Deux ans après, Port-au-Prince pleure et plaît encore

12 janvier 2012

Deux ans après, Port-au-Prince pleure et plaît encore

Un marché sous les débris du 12 janvier 2012 (Haïti) © Osman J.
Un marché sous les débris du 12 janvier 2012 (Haïti) © Osman
Port-au-Prince, 12 janvier 2010, la terre a tremblé. La ville s’est effondrée. Elle tremble. Elle tremble encore et la capitale est sous les décombres. Des gens sur des bétons. Des bétons sur des gens. Personne ne bouge. La danse est macabre.

Du 12 janvier 2010 au 12 janvier 2012, nombreuses sont les personnalités politiques, les icônes du show-biz mondial ayant foulé les artères de la capitale haïtienne. Ils sont venus en signe d’appui et de solidarité au peuple haïtien. Un pays endeuillé par cette catastrophe naturelle qui laisse des sans abris, des sans habits. Qui entraîne des pleurs et des peurs.

https://twitter.com/mondoblog/status/1216359172398309376

De l’Orient à l’Occident, les caméras du monde ont été braquées sur Haïti. Des centaines, des milliers de morts, Port-au-Prince occupait les colonnes des grands journaux internationaux. Ce 12 janvier a tristement fait d’Haïti un « hit country ».

Des cinq (5) continents, des aides n’ont pas tardé à venir. Des ONG poussent comme des champignons. Cependant,  aujourd’hui, vu l’état actuel de la situation qui va de mal en pire après la tragédie, certains chuchotent qu’il y a « des aides qui n’aident pas ».

Commission de construction par-ci, commission de reconstruction par-là. Malgré certains efforts observés, le gros du travail pour refaire le visage de la ville tarde encore à être effectif. Nouveau gouvernement, nouvelles perspectives, certains recoins de la ville sont toujours décorés par les décombres. Laides. Hideuses. Les tentes qui abritent certains rescapés du désastre du 12 janvier 2010 se retrouvent presque partout dans la capitale. Les restes du bâtiment qui logeait notre beau palais national sont encore par terre.

Cependant, au milieu de cette situation apathique, qui ronge la capitale, Port-au-Prince plait encore. Durant la période de Noël écoulée, la capitale a été la destination préférée d’une kyrielle de stars aux prénoms sensationnels; Elephant Man, Fat Joe, Corneille, De Marco, Ne-yo, Kim Kardashian, Alpha Blondy, Oprah Winfrey, Sean Penn, Patrica Arquette… sont entre autres certaines de ces figures artistiques du show-biz mondial ayant pilé le sol de l’aéroport international Toussaint Louverture au cours des fêtes de fin d’année.

Venus pour des raisons distinctes, certains de ces artistes ont intelligemment profité de hospitalité haïtienne pour redonner vie à leur statut de star en déséquilibre. Ils ont joué dans nos clubs. Sillonné nos rues. Joui de notre soleil tropical. Photographié nos images. Et après ? Que bénéficie Port-au-Prince de ces visites en série ? Opinent certains. De l’aide, de la pub ? « A quelque chose, le malheur est bon ». Peut-être.

Deux (2) après le séisme dévastateur, Port-au-Prince peine amèrement à esquisser son sourire. La ville est toujours sous les poids des décombres. Il manque toujours de médicaments pour cicatriser les grosses plaies léguées par les secousses mortelles du tremblement de terre.

Mais malgré ces vives lésions qui font encore peur à certains, Port-au-Prince plait une fois de plus à d’autres. Des artistes qui y viennent pour performer. Des entrepreneurs qui y sont pour investir, etc.

Témoin de près ou de loin de cette macabre scène aux images horribles, aujourd’hui encore l’Haïtien porte les séquelles du drame apocalyptique du 12 janvier 2010 dans son parler, dans son penser, dans son fonctionner…Certains survivants restent toujours traumatisés. Ils sont sensibles à tout bruit. L’effet tragique du « goudougoudou » est encore visible.

 Osman Jérôme

Partagez

Commentaires