Haïti en mode BBM
« Le monde est la communication« . Presque tout le monde connait par cœur ce bout de phrase, lourd de sens et de signification. En effet, on vit une époque où tout est pratiquement tourné sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication. D’ailleurs, les outils n’en manquent point : internet, réseaux sociaux, téléphones portables, tout pour le rapprochement des gens. Peu importe leurs origines, leur culture, leur race, leur classe et leur couleur.
Il fût un temps, communiquer via téléphone portable en Haïti était un luxe, réservé à une certaine classe. Cela coûtait tellement. Mais avec l’évolution du temps et la concurrence du marché des téléphonies mobiles dans le pays, aujourd’hui quelqu’un peut se permettre le droit de posséder plusieurs téléphones portables, et tous de grandes marques. Voire que l’haïtien cultive un certain goût du beau. Raison pour laquelle, peut-être que, tout ce qui est à bon marché, parait parfois comme peu de valeur aux yeux de mes frères et sœurs. En tout cas, fermons rapidement cette petite parenthèse esthéticienne pour rentrer dans notre sujet principal.
Depuis quelque temps, BlackBerry Messenger, BBM pour les plus branchés, est rentré comme par enchantement dans la longue liste des outils de communication technologique, par laquelle les gens se communiquent, le monde se connecte, et devient ce petit village que nous habitons, tous.
Qui ne rêve pas d’un BB ?
Actuellement en Haïti, minime soit le taux des gens, qui ne caresse pas l’idée de se procurer de son fameux BBM pour mieux communiquer, mais également pour se mettre à la mode, en répondant à une exigence sociale. Car aujourd’hui, celui qui n’a pas son PIN activé chez un fournisseur de la place, est technologiquement vu comme un démodé.
Il est de jour en jour plus courant, que les gens ne s’intéressent plus à votre numéro de téléphone, sinon qu’au code de votre PIN-BBM. « C’est quoi, ton PIN déjà ?», c’est le nouveau refrain technologique, avec lequel dont on commence à se familiariser quotidiennement.
A l’instar de Facebook, Twitter ou autres réseaux sociaux sur internet bien connus, le BlackBerry Messenger crée une petite société dans la société. Avec son PIN, on est connecté à une catégorie bien déterminée, on est à la mode, on est branché, quoi.
Conséquences
Incontestablement, les responsables de Research In Motion (RIM), le constructeur canadien du BlackBerry a apporté quelque chose de neuf dans la vie des individus, spécialement dans leurs façons de communiquer. En plus de placer et de recevoir des appels, le BB offre toute une gamme de services extraordinaires, captant l’attention de la clientèle. Ce qui fait probablement sa popularité à travers le monde, même s’il faut tout de même reconnaître aujourd’hui, par rapport à ce qu’offrent ses grands concurrents sur le marché mondial, la bête commence à perdre sérieusement du poil sur sa peau. Bref, passons.
Avec son BlackBerry, on est connecté, on est vu. Cependant, comme la dualité exige que le bien et le mal marchent de paire, ce nouvel outil de communication, qui est en passe de se transformer en un véritable phénomène de société, a sans doute certaines répercussions négatives sur la vie des gens qui, parfois se laissent démesurément transporter par la joie de communiquer en tous temps et en tous lieux : combien d’accidents de circulation ont déjà eu lieu, combien de services religieux, sont déjà perturbés, combien de réunions d’affaires importantes, sont déjà gâchées par l’utilisation à outrance du BBM ? Combien de couples déjà brisés, à cause que le pauvre mec ne peut offrir un BB à sa copine ? Combien de nos jeunes filles, ayant déjà gratuitement livré leur entre-cuisses à un quelconque en échange d’un BB ?
Il y a deux mois de ça, un ami m’a confié, qu’il a raté les examens d’une session d’université pour se payer un BBM. Alors, imaginez-vous, combien de sessions de classe, déjà sacrifiées dans cette même logique d’évolution.
Entre le besoin de communiquer luxueusement et celui de s’intégrer au club « Le m’as-tu vu”, le BlackBerry devient une nécessité sociale pour certaines gens. BBM au volant, au travail, dans les salles de classe, sur les autels des églises, le virus contagieux, transmettant la fièvre de ce moyen de communication n’épargne ni l’âge, ni sexe, ni classe, tout le monde est contaminé. Tout le monde désire en avoir un, parfois par quelque soit le moyen. Et, voilà pourquoi, celui qui s’affiche publiquement avec son BB dans certaines zones de la capitale haïtienne risque de se faire attaquer par des bandits. Les habitués du Champ-de-Mars en témoigneraient mieux que moi.
Comme diraient les musiciens de Fresh-up, à travers cette chanson vidéoclipée, que je vous invite à apprécier ci-dessous, le BlackBerry Messenger est un « Bout Bagay Malè ». Avoir son BB pour toujours rester connecter avec ses proches, ses amis, c’est plus que bien, mais son utilisation devrait au moins une priorité du propriétaire.
Terminons ce billet avec ce BBM, cette chanson vidéoclipée de Fresh-up:
Osman Jérôme
Commentaires