autres secteurs. Mais au moins, les gens doivent être au courant à quoi ils s'exposent, ils doivent être informés...